(extrait d'une brochure "Locmariaquer", éditée par l'Association des Amis de la Chapelle Saint-Michel)

Vénètes

 

 

Vénètes, nom de deux peuples indo-européens de l'Antiquité. Les Vénètes de l'Armorique étaient une tribu de marins celtes, qui habitaient la Bretagne...

Le destin du monde libre à la merci d'une saute de vent

Mais en -56, un aventurier romain, Jules César part à la conquête de la Gaule. Devant la félonie de cet homme, les Vénètes prennent la tête d'une confédération armoricaine qui mène une dure guerre de guérilla contre les légions romaines, dont les effectifs se réduisent rapidement. Les forteresses celtes, construites sur des promontoires, recevaient le ravitaillement par le biais des Vénètes, maîtres des océans. C'est alors qu'arriva une flotte de galères attendues depuis longtemps par César.

Exemple de trirème romaine du 1er siècle avant notre ère:

La flotte armoricaine s'était embusquée dans l'embouchure de la rivière d'Auray. Lorsque ses 250 navires de haute mer gagnèrent le large et formèrent leur ligne de bataille, les Romains cédèrent à la panique et s'enfuirent. Dans quelques instants, l'Europe allait être sauvée du joug qui l'attendait...

Soudain, le vent tomba. Les navires celtes s'immobilisèrent tandis que les galères, à force de rames, les prirent d'assaut les uns après les autres. C'était la fin de la résistance armoricaine. César massacra les parlements, ravagea le pays, vendit les femmes et les enfants comme esclaves, coupa le poignet droit de tous ceux qui ne pouvaient être utilisés comme esclaves. Pour échapper aux atrocités, de nombreux armoricains traversèrent la manche et se réfugièrent chez les Bretons. Les Vénètes fondèrent le royaume de Gwynedd au pays de Galles. Mais, jusqu'à la fin de l'empire romain, régulièrement des révoltes éclataient.

Les cités gauloises étaient classées en trois catégories. Celle qui s'étaient ralliées tout de suite étaient bien traitées; celles qui l'avaient fait dans un délai raisonnable l'étaient encore; celles qui s'étaient acharnés dans la résistance, étaient brimées et appelées "colonies stipendaires". Toute l'Armorique était colonie stipendaire... Elle se couvrit de garnisons romaines, reliées par des voies romaines, servant surtout à des fins militaires et stratégiques.

Par la suite l'Armorique se convertit au christianisme.

LA BRETAGNE D’AVANT LES BRETONS

Si l’on pense bien souvent en Bretagne (vu que notre histoire n’est pas encore enseignée dans nos écoles !) que nous avons toujours habité notre pays il faudra se rendre à l’évidence que ce n’est pas le cas. Nous sommes venus de Grande-Bretagne, fuyant en particulier les Anglos-Saxons. Par une émigration (du 5ème au 8ème siècle après J.C.), nous nous sommes établis sur une terre qui s’appelait alors l’Armorique.

L’Armorique
Qu’était-ce ce pays ? Qui en étaient ses habitants ? C’est par des documents en langue latine du temps des Romains que nous avons quelques renseignements d’ordre administratif, 5 peuples étaient alors répartis sur un territoire qui correspond à peu de chose près à notre Bretagne actuelle (incluant le pays nantais évidemment).

Les Osismiens à l’ouest (actuellement le Finistère et le Trégor), les Coriosolites, les Riedones, les Vénètes au sud et enfin les Namnètes (pays de Nantes). Malheureusement les quelques documents connus ne nous donnent guère de renseignements sur l’origine de ces peuples, ou leur nombre etc. Nous savons par “Les Commentaires de la Guerre des Gaules de Jules César que le plus puissant peuple de l’Armorique était les Vénètes (qui occupaient l’actuel Morbihan), ils possédaient une puissante flotte de haute mer qui commerçait intensément avec la (Grande) Bretagne et les pays autour du golfe de Gascogne.

L’étain, l’or, le fer étaient transportés de l’île de Bretagne vers la Gaule et d’autres pays. Lancé à la conquête de la Gaule, Jules César au printemps de l’année 56 avant J.C. attaqua la flotte vénète avec des bateaux à fond plat qu’il avait fait construire à la hâte. Le combat semblait inégal entre les puissantes nefs vénètes aux voiles de cuir et les embarcations romaines mues par rames, mais par un malheureux hasard le vent tomba brusquement, immobilisant la flotte vénète, c’est alors que les bateaux romains s’approchèrent et les marins coupèrent toutes les drisses puis montèrent à bord pour combattre au corps à corps. La puissance vénète était brisée

L'occupation par les légions romaines s’ensuivit, des milliers de prisonniers furent vendus sur les marchés aux esclaves. La lourde administration romaine s’abattit sur toute l’Armorique, cependant, le pays conserva ses divisions originales et s’administra lui-même en ce qui concerna la vie quotidienne par des hommes du cru triés sur le volet par l’administration romaine de la Gaule lyonnaise.

Nous savons peu de choses sur l’origine ethnique de base de ces 5 peuples. Avaient-ils participé mille ou deux mille ans plus tôt à la construction de centaines de mégalithes que l’on trouve en Bretagne ? Nous ignorons tous les détails du va et vient des migrations dans la péninsule de cette époque lointaine...

Roger Moride

La Gaule ou les Gaules ? Il ne s’agit pas d’un État au sens moderne du terme, ni même d’un pays à part entière. Les tribus gauloises se regroupent en peuples plus ou moins puissants, plus ou moins homogènes, qui s’allient ou s’affrontent au gré de leurs intérêts respectifs.

 

Le midi de la Gaule

Le Sud est constitué de deux régions bien particulières par rapport au reste de la Gaule. La Narbonnaise est Province romaine. Les tribus gauloises les plus puissantes y sont les Volques, à l’ouest du Rhône, et les Allobroges, entre Rhône et Isère. L’Aquitaine, elle, est peu celtisée, hormis quelques enclaves dans les régions de Bordeaux et d’Agen.
Étant donné la situation géographique, les influences celtiques et méditerranéennes (grecque, ibère, romaine) s’exercent sur les populations locales. Les maisons sont en pierres sèches ou liées avec de l’argile, recouvertes parfois d’un enduit. Les sanctuaires celto-ligures, construits en pierre, sont ornés de riches peintures ; selon un rite particulier au Midi, des crânes humains sont cloués ou enchâssés dans des portiques. Marseille et Narbonne commercent avec les pays méditerranéens mais aussi avec la Bretagne d’où les marchands rapportent l’étain, après un long cheminement à travers la Gaule.

La Gaule du Nord

Elle est peuplée de Celtes dits Belges. Les Nerviens interdisent absolument l’importation du vin et de tout autre produit de luxe, « source de mollesse ». Ils méprisent la cavalerie et préfèrent combattre à pied. Les Bellovaques sont les clients des Éduens. Les Ambiens s’étendent sur les deux rives de la Somme. Les Atrébates d’Arras et les habitants d’Amiens sont réputés pour la fabrication de leur cucullus, le manteau gaulois à capuche. Au Nord-Est, les Trévires, cavaliers particulièrement réputés pour leur bravoure et assez proches des Germains, et, en Champagne, les Rèmes, alliés des Romains, jouent un rôle de carrefour important en raison de leur situation géographique. Signalons que ces deux peuples récoltent des céréales à l’aide de la première moissonneuse, le vallus. Lutèce, la capitale des Parisii, peuple de mariniers, est le principal carrefour du nord de la Gaule. Cette petite cité, installée sur une île de la Seine, jouit d’une prospérité exceptionnelle. Située entre les confluents Marne/Seine et Oise/Seine, elle contrôle la route de l’étain britannique et s’enrichit des péages qu’elle lève.

À l’Ouest

L’Armorique (la Bretagne actuelle) entretient des contacts privilégiés avec l’île de Bretagne (Grande-Bretagne). Parallèlement, son réseau d’échanges se développe avec le Sud. Le massif armoricain est très riche en minerai de fer. L’extraction du sel marin conduit à l’installation de nombreux habitants le long du littoral. Les Vénètes (autour de Vannes) et les Osismes sont les tribus principales. Les Vénètes, aux navires de chêne et aux voiles de cuir, occupent tous les ports et lèvent des péages sur ceux qui naviguent dans leurs eaux. « Les Vénètes possèdent le plus grand nombre de navires, surpassent tous les autres peuples par leur science et leur expérience de la navigation » (Jules César). Ils passent aussi pour de grands éleveurs de chevaux. Nantes abrite les Namnètes, la Normandie les Aulerques.

La Gaule chevelue

Elle abrite les Gaulois proprement dits. Cette étrange dénomination lui vient de l’étendue de ses forêts où poussent le hêtre, le chêne, le pin et le sapin. Les Gaulois nourrissent leurs porcs de glands et savent extraire la résine des conifères.
Au IIe siècle, les Arvernes (dans l’Auvergne actuelle) qui étendent leur domination sur une grande partie du pays sont « les maîtres de la Gaule ». En 121, Bituitos, leur roi, tente de s’opposer, sans succès, à la conquête du Midi. Leur empire est alors démantelé mais ils restent encore très puissants. Jules César met longtemps avant d’oser les attaquer. En 52, les Arvernes décident de rompre l’encerclement que le Romain a organisé autour de leur territoire, d’entraîner leurs alliés et de profiter de l’agitation pour organiser un soulèvement général. Ils confient la direction des opérations à un jeune noble, Vercingétorix, qui tente de rallier toutes les tribus.
En Bourgogne, les Éduens, grands rivaux des Arvernes, sont très tôt les « frères, amis, alliés » des Romains. Cette amitié, qui leur a été beaucoup reprochée, n’est motivée que par un intérêt économique puissant. Les Éduens s’enrichissent du commerce qu’ils font avec les Romains. Ils contrôlent en effet les voies fluviales essentielles au commerce entre la Méditerranée et le nord de la Gaule. Chalon-sur-Saône est le grand centre de redistribution des produits en pays éduen. Leur capitale, Bibracte, est un oppidum de très grande importance. Après la victoire de Gergovie, une partie de l’aristocratie, notamment chez les Éduens, sentant les Romains en perte de vitesse, lâche César au cours de l’assemblée générale des Gaulois à Bibracte qui devient le centre de la résistance gauloise. C’est pourtant dans cette ville que Jules César écrira De Bello Gallico pendant l’hiver 51/52.
Alésia (Alise-Sainte-Reine) est la capitale d’un des pays des Lingons, les Mandubiens. Vercingétorix s’y laisse enfermer avec ses 80 000 hommes. Les découvertes de monnaies dans les fossés d’Alésia prouvent que seuls les Éduens, les Bituriges, les Séquanes et bien sûr les Arvernes, sont venus au secours du généralissime.
Les Séquanes, qui habitaient sans doute antérieurement sur les bords de la Seine (Sequana), sont installés dans le Jura. Leur région abonde en sel et leurs salaisons sont extrêmement réputées.
La forêt des Carnutes, clients des Rèmes du Nord, est le centre de la Gaule et le siège du culte druidique. Leur capitale Cenabum (Orléans) sert d’entrepôt aux céréales avant qu’elles ne repartent par bateau. L’insurrection gauloise en décembre/janvier 52 est donnée à partir de Cenabum par Conconnetodumnus qui y dirige le massacre de tous les négociants romains installés dans cette ville.
Les Bituriges, dans une région prospère et très peuplée, possèdent avec Avaricum (Bourges) une des plus belles et des plus riches cités de la Gaule, en même temps qu’une position stratégique de premier plan. Vercingétorix, qui prône la tactique de la terre brûlée, décide de l’incendier. Il cède à la supplication des Bituriges de n’en rien faire. Après un siège de 25 jours et la construction de gigantesques terrasses, Avaricum tombe entre les mains de Jules César. Hommes, femmes, enfants et vieillards sont massacrés.

En quelques chiffres :

27 208 km2
Près de 3 000 000 d'hab.
270 km d'est en ouest, 150 km du nord au sudhaut de page

Situation géographique :

Presqu'île à l'ouest de l'Europe, elle est bordée au nord par la Manche et au sud par l'Atlantique. Son plus haut sommet, le Tuchenn Gador dans les Monts d'Arrée culmine à 383 m. Son climat est océanique avec une faible amplitude thermique.

La Bretagne est une région administrative composée des quatre départements suivants :
Les Côtes d'Armor, Le Finistère, L'Ille-et-Vilaine, Le Morbihan. Les villes les plus importantes sont : Rennes, Brest, Lorient, Quimper, Vannes, Saint-Brieuc, Saint-Malo. C'est aussi une région historique qui comprenait l'actuel département de Loire-Atlantique. Auparavant nommé Loire-Inférieure, ce n'est qu'en 1941 sous le régime de Vichy que ce département est rattaché à la région d'Angers qui devient officiellement les Pays de la Loire en 1956, d'où les actuelles revendications d'une partie de la population pour le réintégrer à la Bretagne.haut de page

Un peu d'histoire :

La préhistoire :
Peuplée dès le paléolithique comme en témoigne le site de Ménez Drégan dans le Finistère, datant de - 600 000 av. J.C., la Bretagne garde ensuite au néolithique (période caractérisée par la sédentarisation des hommes et un développement des productions agricoles) des traces visibles de l'occupation humaine sur ses nombreux sites mégalithiques qui avaient été abusivement attribués aux gaulois. (Locmariaquer, Carnac, Gavrinis, Barnenez).haut de page

L'armorique gallo-romaine
La Gaule est conquise entre - 58 et -52 av. J.C. par Jules César et l'Armorique est occupée notamment après la célèbre bataille opposant les Vénètes aux romains en -56. L'Armorique était alors divisée en cinq cités : les Osismes avaient fixé leur capitale à Vorgium (Carhaix), les Coriosolites à Corseul (Fanum Martis), les Vénètes à Darioritum (Vannes), les Redones à Condates (Rennes), et les Namnètes à Condevicnum (Nantes).haut de page

La Bretagne des Saints et des rois
L'Armorique voit l'arrivée et l'installation des Bretons (venus de l'île de Bretagne) d'abord pour aider l'Empire romain à se défendre contre les invasions barbares puis parce qu'eux-mêmes fuient les Scots venus d'Irlande et les Saxons. C'est à cette époque que l'Armorique devient la Bretagne. C'est aussi à cette période que se met en place le maillage territorial et la division en paroisses.
Entre le Ve et le IXe siècle, les Bretons résistent aux assauts des Francs, alternant périodes de paix et de guerre. C'est au IXe siècle que la Bretagne atteint ses limites maximales. Nominoë a été nommé " missus " sous Louis Le Pieux. Profitant de ce statut, il devient de plus en plus puissant et sous Charles Le Chauve, récupère les Comtés de Rennes et Nantes et fait de la Bretagne un duché indépendant. Erispoë puis Salomon lui succèdent. Ce dernier obtient de Charles Le Chauve le titre de Roi. Le Royaume de Bretagne comprend alors les anciennes marches mais aussi le Maine et le Cotentin. Puis va succéder une période d'instabilité politique, marquée par les premiers raids normands.haut de page

La Bretagne féodale et ducale
Le pouvoir du prince ressort affaibli de cette période d'invasions et les pouvoirs des seigneurs se développent autour de leurs châteaux. A l'époque féodale, la Bretagne est une zone où s'affronte l'influence des Capétiens et celle des Plantagenêts.
Au XIVe siècle, la Bretagne est secouée par la guerre de Succession qui se déroule dans le contexte de la guerre de Cent ans. Chacun des partis est soutenu soit par la France pour Charles de Bois allié aux Penthièvre, soit par l'Angleterre pour Jean de Montfort. C'est ce dernier qui l'emporte. A la fin de la guerre de Cent ans, le roi de France menace à nouveau l'indépendance de la Bretagne qui est affaiblie sur le plan économique.haut de page

L'union de la Bretagne à la France
Après une défaite militaire et la mort du roi François II, la duchesse Anne doit se résoudre à épouser Charles VIII, puis son successeur Louis XII. Sa fille Claude est mariée au roi François Ier et lui fait alors donation du duché.
En 1532, sous la condition que soient préservés leurs libertés et privilèges, les Etats de Bretagne demandent l'union de la province à la France. Plusieurs édits viennent officialiser cette union. Les Etats gardent alors leurs fonctions et le roi y est représenté par un gouverneur. Le Parlement, créé en 1552, est lui, cour de justice.haut de page

Ancien Régime : la Bretagne pays d'Etat
Aux XVIe et XVIIe siècles, la Bretagne connaît une prospérité économique dans le domaine de l'agriculture mais aussi grâce au commerce et aux échanges qu'elle a avec différents pays d'Europe et du monde. On peut ainsi citer l'industrie toilière, qui se développe un peu partout en Bretagne et est exportée depuis certains ports bretons.
L'art paroissial et notamment les enclos paroissiaux sont un des signes visibles de cette prospérité.
C'est aussi à cette période que la pouvoir royal devient de lus en plus centralisateur et absolutiste. Dans un contexte économique difficile, dès la fin du XVIIe siècle et au XVIIIe siècle ont lieu des révoltes populaires contre les impôts (ex. la révolte du papier timbré en 1675). Les parlementaires commencent eux aussi à réagir contre le pouvoir royal (affaire la Chalotais) et vont être parmi les premiers à abandonner les privilèges de la province au profit des idées de la Révolution.haut de page

La Bretagne contemporaine
Le XIXe siècle est marqué par une amélioration de l'agriculture, une forte progression démographique mais aussi une importante émigration notamment vers la capitale grâce au développement des moyens de transport qui désenclavent la région.
Mais c'est encore l'organisation autour de la paroisse qui domine, dans une population à grande majorité rurale et catholique. Ce même siècle voit la naissance d'un mouvement culturel s'intéressant aux coutumes régionales, dont les particularités attirent les premiers touristes ( écrivains, peintres...) avant que ne se développe un autre tourisme avec la création des premières stations balnéaires sous le Second Empire.
Le bilan de la Première Guerre mondiale est très lourd en Bretagne et ses conséquences sont importantes : les modes de vie changent comme partout ailleurs et commencent à s'observer les premiers signes du déclin de l'usage du breton en Basse-Bretagne.
Durant la Seconde Guerre mondiale, des villes sont entièrement détruite telles Brest et Lorient et la Bretagne est aussi secouée que le reste de la France.
Depuis les années 50, la Bretagne s'est fortement modernisée notamment dans le domaine agricole et a réussi à s'intégrer aux courants d'échanges européens. haut de page

Quelques notions à connaître :

Haute et Basse-Bretagne : ces deux termes désignent la Bretagne des deux côtés d'une ligne allant de Saint-Brieuc à Vannes : à l'est se trouve la Haute-Bretagne dont la culture (langue, danses, musiques) se rattache à ce qu'on nomme le gallo et à l'ouest se trouve la Basse-Bretagne, partie bretonnante. La limite de la langue a évolué au cours de l'histoire mais dès le XVIe siècle elle est proche de cette ligne.

Armor/argoat : armor (la mer en breton) désigne la Bretagne des côtes et s'oppose à l'argoat (le bois), la Bretagne de l'intérieur.

Les pays : la Bretagne se divise en différents pays (Trégor, Vannetais, Penthièvre, Rennais, Cornouaille, Léon...) qui sont utilisés pour décrire certaines modes vestimentaires anciennes ou aires de danses. Aujourd'hui, on utilise encore ces notions de pays notamment dans le domaine économique mais ce sont des pays qui correspondent davantage aux aires d'influence des villes.

Gwenn ha du : nom du drapeau breton qui se compose de 5 bandes noires représentant les 5 évêchés de Haute-Bretagne (Dol, Rennes, Saint-Malo, Nantes, Saint-Brieuc) et 4 bandes blanches pour les évêchés de Basse-Bretagne (Cornouaille, Léon, Trégor, Vannetais).
Ce

Là sont les profondes racines bretonnes de mes ancêtres paternels, les LE CORFF. Les plus lointains ancêtres vers 1625 sont natifs de Crach à 6 km de Locmariaquer, ils habitent des lieudits tels que Kerorang, Lommarec, Kergal, Lerré....

Mouettes bretonnes

Avant cette date, on trouve peu de LE CORFF à Locmariaquer, le berceau est à Crach. En 1841 Louis LE CORFF se marie avec Anne Perrine LE DIFFOND à Locmariaquer. Beaucoup de LE CORFF seront marins, d'autres menuisiers...Le patronyme LE CORFF est majoritairement présent dans le Morbihan; on les trouve très nombreux à Bignan, à Crach et beaucoup plus tard à Locmariaquer. Un LE CORFF aurait déjà été présent aux côtés de Guillaume le Conquérant en Angleterre au 11ème siècle.( source Patrick LE CORFF)   

Le patronyme LE CORFF: est d'origine Celtique, il signifie " le corps ( humain) ; en breton cela s'écrit "KORV ou KORF" , on trouve aussi la forme Korff en gallois : CORFF ou CORPH (le gallois est très proche du breton ) et en catalan : corff [KORF].

 " A une époque reculée, on trouve indifféremment CORFF et LE CORFF. Ainsi dans les actes de 1532, le curé note seulement CORFF (ou CORF). L'article "LE" est une transposition de l'article breton "An" qui était souvent accolé aux patronymes et qui a été francisé. Quelquefois même, cet article a été intégré au nom (ex. OAN qui veut dire "agneau" se disait An oan = l'agneau et est devenu LE NOAN, parfois même encore francisé en LAGNEL)" voir les relevés généalogiques de Patrick Le Corff   , les pages sur l'origine du nom Le Corff et son implantation en Bretagne

Vue de Locmariaquer

 Kaër e mem bro : la devise de Locmariaquer est à  double sens ; elle signifie en breton : Le pays de Kaër est  mon pays, ou , joli est mon pays. Le blason a été dessiné  par : Jean-Baptiste Corlobé ( 1904-1988), ostreïculteur de métier mais surtout , excellent peintre et grand érudit.  Locmariaquer est situé à l'entrée du golfe du Morbihan, ( la  petite mer en breton) a une superficie de 12.000 Ha ) au  sud de la Bretagne, au sud-est de Vannes, dans le  Morbihan, isolée du large par la presqu'île de Rhuys et un  étroit goulet.

Le golfe du Morbihan est parsemé d'une  multitude d'îles, la légende voulait qu'il y'en ait autant que  de jours dans l'année mais sur environ 300 au total seules  42 environ seraient dignes de cette appellation d'île. Seules  29 îles dépassent une surface d'un hectare.                                                                                             

Les plus grandes  sont la célébrissime Ile aux Moines ( 319 ha) appréciée par les artistes qui viennent y trouver la quiétude et les touristes qui peuvent y déambuler en toute liberté et l'île d'Arz ( 310 ha ) Les autres sont en général inaccessibles au public : Berder, le Reno ( Er Runio) l'île longue, le grand et le petit Veisit, la Jument, Gavrinis… Le golfe est animé deux fois par jour par la marée qui s'engouffre dans le goulet de Port-Navalo, entretenant la profondeur du chenal ; mais celui-ci n'est plus emprunté que par des bateaux de plaisance ou de croisière d'un jour qui promènent les touristes d'île en île (6 000 bateaux ont leur port d'attache dans le golfe). Le plan d'eau abrité se prête à merveille aux sports nautiques. Situé dans la partie la plus ensoleillée de Bretagne, le golfe abrite quelques stations touristiques, Larmor-Plage, Locmariaquer, Port-Navalo tandis que ses rives sont envahies par les résidences secondaires. Auray et Vannes sont d'anciens ports de fond de rias au contact avec l'intérieur des terres qui bénéficient du tourisme balnéaire voisin. Vannes, préfecture du département du Morbihan, est une ville de services. On dit que celui qui vient pour la première fois est frappé par l'harmonie et la douceur des paysages marins du Golfe. En arrivant par la mer, on se repère tout de suite sur le clocher de ND de Kerdro, l'église de Locmariaquer. Ces renseignements sont tirés de l'excellente plaquette réalisée par l'Association des Amis de la Chapelle Saint-Michel de Locmariaquer :

Origine du nom Locmariaquer : Locmariaquer est la transcription française de Locmaria-Caer signifiant Locus Mariae Caër, c'est-à-dire le lieu de Marie en la baronnie de Caër. Kaër ou Caër est le nom de la famille noble qui possédait la plupart des terres du lieu, le nom s'écrivait d'abord Ker puis Ker-aër ( en breton = ville du serpent ) Le village est fondé en 1082 par les moines de Sainte-Croix de Quimperlé, la 1ère église est construite à cette date. On trouve déjà trace de Locmaria-Caër dans des écritures religieuses des 11ème et 12ème siècles. En 1066, Raoul de Kaër passait en Angleterre avec Guillaume le Conquérant.

Locmariaquer et ses mégalithes: La période néolithique ( pierre nouvelle ou pierre polie) a succédé aux périodes paléolithiques ( pierre taillée) ; elle se traduit par le polissage de la pierre , le travail de la terre, l'élevage et la poterie. Cette période est généralement considérée comme l'époque des monuments mégalithiques ( mega lithos en grec=grandes pierres de -5000 à - 2500 avant Jésus-Christ. Il est suivi par l'âge du Bronze -2500 à -500 avant JC puis l'âge du Fer -500 à -200 avant JC. Les différents types de mégalithes rencontrées dans la région de Locmariaquer : On distingue les menhirs ( du breton men = pierre et hir = longue) Un groupe de menhirs dessinant une enceinte circulaire est appelée cromlech ( comme celui d'Er-Lanic) du breton crom =courbe et lech = pierre. Le plus célèbre du monde est bien sûr celui de Stonehenge en Grande-Bretagne. La signification des alignements de menhirs comme ceux de Carnac, n'est pas encore élucidée : monuments religieux, lieux de rassemblement ?? Le dolmen du breton dol = table et men = pierre, chambre sépulcrale recouverte d'un tumulus ( butte) de terre. ( galgal ou cairn) Le plus célèbre du secteur est la table des Marchand, voisinant avec le grand menhir brisé. Le dolmen des Pierres plates est une allée couverte de 26 m de long face à l'îlot de Méaban non loin de la grande plage de Kerpenhir, le Mané-er-Wroeg ou Mané-er-Roeck ( ou Rouick) et le Mané-lud sont 2 grand tumulus situés l'un au sud-est, l'autre au nord ouest du bourg. Le Mané-Rethual est remarquable par la dimension de sa dalle 11.50 m de long par 4.20m de large sur 50 cm d'épaisseur. Le Grand Menhir Brisé ( Men-Er-H'Roeck ou Men-Er-Hroeg) est le plus grand menhir connu dans le monde. Il est situé près du cimetière et voisine avec la Table des Marchand. Il aurait été érigé vers 2500 avant JC, debout il mesurait 20 m et pesait 340 tonnes, il est brisé en 5 morceaux. On a longtemps cru qu'il avait été abattu par la foudre, il n'en est rien, ce sont probablement des peuplades venues beaucoup plus tard qui l'ont ainsi "saucissonné" La Table des Marchand aurait été érigée entre 4000 et 3000 avant JC.( son nom viendrait du fait que le terrain aurait appartenu à la famille Marchand). Le département du Morbihan compte 344 dolmens et 240 menhirs.

Histoire :Entre -1000 et -500 avant JC, les Vénètes qui étaient des Celtes sont arrivés dans le sud de l'Armorique, ils auraient eu leur capitale: Dariorigum ou Dartorigum) ( peut-être sur l'emplacement de Vannes) puis il y'a eu la conquête romaine. Jules César en l'année -56 commence sa guerre contre les Vénètes, avec Brutus comme commandant de la flotte. La bataille navale eut lieu sous les yeux de César à l'entrée du Golfe du Morbihan et se solda par la défaite des Vénètes. Locmariaquer fut une importante ville romaine: amphithéâtre, sanctuaire, thermes, aqueduc, villas… Les bretons venus des îles vinrent à partir de 440

-1790: Locmariaquer devient une commune

- 1870 : St-Philibert se détache et devient paroisse indépendante puis commune en 1892

- 1878 Construction de la cale du bourg, de la mairie et de l'école publique.

- 1940-1944 Les Allemands détruisent le fort de Kerpenhir

- 1980 Inauguration de la nouvelle mairie-poste ...et ce n'est jamais fini...

 

Les sources de renseignements sont rares sur les peuples des Vénète. Aussi, même s'agissant des Vénètes d'Armorique, beaucoup d'hypothèses fleurissent-elles...

1 - Généralités

On situe l'arrivée des Vénètes dans le sud de l'Armorique entre - 1 000 et - 500, donc, bien après les constructions des monuments mégalithiques. Cette peuplade de Celtes a-t-elle atteint l'Atlantique après avoir essaimé sur la Vistule, puis sur la rive nord de l'Adriatique (Venise) ?

La Vénétie armoricaine était, sans doute, limitée par les cours de l'Ellé, de l'Oust et de la Vilaine.

2 - Avant la conquête romaine

La découverte de vestiges démontre que, non seulement les zones côtières étaient habitées, mais aussi l'intérieur du territoire :

*       Sites fortifiés, notamment sur les promontoires maritimes. Par exemple, à la pointe du Blair à Baden ou encore à la pointe ouest de l'île de Groix.

*       Sépultures, datant de l'âge de fer. Sépultures circulaires (-450) comme celle du rocher en Plougoumelen, certains tumulus isolés comme à Saint-Pierre Quiberon, urnes cinéraires.

*       Chambres souterraines, destinées à des vivants (29 sites découverts dans le Morbihan). Sans doute les Vénètes de l'Armorique pré-romaine vivaient-ils de l'agriculture et de l'élevage. Mais on a trouvé aussi des preuves d'une industrie.

César témoigne que les navires vénètes comportent "des chevilles de fer et des ancres retenues par des chaînes de fer".

Dans les sépultures, des objets de parure ont été découverts ; la céramique existait également : certaines poteries en terre présentent des motifs identiques en Armorique et en Bretagne insulaire.

La fabrication des augets (récipients en terre, très fragiles) est attestée par la découverte de dépôts et de fours exclusivement en bordure de mer (trois à Port Navalo) ; ce qui permet de supposer la fabrication et la vente de sel.

Enfin, César relate la domination maritime des Vénètes et leur commerce avec la Bretagne insulaire.

On admet généralement qu'ils pratiquaient le commerce de l'étain, grâce à leur flotte adaptée au gros temps. Les ports Vénètes n'ont pu être localisés.

Les Vénètes avaient-ils une capitale ? Sur ce point, César reste muet. C'est le géographe égyptien Ptolémée qui, au IIe siècle après J.-C., cite Dariorigum comme capitale des Vénètes. Dariorigum (ou Darioritum ou Dartorigum) était-elle située à Vannes ou à Locmariaquer ? Le débat reste ouvert. La table de Peutinger (IIe - IIIe siècle) fait état d'une route de Durétie (Rieux) à Vorganum (Carhaix) ; de par sa position, il s'agirait plutôt de Vannes. Il faut souligner que très peu de pièces de monnaie vénètes ont été retrouvées, ce qui est singulier pour un peuple réputé commerçant.

3 - La conquête romaine

Dans les commentaires de la Guerre des Gaules, César a raconté sa victoire sur les Vénètes avec force détails, sans doute pour rehausser son prestige ; il a insisté sur la puissance de la flotte vénète.

L'année - 57, César soumet toute la Gaule du Nord. C'est P. Crassus qui conquiert la péninsule armoricaine et prend des otages vénètes. Des officiers romains, chargés de réquisitionner du blé, sont retenus prisonniers par les Vénètes. C'était le "casus belli" idéal, désiré des deux côtés. La rébellion gagne toute l'Armorique : les Vénètes fortifient leurs oppidums, équipent leurs navires, s'allient aux Osismes et aux Nammètes. César ordonne la construction d'une flotte de galères sur la Loire, et d'une autre chez ses alliés Pictons et Senones. D'autre part, il fit venir des pilotes et des rameurs depuis "la Province", sans recourir à l'escadre de Méditerranée.

Au printemps de - 56, César commence sa campagne contre les Vénètes. Commandant lui-même ses troupes terrestres, il confie le commandement de sa flotte à D. Brutus.

César relate la difficulté des opérations terrestres car, sur la côte très découpée et soumise aux marées, les Vénètes fuient d'oppidum en oppidum. César se serait rendu sur la presqu'île de Rhuys jusqu'à Port-Navalo ; il s'agit là d'une hypothèse, car César ne précise pas le lieu de la bataille navale.

La rencontre des flottes romaines et vénètes eut lieu sous les yeux de César : les navires vénètes se trouvaient à l'entrée du Golfe du Morbihan (ou à l'intérieur du Golfe). La flotte romaine se fit attendre, soit que Brutus ait été retardé par le mauvais temps, soit qu'il dut attendre les renforts de bateaux venus d'ailleurs.

Les lourds vaisseaux vénètes, construits en chêne, dotés d'une coque très élevée, d'une robustesse incomparable, équipés de voiles de cuir, affrontèrent la flotte romaine composée de galères légères mues par des rameurs.

L'avantage revint d'abord aux Vénètes, puis le vent cessa, immobilisant leurs navires ; les Romains coupèrent alors cordages et agrès à l'aide faux tranchantes fixées à de longues perches, et passèrent à l'abordage. Les Vénètes capitulèrent ; leur défaite marqua la liquidation de la guerre.

César châtia cruellement les vaincus, en faisant massacrer les sénateurs vénètes et vendre les survivants comme esclaves.

La déroute des Vénètes se trouve confirmée par le fait qu'en - 52, lorsque Vercingétorix demanda de l'aide aux divers peuples gaulois, Redones, Coriosolites, Osismes, Unelles envoyèrent des contingents à Alésia, mais point de Vénètes.

4 - Les Vénètes dans l'Empire romain

Comme partout, les Romains établirent des voies de communication ; Vannes devint une agglomération gallo-romaine importante, 7 voies romaines y convergeaient.

Des vestiges de villes gallo-romaines ont été trouvés à Carnac, Arradon, Nostang, Melrand, etc...

On peut penser que Locmariaquer fut aussi une ville importante à l'époque romaine, puisqu'on y a retrouvé des traces :

*       d'un théâtre, à l'emplacement du premier cimetière ;

*       d'un sanctuaire, sous l'actuelle Chapelle Saint-Michel ;

*       de thermes entre l'église et la ruelle des Vénètes ;

*       d'un aqueduc qui enjambe la rivière d'Auray à Rosnarho et qui aurait servi à alimenter Locmariaquer en eau ;

*       d'habitations à carrelage soigné.

L'histoire du peuple vénète va ensuite se confondre avec celle de l'ensemble des peuples gaulois.

A partir de 275, Saxons et Germains envahissent la Gaule, la Vénétie s'organise : une garnison de Mauri Beneti (= Vénéti) est cantonnée à Vannes.

Au début du Ve siècle, de nouvelles invasions barbares submergent le pays : les Armoricains chassent les représentants de Rome et se confédèrent.

Après 435, les Armoricains se défendent contre les Francs, jusqu'à l'accord qui livre à Clovis tous les territoires entre Seine et Loire.

A partie de 440, l'Armorique connut l'afflux des Bretons insulaires : ceux qui s'établirent sur le territoire des Vénètes étaient sans doute des Gallois.

On remarque que, dans le Vannetais, les noms de paroisse en "Plou", de fondation bretonne, sont moins nombreux que les noms en "Ac", hérités des anciens fundi gallo-romains.

De la préhistoire à l'arrivée des Vénètes

L'histoire du territoire, que forme les actuelles communes du Pays de Lorient, commence 8000 av.J.-C. Le territoire est peuplé dès le paléolithique de rares chasseurs qui poursuivent mammouths et cerfs.
Entre 3000 et 1800 av.J.-C., la chasse et la cueillette cèdent la place à l'agriculture et à l'élevage. La civilisation mégalithique apparaît. Ses populations, organisées à l'abri de camps fortifiés, donnent naissance à l'art des pierres levées, qui s'accompagnent d'un extraordinaire culte des morts.

Les Celtes s'y installent au 6e siècle av.J.-C. comme dans toute l'Armorique. Le peuple celte dominera la majeure partie de l'Europe occidentale et centrale au cours du 1er millénaire av.J-.C. (Au début de notre ère, sur le continent, les Celtes furent assimilés à l'Empire Romain et perdirent leur indépendance culturelle. La tradition et les langues celtes subsitèrent seulement en Bretagne, au Pays de Galles, dans le Highlands d'Ecosse et en Irlande).

Au 4e siècle av.J.-C., les Vénètes , une des nombreuses peuplades indo-européennes comme les Celtes, occupent une bonne partie de l'actuel département du Morbihan dont le territoire du Pays de Lorient. Ces Vénètes, rapidement celtisés comme les autres peuplades qui ont déferlé sur l'Armorique (l'ancien nom de la Bretagne), s'imposent aux autochtones et deviennent rapidement le peuple le plus puissant de la péninsule.
Le peuple des Vénètes, que les Grecs nomment Hénètes, et dont Homère parle dans L'Iliade, forme une des branches indo-européennes des grandes migrations du 13e siècle av. J.-C.. Certains d'entre eux sont même allés jusqu'en Grande-Bretagne. On les retrouve aussi en Baltique, et dans le bassin de la Vistule.
Leur langue est un dialecte indo-européen qui est connu par quelque deux cents inscriptions. Elle a de grandes affinités avec le latin.

Les Vénètes d'Armorique sont de hardis navigateurs. Sur leur territoire débouchent les plus longues rivières de la péninsule dont le Blavet. Le golfe du Morbihan ou petite mer peuvent abriter leur retraite éventuelle. Groix est un des promontoires de vigie.
Leur flotte a le monopole du trafic entre le Nord-Ouest et la Grande-Bretagne. La plupart des peuples des régions maritimes leur payent un tribut.

Cette thalassocratie, fondée sur une originale marine à voile, assure le transport des métaux des îles Britanniques (étain) vers la Méditerranée. C'est une grande puissance, qu'illustrent ses frappes de monnaie.

 

 

Les romains:

Conquérir cette partie de la Gaule est important pour César, non seulement pour des raisons de prestige, mais aussi pour faciliter sa conquête ultérieure de la Grande-Bretagne.
Les Vénètes feignent de se soumettre, mais leur révolte, en fait, est rapide. En 57 av.J.-C., César a à faire face à quelque 220 vaisseaux vénètes, sans doute dans les parages de la presqu'île de Rhuys. Le manque de maniabilité des vaisseaux celtes est fatal aux Vénètes. César, qui a fait construire une flotte plus légère et bénéficie de la trahison des Pictons et des Santons, qui lui ont prêté des bateaux, a en outre fait armer ses navires de faux qui servent aux Romains à déchirer les voiles des Vénètes.
Il y a cependant lieu de penser que la destruction des vaisseaux vénètes n'est pas aussi complète que César le laisse entendre. En 52 av.J.-C., les Vénètes sont encore assez puissants pour envoyer, à l'appel de Vercingétorix, des renforts à Alésia.

A l'époque gallo-romaine, cette puissance disparaît dans l'anonymat de la romanisation. Le chef-lieu des Vénètes est Darioritum,devenu Vannes (ou Gwened en breton) environ 500 ans plus tard. Les vénètes de l'époque gallo-romaine exploitent leurs forêts et leur fer, principalement pour la construction de leurs navires. La poterie, depuis une époque reculée, est une de leurs industries. Ils pratiquent le commerce du sel, exportent aussi sans doute leur fer et leur étain.

A la fin de l'empire romain, le pays vénète devient le Bro Erec ou Bro Waroc'h "le pays d'Erec" ou de "Waroc'h", nom du chef breton local.

Puis ensuite viendront les Bretons, le Duché de Bretagne...
Pour connaître la suite de l'Histoire...
c'est ici :-)

Renseignements recueillis sur le site
http://pro.wanadoo.fr/pays-lorient

 

L’Armorique

Qu’était-ce ce pays ? Qui en étaient ses habitants ? C’est par des documents en langue latine du temps des Romains que nous avons quelques renseignements d’ordre administratif, 5 peuples étaient alors répartis sur un territoire qui correspond à peu de chose près à notre Bretagne actuelle (incluant le pays nantais évidemment).

Les Osismiens à l’ouest (actuellement le Finistère et le Trégor), les Coriosolites, les Riedones, les Vénètes au sud et enfin les Namnètes (pays de Nantes). Malheureusement les quelques documents connus ne nous donnent guère de renseignements sur l’origine de ces peuples, ou leur nombre etc. Nous savons par Les Commentaires de la Guerre des Gaules de Jules César que le plus puissant peuple de l’Armorique était les Vénètes (qui occupaient l’actuel Morbihan), ils possédaient une puissante flotte de haute mer qui commerçait intensément avec la (Grande) Bretagne et les pays autour du golfe de Gascogne.

L’étain, l’or, le fer étaient transportés de l’île de Bretagne vers la Gaule et d’autres pays. Lancé à la conquête de la Gaule, Jules César au printemps de l’année 56 avant J.C. attaqua la flotte vénète avec des bateaux à fond plat qu’il avait fait construire à la hâte. Le combat semblait inégal entre les puissantes nefs vénètes aux voiles de cuir et les embarcations romaines mues par rames, mais par un malheureux hasard le vent tomba brusquement, immobilisant la flotte vénète, c’est alors que les bateaux romains s’approchèrent et les marins coupèrent toutes les drisses puis montèrent à bord pour combattre au corps à corps. La puissance vénète était brisée

L'occupation par les légions romaines s’ensuivit, des milliers de prisonniers furent vendus sur les marchés aux esclaves. La lourde administration romaine s’abattit sur toute l’Armorique, cependant, le pays conserva ses divisions originales et s’administra lui-même en ce qui concerna la vie quotidienne par des hommes du cru triés sur le volet par l’administration romaine de la Gaule lyonnaise.

Nous savons peu de choses sur l’origine ethnique de base de ces 5 peuples. Avaient-ils participé mille ou deux mille ans plus tôt à la construction de centaines de mégalithes que l’on trouve en Bretagne ? Nous ignorons tous les détails du va et vient des migrations dans la péninsule de cette époque lointaine...

Roger Moride

Florence :-*)
Administratrice de Vénétie

 

 

César & les Vénètes

Automne 57 a. c. : le sénat romain ordonne 15 jours de prières d’action de grâces pour remercier les dieux des victoires de César sur les peuplades gauloises. Le proconsul, à la tête de 3 légions, vient d’écraser les Nerviens qui laissent, selon lui, 60 000 cadavres sur le champ de bataille. Il a également obtenu la reddition des Atuatuques, un temps alliés des Nerviens, qui lui aurait fourni 53 000 esclaves.

Au moment d’hiverner, la Gaule entière semble donc à portée de main de Jules César et on peut la croire pacifiée.

Même les peuples de l’Océan ont été impressionnés par les victoires romaines successives et ils jugent prudent d’offrir leur soumission au légat de César, Publius Grassus. César ne semble pas dupe de cette soumission : même s’il est considéré par beaucoup comme une "grande folle" (ne l’a-t-on pas surnommé la "reine de Bithynie", allusion à ses rapports très spéciaux avec le roi Nicodème ?), en matière militaire, il est particulièrement vigilant à ce qui lui arrive par derrière !

Au printemps 56 donc, Jules César est de retour en Gaule avec le projet ambitieux de déployer les aigles romaines sur les côtes bretonnes (il s’agit, bien sûr, de l’actuelle Grande Bretagne).

Ce retour et cette envie maritime du proconsul ne font pas du tout l’affaire des Vénètes ...

QUI SONT LES VENETES ?

La cité des Vénètes armoricains s’étend sur la côte sud de l’Armorique (le Morbihan actuel) mais l’origine de ce peuple semble plus lointaine : il est connu des Grecs et Homère en parle dans l’Iliade (les Hénuètes). On les retrouve en Adriatique, en Baltique, sur les bords de la Vistule ... Ceux d’Adriatique sont alliés des Romains dès le IIIème siècle a.c. et leurs fournissent des auxiliaires au moment de la seconde Guerre Punique. C’est sous le règne de Marc Aurèle (IIème siècle a.c.) qu’ils s’installent sur les îles de l’Adriatique : ainsi débute l’histoire de Venise ...

En fait, le lien qui nous fait regrouper autour d’une même origine indo-européenne les Vénètes du Pô, ceux de la Baltique et ceux de l’Ouest Armoricain est, pour le moment, uniquement d’ordre linguistique, à savoir une identité de nom. Certains y associent également les Wendes ... mais restons-en là.

Les Vénètes qui nous intéressent occupent donc, à l’époque de la conquête romaine, le territoire bordé au nord par l’Oust (axe Pontivy - Redon), à l’ouest, par une ligne reliant Pontivy à Quimperlé et à l’Ouest par le cours de la Vilaine sur l’axe Redon - la Roche Bernard. Il est possible que leur emprise ait débordé au sud sur une partie de la Loire Atlantique. Ainsi, l’ancien nom de Besné (près de Guérande) était Vindunita Insula et le chroniqueur Ermold le Noir (IXème siècle) cite la localité de Véneda sur le même secteur.

Quoiqu’il en soit, le territoire vénète contrôle les estuaires des principales rivières armoricaines du sud (la Vilaine et le Blavet en particulier) : il est donc le lieu de passage obligé pour tout commerce depuis l’intérieur vers les côtes atlantiques. Groix et Belle-Ile semblent avoir été également sous contrôle. Vannes (Darioritum, puis Gwenned en Breton) est, à l’époque gallo-romaine, la capitale du peuple vénète mais il est possible qu’à l’origine ce soit Locmariaquer qui ait joué ce rôle.

C’est sans doute le peuple le plus puissant de toute la Péninsule (qui regroupe les Osismes, les Coriosolites, les Redones et les Namnètes). Cette puissance est avant tout économique car il semble bien qu’une suprématie politique de l’un sur l’autre n’ait jamais vraiment existé. L’étude des monnaies vénètes nous montre qu’ils furent les premiers, en Armorique, à frapper des statères d’or dès la fin de l’hégémonie arverne (défaite du roi Bituit face aux légions romaines en 121 a. c.). Cette organisation économique supérieure est liée à leur bonne connaissance de la mer : navigateurs chevronnés, ils gardent la mainmise sur tout le trafic maritime de la côte océane et contrôlent, en particulier, les routes vers la Bretagne. Ces liens avec la grande île sont importants à double titre : les échanges commerciaux sont nombreux et les continentaux trouvent là-bas, entre autres, un étain d’excellente qualité. D’autres part, cette "île du bout du monde" reste le centre religieux du druidisme, son poumon en quelque sorte. Or il apparaît clairement que si l’unité politique gauloise continentale est ponctuelle et précaire, l’unité religieuse autour des druides est un phénomène avéré dont César lui-même a saisi toute l’importance (il est persuadé qu’il faut rechercher là l’origine de toutes les révoltes gauloises et l’entretien d’un patriotisme anti-romain solide).

Peuple de marins, de commerçants (ils vendent en particulier le sel), les Vénètes exploitent également les ressources de l’arrière pays : les forêts fournissent le bois de chêne dont sont construits leurs navires. Ils travaillent également le fer et sont de remarquables potiers.

UNE ÉPINE DANS LE PIED DE JULES ...

L’Ouest armoricain semble avoir été longtemps à l’abri des incursions romaines. Des études numismatiques récentes auraient tendance à prouver qu’il n’y a pratiquement aucun commerce direct avec Rome avant 57 a. c. On ne trouve pas ou peu de traces de monnaies romaines antérieures à cette période, l’essentiel des importations depuis le sud de la Gaule étant le fait de non-Romains (Aquitains en particulier) et le commerce étant essentiellement basé sur le troc. A l’inverse des peuplades très tôt "romanisées", les Vénètes n’abandonnent pas leur propre monnaie et leurs statères ne peuvent s’échanger avec les deniers romains.

A la fin de l’été 57, les premiers soldats romains apparaissent en Armorique (c’est vraisemblablement la 7ème légion de Publius Grassus qui descend de l’actuelle Belgique). On peut difficilement définir un itinéraire précis pour cette promenade en bord de mer mais il est vraisemblable que Grassus "visite" les tribus armoricaines. C’est alors la coutume de remettre des otages, en signe de bonne entente, et les Armoricains ne dérogent pas à la règle.

Nous n’avons aucun témoignage écrit sur le sentiment qu’à pu laisser dans l’esprit des Vénètes ce passage, somme toute rapide, des légions romaines mais il est bien évident que les chefs de la peuplade ont du être inquiets de cette incursion et ce d’autant plus que l’annonce du sort réservé aux Nerviens a franchi les frontières. Leur absence de réaction immédiate est sans doute un signe de prudence : ne vaut-il pas mieux attendre, voir si le danger se précise et se concerter alors avec les tribus voisines ?

En 56, les besoins en ravitaillement des troupes de Grassus sont l’occasion de l’arrivée en Armorique de fourrageurs qui viennent prélever là ce qui leur est nécessaire. Les Vénètes trouvent là l’occasion de rappeler à César qu’ils ne sont pas un peuple soumis et ils retiennent les Romains dans le but de les échanger avec les otages remis quelques mois plus tôt. C’est du moins la version de César qui passe sous silence son désir de s’assurer une certaine suprématie maritime.

La guerre était inévitable et les Vénètes ne semblent pas avoir agi seuls : les Coriosolites et d’autres sont de la partie, la révolte gagnant même certaines régions de l’actuelle Normandie (le territoire des Esuvii par exemple, situé aux environ de Sées ...).

Ecoutons donc le grand Jules (livre troisième de Bellum Gallicum ) :
(VII) "Le jeune P. Crassus hivernait avec la septième légion, chez les Andes, près de l’Océan. Comme il manquait de vivres, il avait envoyé chez les peuples voisins des préfets et plusieurs tribuns militaires , pour demander des subsistances : [...] Q. Velianus avec T. Silius chez les Vénètes.

(VIII) Ce dernier peuple est le plus puissant de toute cette côte maritime. Les Vénètes possèdent un grand nombre de vaisseaux sur lesquels ils commercent en Bretagne et surpassent leurs voisins dans l’art de la navigation. Ils occupent d’ailleurs sur cette mer vaste et orageuse, le très petit nombre de ports qui s’y trouvent et rendent tributaires presque tous les navigateurs étrangers. Les premiers, ils retinrent Silius et Velanius, espérant recouvrer, par ce moyen, les otages qu’ils avaient livrés à Crassus. Les résolutions des Gaulois sont promptes et subites : les autres, entraînés par cet exemple, arrêtèrent aussi Trebius et Terrasidius. Aussitôt, ils s’envoient des députés et s’engagent, par l’entremise de leurs principaux citoyens, à ne rien faire que de concert et à courir la même chance. Ils encouragent les autres cités à conserver la liberté qu’elles avaient reçue de leur pères plutôt que de supporter l’esclavage des Romains. Ces sentiments furent bientôt partagés par toutes les régions maritimes. Ils envoient une délégation commune à P. Crassus pour lui signifier qu’il n’aura ses officiers qu’en rendant les otages.

(IX) César était alors très éloigné. Instruit de ces faits par Crassus, il ordonne de construire des galères sur la Loire, qui se jette dans l’Océan, de lever des rameurs dans la Province, de rassembler des matelots et des pilotes. Ces ordres furent promptement exécutés. Lui-même, dès que la saison le permet, se rend à l’armée. Les Vénètes et leurs alliés se sentaient coupables pour avoir retenu et jeté dans les fers des ambassadeurs dont la qualité, chez toutes les nations, fut toujours sacrée et inviolable. Dès qu’ils connurent l’arrivée de César, ils se hâtèrent de proportionner les préparatifs au péril et surtout d’équiper les vaisseaux : ils se confiaient aussi à l’avantage des lieux. Les chemins sur terre étaient coupés par les marées hautes et la navigation difficile sur une mer dont les ports étaient rares et peu connus. Ils espéraient que le manque de vivres nous empêcherait de faire chez eux un long séjour et, lors même que leur attente serait trompée, ils étaient toujours les plus puissants sur mer. Les Romains n’avaient point de marine, ils ignoraient les rades, les ports, les îles des parages où ils feraient la guerre. La navigation était tout autre sur une mer fermée que sur le vaste et immense océan. Ces réflexions les rassurent. Ils fortifient leurs places et transportent le blé de la campagne dans les villes. Ils rassemblent le plus de vaisseaux possible chez les Vénètes contre lesquels ils pensent que César se dirigera d’abord : ils reçoivent dans leur alliance les Osismiens, les Lexoviens, les Namnètes, les Ambiliates, les Morins, les Diablintes et les Ménapiens : ils demandent des secours à la Bretagne située vis à vis de leurs côtes.

(X) Telles étaient les difficultés de cette guerre et cependant plusieurs motifs commandaient à César de l’entreprendre : l’injure faite à la République en retenant des chevaliers romains, la révolte après la soumission reçue et les otages livrés, la conjuration de tant de peuples, la crainte que l’impunité n’encouragea d’autres nations. Il connaissait l’amour des Gaulois pour le changement et leur promptitude à prendre les armes et il savait, d’ailleurs, qu’il est dans la nature de tous les hommes d’aimer la liberté et de haïr l’esclavage. Sans attendre donc qu’un plus grand nombre de peuples se liguent, il s’empresse de partager ses forces et d’étendre son armée.

(XI) Il envoie, avec de la cavalerie, T. Labienus, son lieutenant, chez les Trévires, peuple voisin du Rhin. Il le charge de visiter les Rémois et autres Belges pour les maintenir dans le devoir et de fermer le passage du fleuve aux Germains que l’on disait appelés par les Belges. Il ordonna à P. Crassus de se rendre en Aquitaine avec douze cohortes et une cavalerie nombreuse pour empêcher ce pays de secourir la Gaule et de s’unir à tant de nations. Il fait partir Q. Titurius Sabinus avec trois légions chez les Unelliens, les Coriosolites et les Lexoviens pour tenir ce côté en respect. Il donne au jeune D. Brutus le commandement de la flotte et des vaisseaux gaulois qu’il avait exigés des Pictons, des Santons et autres pays pacifiés et lui dit de se rendre au plus tôt chez les Vénètes. Il y marche lui-même avec les troupes de terre.

(XII). La plupart des villes de cette côte sont situées à l’extrémité de langues de terre et sur des promontoires : elles n’offrent d’accès ni aux gens de pied lorsque la mer est haute (ce qui arrive constamment deux fois en vingt quatre heures) ni aux vaisseaux que le reflux laisse à sec sur le sable. On ne pouvait donc aisément les assiéger. Si, après de pénibles travaux, on parvenait à contenir la mer par des digues et à élever une terrasse jusqu’à la hauteur des murs, les assiégés, lorsqu’ils désespéraient de leur sort, rassemblaient leurs nombreux vaisseaux, y transportaient tous leurs biens et se retiraient dans d’autres villes voisines où la nature leur offrait les mêmes moyens de défense. Durant une grande partie de l’été, cette manœuvre leur fut d’autant plus facile que notre flotte était retenue par les vents contraires et pouvait à peine naviguer sur une mer vaste, ouverte, sujette à de hautes marées et presque entièrement dépourvue de ports.

(XIII) Les vaisseaux des ennemis étaient construits et armés de manière à lutter contre ces obstacles. Ils ont la carène plus plate que les nôtres : aussi redoutent-ils moins les bas-fonds et le reflux. Les proues sont très hautes et les poupes plus propres à résister aux vagues et aux tempêtes. Les navires sont tout entier de chêne et peuvent soutenir le choc le plus rude. Les bancs, faits de poutres d’un pied d’épaisseur, sont attachés par des clous en fer de la grosseur d’un pouce. Les ancres sont retenues par des chaînes de fer au lieu de cordage. Les voiles sont de peaux molles, amincies, bien apprêtées, soit qu’ils manquent de lin ou ne sachent pas l’employer, soit plutôt qu’ils croient impossible de diriger avec nos voiles des vaisseaux aussi pesants à travers les tempêtes et les vents impétueux de l’Océan. Dans l’action, notre seul avantage est de les surpasser en agilité et en vitesse. Du reste, ils sont bien plus en état de lutter contre les mers orageuses et contre la violence des tempêtes. Les nôtres, avec leurs éperons, ne pouvaient entamer des masses aussi solides et la hauteur de leur construction les mettait à l’abri des traits, aussi craignent-ils moins les écueils. Si le vent vient à s’élever, ils s’y abandonnent avec moins de péril et ne redoutent ni la tempête, ni les bas-fonds, ni, dans le reflux, les pointes et les rochers : tous ces dangers étaient à craindre pour nous.

(XIV) César avait déjà pris plusieurs villes mais sentant que sa peine était inutile et qu’il ne pouvait ni empêcher la retraite des ennemis ni leur faire le moindre mal, il résolut d’attendre sa flotte. Dès qu’elle parut et que l’ennemi la découvrit, deux cent vingt de leurs vaisseaux environ, parfaitement armés et équipés, sortirent du port et vinrent se placer devant elle. Brutus, qui en était le chef, et les tribuns et centurions qui commandaient chaque vaisseau étaient indécis sur ce qu’ils avaient à faire et sur la manière d’engager le combat. Ils savaient que l’éperon de nos galères était impuissant, les tours de nos vaisseaux n’étaient point assez hautes pour atteindre la poupe de ceux des barbares, nos traits lancés d’en bas seraient sans effet tandis que les Gaulois nous en accableraient. Une seule invention fut d’un grand secours : c’était une espèce de faux extrêmement tranchante, emmanchée de longues perches assez semblables à celle qu’on emploie dans les sièges. Avec ces faux, on accrochait et on tirait à soi les cordages qui attachent les voiles aux vergues. On les rompait en faisant force de rames et les vergues tombaient nécessairement. Les vaisseaux gaulois, en perdant les voiles et les agrès qui faisaient toute leur force, étaient réduits à l’impuissance. Alors le succès ne dépendait plus que du courage et en cela, le soldat romain avait aisément l’avantage, surtout dans une bataille livrée sous les yeux de César et de toute l’armée : aucune belle action ne pouvait restée inconnue puisque l’armée occupait toutes les collines et les hauteurs d’alentour d’où la vue s’étendait sur la mer.

(XV) Dès qu’un vaisseau était ainsi privé de ses voiles, deux ou trois des nôtres l’entouraient et nos soldats sautaient à l’abordage. Les Barbares, ayant perdu une partie de leurs navires et ne sachant que faire contre cette manœuvre, cherchèrent leur salut dans la fuite. Déjà, ils se disposaient à profiter des vents lorsque, tout à coup, il survint un calme plat qui leur rendit tout mouvement impossible. Cette circonstance compléta la victoire : les nôtres les attaquèrent et les prirent l’un après l’autre. Un bien petit nombre put regagner la terre à la faveur de la nuit. Le combat avait duré depuis la quatrième heure du jour (10 h du matin) jusqu’au coucher du soleil.

(XVI) Cette bataille mit fin à la guerre des Vénètes et de tous les Etats maritimes de cette côte car toute la jeunesse et même tous les hommes d’un âge mûr, distingués par leur rang ou leur caractère, s’étaient empressés de prendre les armes : ils avaient rassemblé tout ce qu’ils avaient de vaisseaux et cette perte ne leur laissait aucun moyen de retraite ou de défense. Dans cette extrémité, ils soumirent à César leurs personnes et leurs biens. César crût devoir en faire un exemple sévère qui apprit aux Barbares à respecter désormais le droit sacré des ambassadeurs : il fit mourir tout le sénat et vendit le reste de la population à l’encan."

Ainsi se termine la triste histoire des Vénètes mais la révolte armoricaine n’est pas vraiment écrasée et quand Vercingétorix, enfermé dans Alésia en 52, appelle à l’aide, il obtient "vingt mille hommes de l’ensemble des peuples qui bordent l’Océan et qui se donnent le nom d’Armoricains" (Bellum Gallicum. Livre VII.). Curieusement, dans la liste des peuplades confédérées, César ne parle pas des Vénètes : sans doute ne veut-il pas mentionner un peuple qu’il dit avoir rayé de la carte ...

Une énigme demeure : où donc a eu lieu cette fameuse bataille ?

A Vannes, aujourd’hui, l’on vous dira que c’est dans le Golfe du Morbihan ... D’autres pensent que l’affrontement s’est déroulé en pleine mer, au large du Golfe, d’autres encore en vue de Lorient. Certains historiens le situe plus à l’Ouest (J. Armand) vers Concarneau ou Bénodet.

Le problème est qu’aucune épave n’a été trouvée à ce jour ... Le mystère reste donc entier !

Pour en savoir plus :
On pourra consulter PROTOHISTOIRE de la BRETAGNE dans la Collection Ouest-France Université (Rennes 1979) et en particulier la troisième partie due à Louis PAPE. La carte des peuples armoricains et la photographie du statère vénète sont extraits de cet ouvrage.

Toujours aux Editions Ouest France (Rennes 1986), on lira le bon (très bon !) ouvrage de Françoise Le Roux et Christian-J. Guyonwarc’h "LES DRUIDES".

L’HISTOIRE DE LA GAULE de Danièle et Yves ROMAN (Fayard 1997) est considérée par certains comme la bible en la matière. On y trouvera quelques pages sur les Vénètes et en particulier une citation de Napoléon Bonaparte qui critique l’attitude cruelle de César face au peuple vénète en oubliant ses propres exploits sanguinaires dans toute l’Europe et particulièrement en Espagne.

Enfin, pour ceux qui préfère aborder l’histoire par le biais du roman, je signale le livre (captivant) de Michel PEYRAMAURE : Les Portes de Gergovie.

Certains souhaiteront certainement lire le texte de César dans sa forme latine. Pour cela une seule adresse : http://www.alesia.asso.fr/
On y trouve la version de Bellum Gallicum collectée par l’Institut Vitruve.

Des départements de la Bretagne, le Morbihan est celui qui offre le plus de souvenir de l'époque celtique. Son nom d'abord, qui est demeuré celtique (mor bihan, la petite mer) alors que tous les autres départements prenaient des noms nouveaux en laissant disparaître les anciens ; ensuite les nombreux monuments druidiques, ou. plutôt mégalithiques, dont il est parsemé, et qui semblent attester, selon certains historiens et archéologues, qu'il fut le siège principal du culte des druides.

D'autres pensent que ces monuments de l'âge de pierre, qu'à défaut de données plus précises on appelle aujourd'hui monuments mégalithiques, furent à l'origine répandus avec la même densité sur tout le sol de la France du nord, mais qu'à la suite des invasions, se dirigeant toutes de l'Orient à l'Occident, ils auront disparu avec les premières civilisations, et que leurs débris auront servi à la construction des habitations, des tombeaux mêmes des nouveaux venus : Francs, Suèves, Alains, Bourguignons, Vandales, Gots, Romains, etc. La Bretagne, qui par sa position à l'extrême occident de la France échappa à la plupart de ces envahisseurs, aurait naturellement conservé plus facilement ses monuments de l'âge primitif de l'homme.

A côté de Carnac, qui depuis longtemps jouit d'une réputation colossale en raison du nombre et de la dimension de ses menhirs, on peut citer aussi la lande du Haut-Brambien (lande de Lanvaux), par exemple (commune de Pluherlin). On compte ainsi plus de deux mille menhirs qui dépassent en grosseur ceux de Carnac. Menhirs, peulvan, pierres droites, dolmens, tables de pierres, cromlechs, cercles de pierres, témènes, enceintes consacrées, tumulus, monuments de terre faits de main d'hommes, galgals, monticules formés uniquement de pierres de la grosseur d'un pavé, sans terre ni ciment, et sous lesquels on a souvent trouvé des grottes pleines de squelettes symétriquement disposés, d'armes, de vases de terre, routers, pierres branlantes, pierres percées où les paysans bretons superstitieux vont passer leur tête pour se débarrasser de la migraine, haches de pierre, qu'ils utilisent en les emmanchant dans une branche fendue qui, continuant de pousser et de grossir, se noue autour de la pierre tranchante d'une manière indissoluble ; tels sont les restes celtiques qu'on trouve dans le Morbihan. Nous allions oublier la langue, qui n'est pas le moins curieux de ces restes antiques, et que les paysans du pays parlent à peu près comme leurs ancêtres il y a deux mille ans.

Les Vénètes occupaient le Morbihan à l'époque de l'arrivée des Romains. Ce peuple, après s'être soumis à la première attaque, se repentit ensuite, prit les armes et opposa aux conquérants une des résistances les plus énergiques qu'ils aient rencontrées en Gaule. Il profita fort habilement de la disposition du sol, de cette disposition à laquelle le pays même devait son nom, c'est-à-dire des golfes nombreux par lesquels la mer a déchiré la côte, et qui forment une multitude de presqu'îles.

Les cités des Vénètes s'élevaient à la pointe de toutes ces péninsules dont la marée haute faisait autant d'îles inabordables aux troupes de terre. Lorsque les Romains avaient réussi, après de grandes peines, à s'emparer de quelqu'une de ces villes, ils ne tenaient pas pour cela les habitants, qui s'enfuyaient sur leurs vaisseaux avec tout ce qu'ils possédaient de plus précieux.

Les Vénètes avaient, en effet, une marine nombreuse, au moyen de laquelle ils entretenaient des relations fréquentes avec la Grande-Bretagne. Ils s'étaient rendus maîtres de la plupart des ports de cette côte et avaient imposé un tribut à tous ceux qui naviguaient dans leurs parages. Leurs vaisseaux de chêne, masses énormes, aux flancs épais, à la carène aplatie, à la proue haute comme une forteresse, aux voiles de peau, aux ancres pesantes, bravèrent d'abord les attaques des galères romaines comme elles bravaient le choc des flots dans les tempêtes.

Il fallut à César une tactique toute nouvelle. Il arma ses soldats de faux tranchantes placées au bout de longues perches avec lesquelles ils coupèrent les câbles des vaisseaux Vénètes. Ceux-ci, privés de l'usage de leurs voiles, masses inertes et immobiles, présentèrent un abordage facile et devinrent un champ de bataille où l'on combattit corps à corps. César avait rendu le combat naval semblable au combat de terre, et assuré la victoire aux Romains.

Ainsi se passa la dernière bataille livrée par les Vénètes, et pour laquelle ils avaient réuni dans le port de Dariorig (Dariorigum, que l'on croit être Auray) 220 navires. Les légions romaines sur les hauteurs, et le peuple de la ville sur les murailles, en contemplaient le spectacle. La plupart des Vénètes périrent dans les flots, les anciens de la cité dans les supplices ; le reste fut vendu à l'encan.

Le peuple du Morbihan a cessé depuis lors de former un corps de nation. Soumis aux Romains, il reçut en compensation de la servitude quelques avantages de la civilisation ; il vit son territoire sillonné par ces voies innombrables qui sont un des plus beaux titres de gloire des Romains.

Des recherches consciencieuses ont remis en lumière la plupart des voies romaines du Morbihan. On en trouve de toute grandeur, depuis 15 jusqu'à 70 pieds de large. Les landes, les lieux incultes et les forêts permettent de reconnaître fréquemment des tronçons de ces voies qui, au contraire, dans les lieux cultivés, ont la plupart du temps disparu sous les envahissements des propriétaires.

Ces voies retrouvées suivent en général une direction rectiligne, ce qui était au reste un caractère ordinaire des voies romaines, comme l'ont remarqué la plupart des savants qui se sont livrés à cette étude, comme l'observait déjà, chose curieuse, Beaumanoir dans ses Coutumes de Beauvaisis, au XIIIe siècle. Rencontrait-on une rivière, plutôt que de faire un détour, on construisait un gué artificiel. Ces routes s'offrent pavées de blocs de pierre bordés par d'autres blocs formant accotoirs. Sur les bords, à des distances de neuf ou dix lieues, on rencontre souvent des traces de stations ou mansions, qui marquaient les étapes des soldats romains et où ils trouvaient un abri et des magasins.

C'est ainsi qu'en 1835, un laboureur du village de Lescorno, près du bourg de Surzur, a découvert sur le bord de la voie romaine une pierre monumentale portant cette dédicace : Imperatori Caesari Piavonio Victorino Pio felici Augusto, et tout à l'entour des cendres entassées, des briques brisées, des vases en terre cuite, traces évidentes d'une station romaine. Quant à l'inscription, elle est très curieuse, puisqu'elle atteste la souveraineté d'un des successeurs de Posthumus dans les Gaules. Bien des noms de lieux rappellent la présence des Romains dans le pays : Voie (Via), Estrée, Estrelle, Estrac (Stratum), Les Millières (Milliarium), etc.

Ainsi l'occupation romaine fut aussi forte dans le Morbihan que dans le reste de la Gaule. Le commerce eut aussi quelque prospérité. La petite mer fut de nouveau visitée par les vaisseaux marchands sous son nouveau nom latin de Mare conclusum que lui donne César. On hésite toutefois à prononcer si César a désigné par là simplement le golfe du Morbihan, en avant de Vannes, ou l'espèce de bassin maritime formé par la presqu'île de Quiberon, les îles d'Houat et d'Hoedic, et qui reçoit la Vilaine.

Certains auteurs considèrent comme une colonie des Vénètes du Morbihan les Vénètes plus tard fondateurs de Venise, qui occupèrent le fond de la mer Adriatique. Après l'empire romain, l'histoire du pays qui nous occupe se confond avec celle des comtes de Vannes. Nous renvoyons à cette ville et à celles qui la suivent pour l'histoire ultérieure du département, qui, désormais, n'offre plus guère d'ensemble.

 

En présence de ce grand port naturel des Venètes que l’on a appelé Morbihan, mais que César nomme Venetia, de cette rade assez vaste pour renfermer toute la puissance maritime des Gaules, naves in Venetiam ubi Caesarem primum bellum gesturum constabat, quam plurimas possunt, cogunt, liv.III-9, offrant dans ses îles, dans les rivières de Vannes, d’Auray et de la Trinité-Carnac, des ports pour abriter leurs vaisseaux pendant les tempêtes de l'équinoxe, retenant la flotte romaine à l'embouchure de la Loire, liv. III-12, ces oppida, où ils pouvaient successivement transporter indifféremment tous leurs biens, leurs approvisionnements et leurs troupes de terre ; le plan de campagne de César lui était imposé par la nature des lieux ; il n'y avait pas de capitale à assiéger et à prendre avec ses légions, mais une flotte à attaquer et à vaincre sur mer, pour cela César fut obligé de se confier à la sienne et à sa bonne fortune qui lui livra la flotte gauloise.

Des personnages pré-tirés sont fournis. Si ceux-ci ne vous conviennent pas ou si vous préférez faire tirer les personnages, sachez que la seule obligation est qu'un des personnages soit Chevalier (noble).

La Toile de Fond

La péninsule armoricaine correspond à la Bretagne actuelle. Elle est le territoire de 5 tribus gauloises : les Vénètes, les Ossismes, les Redons, les Namnètes et les Coriosolites. Les personnages appartiennent à cette dernière tribu.

La péninsule doit sa prospérité au commerce de l'étain. Celui-ci est produit sur la verte Eireann et en Bretagne, acheté sur place et transporté par les Armoricains. Les Vénètes les plus habiles navigateurs de la côte atlantique dispose à ce titre du monopole du commerce de l'étain avec les marchands grecs. L'ensemble des peuples de la péninsule profite de ce commerce d'une manière ou d'une autre : en effectuant une partie du transport, en commerçant avec la Bretagne ou en transformant le métal.

Des guerres opposent parfois les différentes tribus et les frontières fluctuent de temps à autres, mais la supériorité maritime des Vénètes leur a toujours permis de conserver le leadership.

Comme dans le reste de la Gaule, le rejet de la Royauté gagne l'Armorique. Si les Ossismes sont dotés d'une reine et les Redons d'un Roi, Coriosolites, Vénètes et Namnètes ont un Vergobret, magistrat élu pour un an et faisant office de roi temporaire. Les Vergobrets ne sont pas rééligibles après leur mandat.

L'Armorique est également gagnée par le phénomène des Oppida permanentes (proto-urbanisation). Les Vénètes occupent de nombreux éperons rocheux de la côte sud et leur capitale Darioritum est un port florissant rappellant une ville. Condate et Condalo occupent une forte population permanente d'artisans et de commerçants. Vorgium et Lugdunum ne sont encore que collines fortifiées à vocation essentiellement militaire.

Le paysage de l'Armorique diffère en de nombreux points de celui de la Bretagne actuelle. Les landes sont encore peu nombreuses bien que présentes sur les Monts d'Arrhée. C'est la forêt qui règne en maître sur l'Argoat, l'intérieur des terres. Sa faune également est plus sauvage : les loups, les cerfs et les bièvres habitent la forêt armoricaine. On peut même y rencontrer de façon épisodique Aurochs, ours et même lions d'Europe.

L'Armorique n'en est pas moins une terre civilisée à l'échelle de valeur des Celtes. Commerce, agriculture, artisanat du fer et du bronze y prospèrent. C'est également un haut lieu de magie et de connaissance : les druides et bardes y sont très respectés, l'île de Sena abritent des prophétesse nues qui forment des Guerriers Magiciens, les nombreux dolmens, caerns et menhir constituent autant de points de contact avec les Fées et l'Autre Monde.

La Fine des Volcii

Les personnages sont liés à une fine (clan) des Coriosolites du doux nom de Volcii. Le Chevalier du groupe en est le chef et sa résidence est entourée d'un village de taille conséquente. Ce village se situe à l'intérieur des terres, dans un territoire très vallonnée entouré de forêts.

Les personnalités du village sont : Sucellos le chef (PJ), sa femme Briganta, le plus vieux Druide Galba, le Barde Luernos (PJ), le mèdecin Pennovindos, une dizaine d'ambacts dont Brennos (PJ).

En cette année 56 avant Jésus-Christ, César a soumis les Celtes de Belgique.
Il est parti pour l’Illyrie, une frontière sensible de l’empire.
En Armorique, Llewedd organise la rébellion.
Son peuple les Vénètes qui ont donné leur nom à votre ville de Vannes font semblant de se soumettre en donnant des otages.
Llewedd, Gaulois de souche Celte, s

Le Golfe du Morbihan, la petite mer

Véritable petite mer (mor bihan en breton) parsemée d'une quarantaine d'îles et ilôts, le Golfe du Morbihan constitue l'un des plus beaux paysages de Bretagne. Baies tranquilles et marais salants forment le décor de l'est du Golfe, véritable paradis pour les passionnés d'ornithologie. La partie ouest du golfe est le domaine des marins, les chenaux sinuant entre les îles et remontant par les rivières vers l'intérieur des terres. Le Golfe est également d'une grande richesse historique. Les nombreux sites mégalithiques sont témoin de l'installation très ancienne de civilisations humaines autour du golfe. Les Vénètes occuperont plus tard ces lieux et résisteront à Jules César, étant finalement battus lors d'une fameuse bataille navale. Le trafic maritime et le commerce qui en découlent feront ensuite la richesse du golfe et permettront le développement de Vannes et Auray, aujourd'hui admirablement conservées. Aujourd'hui le Golfe vit surtout du tourisme et constitue l'une des destinations les plus prisées de Bretagne. C'est en particulier un paradis pour les fous de voile. Enfin, impossible de ne pas évoquer le fameux micro-climat du golfe ... Chaque coin de Bretagne prétend avoir son micro-climat, mais celui du Golfe n'est pas une légende ! L'influence du Gulf Stream, la force des courants dans le golfe et l'importante masse d'eau assurent un climat doux et plutôt ensoleillé. Saviez-vous que les précipitations à Vannes sont moins importantes à Biarritz et que la région bénéficie d'un ensoleillement équivalent à celui de Toulouse ?

 Presqu'île de Quiberon

A l'origine, Quiberon était une île ! Mais les courants marins ont peu à peu déposé du sable, des galets, des alluvions, et Quiberon est devenue une presqu'île. Preuve de la consitution récente de la presqu'île, l'isthme dans sa partie la plus étroite est juste assez large pour laisser passer uneroute et une voie ferrée ! La presqu'île forme une véritable barrière naturelle, donnant à la presqu'île deux visages radicalement différents. La partie est de la presqu'île protégée des vents, est d'un calme impressionnant. Tout le contraire des assauts déchaînés de l'Atlantique sur la partie ouest de la presqu'île, plus connue sous le nom de Côte Sauvage. La position face aux vents d'ouest de la Côte Sauvage est synonyme de spectacle fascinant lors des tempêtes d'hiver : c'est sans doute à cet endroit que la mer en furie est la plus impressionnante en Bretagne ! Mais c'est surtout l'été que la presqu'île attire les foules de touristes. Première destination des estivants en Bretagne, la presqu'île prend alors de véritables allures de Côte d'Azur (d'autant que la presqu'île de Quiberon bénéficie d'autant d'ensoleillement que Cannes !). Les touristes peuvent profiter des nombreuses activités possibles sur la presqu'île : plages, voile, planche, surf, char à voile, centre de thalassothérapie, casino, discothèques branchées, ... A noter que le port de Quiberon, Port Maria, est le point de départ des liaisons maritimes vers Belle-Ile-en-Mer, Houat ou Hoedic. A titre personnel, je préfère la presqu'île de Quiberon hors saison, et c'est d'ailleurs hors saison, vers Noël 2002, que j'ai pris les photos ci-dessous, le lendemain d'un gros coup de vent sur la Bretagne.

 La Trinité-sur-Mer

La Trinité-sur-Mer est incontestablement "La Mecque" des sports de voile ! Méritation réputée pour un port qui a vu naître les plus grandes légendes de la course au large. Tabarly, Poupon, Riguidel, Caradec, Lamazou, Kersauzon, les frères Peyron, Gautier, Bourgnon : tous ont commencé à naviguer à La Trinité-sur-Mer ... et font un peu oublier que Jean-Marie Le Pen a lui aussi commencé sa carrière dans le coin! Les écoles de voile et les nombreuses régates à partir du printemps (la plus importante étant le Spi Ouest-France le week-end de Pâques) attirent la foule dans ce vieux village qui a également charmé les plus grands photographes marins comme Philip Plisson ou Jacques Vapillon. Mais on aurait tort de limiter l'intérêt de La Trinité-sur-Mer à ce pôle plaisance. Les rues qui dominent le port autour de l'église ont beaucoup de charme et les paysages autour de La Trinité-sur-Mer sont superbes, en particulier la rivière de Crac'h dont on a une superbe vue depuis le pont de Kérispert. Bref, un port, un village et une région à découvrir d'urgence !

 Auray

Au fond de la rivière qui porte son nom, Auray s'est développée à flanc de colline. La position stratégique du site est à l'origine de son peuplement très ancien. C'est toujours cet emplacement stratégique qui permit à Auray de développer ses activités commerciales. De cette époque, la ville a d'ailleurs conservé de nombreuses maisons à pans de bois, en particulier dans le sympathique port de Saint-Goustan, au pied de la ville. La région alréenne compte également un grand nom de la chouannerie : Georges Cadoudal. Ce fils de cultivateur devint un des principaux chefs de la chouannerie dans le Morbihan. Au jourd'hui son emplacement idéal pour découvrir les beautés de la région fait de Auray un centre touristique important. La production ostréïcole sur la rivière d'Auray est l'autre activité importante de la région.

 Le Bono

A la rencontre de la rivière du Sal et de la rivière d'Auray, Le Bono est l'un de ces petits ports de charme dont la Bretagne a le secret ! Le site encaissé et boisé est superbe, et le village dégage beaucoup de charme. Un pont suspendu, utilisé aujourd'hui uniquement par les piétons, offre une belle vue sur la rivière et sur le port. Les habitants du Bono, les bonovistes, ont la réputation d'être d'excellents marins. Le Bono n'a longtemps vécu que de la pêche, le village donnant même naissance à un voilier, le forban, chaloupe en chêne à deux mats, réputée pour ses qualités de vitesse et de maniabilité ... bien utiles pour les pirateries et la contrebande ! Aujourd'hui l'ostréiculture est la principale activité économique avec le tourisme bien sûr.

 Vannes

La capitale du Morbihan est l'une des plus belles villes de Bretagne, voire la plus belle (enfin ce n'est qu'un avis personnel !). Dans un décor superbe au fond du Golfe du Morbihan, Vannes allie le charme des vieilles cités médiévales et celui des ports de plaisance. L'Histoire de Vannes est également très riche. On pense immédiatement aux Vénètes, puissante tribu gauloise de marins intrépides, qui osa attaquer la flotte de Jules César à l'entrée du Golfe du Morbihan en 56 avant J.-C. ; l'effet de surprise leur permit d'abord de prendre le dessus, mais le vent tomba soudainement, paralysant les voiliers vénètes et favorisant les galères romaines quiremportèrent la victoire. Sous l'occupation romaine, la ville se développe sous le nom de Darioritum. Son port lui permet de devenir une cité commerciale florissante. Reliée aux grandes villes gallo-romaines par des voies de communication terrestres, Darioritum est l'une des cinq grandes cités de ce qui est encore à l'époque l'Armorique. Le déclin de l'Empire Romain marque la fin de la prospérité. La ville est livrée aux razzias des barbares et des pirates. C'est l'époque de la christianisation de la ville par Saint-Pattern. Peu à peu l'immigration bretonne depuis ce qui était à l'époque l'Ile de Bretagne (Cornouaille, Pays de Galles) s'accentue et Vannes devient le fief des premiers chefs bretons qui mènent la guerre contre les Francs. Mais c'est Nominoë, comte de Vannes, et placé par Saint-Louis à la tête de la Province de Bretagne qui donnera toute son importance à Vannes. Il posera les bases de l'indépendance bretonne à travers un royaume breton. Son fils Erispoë en sera le premier roi et Vannes sa première capitale (détrônée plus tard par Nantes). Les hasards de l'Histoire feront que c'est à Vannes que sera signé l'acte d'union du duché de Bretagne au Royaume de France ... La ville connaît à nouveau une période de grande prospérité aux XVIème et XVIIème siècle, abritant même momentanément le Parlement de Bretagne après la révolte du Papier Timbré. C'est sans doute pour cette raisons que Vannes restera farouchement royaliste et chrétienne durant la Révolution. Ville administrative et de garnison, Vannes est aujourd'hui une cité dynamique sur les plans économique, culturel et touristique. La ville jouit d'une superbe image grâce à son cadre de vie privilégié et son climat agréable qui attire de nombreux actifs dans la région. A titre personnel, j'ai été étudiant pendant 2 ans à Vannes et je garde un excellent souvenir de cette cité que je prends beaucoup de plaisir à visiter encore et encore !



 Séné

Bâtie sur une presqu'île dans la partie Est du Golfe du Morbihan, Séné s'est naturellement tournée vers les activités liées à la mer. Et pas seulement la pêche ... Les sinagots (nom des habitants de Séné) ont donné leur nom à une petite embarcation superbe, le sinagot, réputé pour sa vitesse et son extrême maniabilité. Ces avantages et la connaissance parfaite des eaux du Golfe leur permettaient de déjouer facilement l'attention des gardes-côtes ! Et les sinagots avaient une véritable réputation de pirates et de contrebandiers ... Mais qu'on se rassure, ce n'est plus vrai aujourd'hui ;-) La passion actuelle pour les vieux gréements a amené certains à reconstruire ces sinagots à la silhouette inimitable. Séné offre de beaux points de vue sur les îles du Golfe, en particulier autour de Port-Anna (lieu d'embarcation vers l'Ile d'Arz). D'anciennes salines forment aujourd'hui la réserve ornithologique de Falguérec. Les photos suivantes ont été prises au soleil couchant ... et par chance deux montgolfières ont fait à cet instant leur apparition dans le ciel d'azur du Golfe du Morbihan. Inoubliable ...

 

ait que les peuples de la Gaule se

Il semblerait que l'histoire de Bretagne ne peut commencer avant que les Bretons, c'est-à-dire les "indigènes" de la Grande Bretagne, chassés de leur île par la guerre et contraints de chercher un refuge en Gaule, n'aient mis pour la première fois le pied sur notre sol, ce qui n'eut lieu que de 455 à 460 après Jésus-Christ. Vous découvrirez avec plaisir cette belle histoire de Bretagne !

 

 

 

HISTOIRE DE BRETAGNE

 

Les Origines

Avant l'histoire.- Il y a des milliers d'années que les premiers habitants sont apparus dans notre pays. Ils venaient de l'Est, groupés en tribus nombreuses. Ils devaient être grands et forts : les squelettes que l'on a trouvés de cette époque mesurent plus de 1 m. 80. Ce sont eux qui ont élevé les monuments mégalithiques : dolmens ou tables de pierre, menhirs ou pierres longues, dressées comme des colonnes, cromlechs (cercle de menhirs), alignements (rangées de menhirs). C'est en Bretagne que ces monuments sont le plus nombreux, surtout dans le Morbihan. On ne connaît pas au juste leur destination. On croit cependant que les dolmens étaient, non pas des autels pour les sacrifices humains, mais des pierres tombales. Les monuments les plus célèbres sont ceux de Carnac et de Locmariaquer (Morbihan). Les alignements de Carnac comprennent encore près de 3.000 pierres. On voit à Locmariaquer un beau dolmen appelé la Table des Marchands et un grand menhir, malheureusement brisé, qui mesurait 23 mètres et pesait 300.000 kg. Les hommes de cette époque n'avaient que des armes et des outils de pierre. On les appelle les hommes de la pierre polie.

Les Gaulois. - Les hommes de l'âge de pierre furent vaincus et remplacés, il y a plus de deux mille ans, par d'autres hommes qui avaient des armes et des outils en fer. C'étaient les Celtes ou Gaulois. Ils appelèrent la presqu'île « Armorique » ou pays au bord de la mer et l'organisèrent en cités, correspondant un peu à nos départements actuels. La plus puissante fut celle des Vénètes, au pays de Vannes.

Les Romains. - Cinquante ans avant Nôtre-Seigneur Jésus-Christ, la Gaule entière fut soumise par les Romains, commandés par un général remarquable, Jules César. Les Gaulois d'Armorique, les Vénètes surtout, leur résistèrent avec un grand courage. Mais les Vénètes furent vaincus dans une grande bataille navale et les Romains occupèrent le pays pendant cinq cents ans. Ils bâtirent des villes et les relièrent par des routes admirables, les « voies romaines ». Peu à peu, les Gaulois adoptèrent la langue et la civilisation des Romains : ils devinrent les Gallo-Romains.

A partir du IIIème siècle, le christianisme se répandit peu à peu en Armorique et fut persécuté par les Romains. Les martyrs les plus connus de cette époque sont les « Enfants Nantais » : saints Donatien et Rogatien. Lorsque l'Empire fut envahi par les Barbares, les Romains retirèrent leurs soldats et l'Armorique se trouva sans défenseurs contre les pirates du Nord et de la Germanie. Elle fut pillée, incendiée et dépeuplée.

Arrivée des Bretons. - Il y avait alors en Angleterre ou en Grande-Bretagne des hommes de la même race que les Gaulois, mais qui étaient déjà chrétiens et qui avaient conservé leur langue et leurs usages. C'étaient les Bretons. Ils furent attaqués par des Barbares venus de la Germanie, les Saxons et les Angles, qui les refoulèrent à l'Ouest, dans les montagnes du pays de Galles et dans la Cornouaille britannique. Pour rester libres, un grand nombre de Bretons quittèrent la Grande-Bretagne et vinrent s'établir en Armorique, qu'ils savaient toute proche et presque déserte. Ces émigrations, commencées à la fin du Vème siècle, durèrent deux cents ans et se firent par petits groupes, sous la conduite des moines et des chefs de clans. Les moines furent amenés à créer des paroisses, qui ont souvent gardé dans leur nom celui du saint qui les a fondées. C'est le cas des paroisses dont le nom commence par lan, plou ou tré. Le mot Lan indiquerait l'ermitage du saint, le mot Plou la paroisse fondée par lui, le mot Tré, le hameau qui s'est bâti, autour de l’ermitage. Les saints, en effet, ont été les véritables fondateurs, les Pères de la patrie bretonne. Retenons au moins les noms des Sept-Saints, C'est-à-dire des fondateurs des sept évêchés de langue bretonne, en l'honneur desquels nos pères faisaient, le pèlerinage du Tro-Breiz ou Tour de Bretagne ; Saint Samson (Dol), Saint Malo, Saint Brieuc, Saint Tudual (Tréguier), Saint Pol de Léon, Saint Corentin (Quimper), saint Patern (Vannes). On peut ajouter Saint Guénolé, premier abbé de Landévennec. Citons aussi un roi, Saint Judicaël, qui régna sur le Nord de la Bretagne. Une partie de l'Armorique, comprenant les pays de Nantes et de Rennes, resta gallo-romaine. Les Bretons eurent à lutter contre les Gallo-Romains et contre les Francs. Ils furent à peu prés soumis par Charlemagne et Louis le Débonnaire ; mais ils allaient profiter de la faiblesse de Charles le Chauve pour se rendre indépendants.

 

 La nation bretonne (845-1532)

Le royaume de Bretagne. - Après la mort de Louis le Débonnaire, Nominoé, gouverneur de la Bretagne, souleva tous les Bretons contre Charles le Chauve et le vainquit à Ballon (près de Redon), en 845. Nominoé a fondé l'unité et l'indépendance bretonnes. Le royaume de Bretagne a été gouverné d'abord par Nominoé, puis par son fils Erispoé, ensuite par Salomon, qui fut le plus puissant de nos rois. A sa mort, la Bretagne, divisée, fut envahie par les Normands ; mais elle fut délivrée par Alain le Grand, qui les vainquit à Questembert et fut le dernier roi de Bretagne.

Le duché de Bretagne. - Les principaux ducs de Bretagne furent Alain Fergent, Conan III, Jean IV le Conquérant et Jean V le Sage. Pendant la guerre de Cent Ans, la Bretagne fut déchirée par la guerre civile. La couronne ducale se trouva disputée entre Jean de Montfort, soutenu par les Anglais, et Charles de Blois, appuyé par les Français. La guerre dura 23 ans, et se termina par la victoire de Montfort à Auray (1364) et le traité de Guérande. Le dernier duc fut François II qui lutta toute sa vie contre Louis XI, puis contre Anne de Beaujeu, pour maintenir l'indépendance bretonne. Il fut vaincu en 1488 à Saint-Aubin-du-Cormier.

Réunion de la Bretagne à la France. - Sa fille, la duchesse Anne n'avait pas douze ans, lorsqu'elle monta sur le trône (1488). Pendant trois ans, elle continua la résistance, mais abandonnée et à bout de ressources, elle accepte en 1491 la main du roi de France Charles VIII, puis, en 1499, après la mort de Charles VIII, celle de Louis XII. Plus tard, sa fille Claude épousa François Ier. Cependant la Bretagne ne devint province française qu'en 1532, à la suite du consentement des Etats de Vannes. Le traité d'union maintenait les « droits, privilèges et libertés » du duché.

Conclusion. - Convoitée par l'Angleterre et par la France, constamment en guerre avec l'une ou l'autre de ces puissantes voisines, la Bretagne a réussi à garder son indépendance pendant 700 ans. Elle a eu ses souverains, les rois, puis les ducs ; son armée et sa marine ; son Université, son Parlement et ses Etats. La Bretagne est française depuis quatre siècles. En 1532, elle s'est unie à la France en toute loyauté. Elle a donné surabondamment, surtout pendant la dernière guerre, la meilleure preuve de sa fidélité, la preuve du sang. Le monument grandiose de Sainte-Anne d'Auray rappellera aux générations futures le sacrifice des 200.000 Bretons morts pour la France.

Les saints et les grands hommes de la nation bretonne. - Saint Convoïon (IXe siècle) a fondé le monastère de Redon et contribué, avec Nominoé, à établir le royaume de Bretagne. Au Xème siècle, Jean, abbé de Landévennec, a aidé Alain Barbe-Torte à chasser les Normands de notre pays. Saint Yves, de Tréguier (XIIIème siècle) a été l'avocat des pauvres. Il a rempli les fonctions de juge ecclésiastique et de recteur; il a fait de nombreux miracles. Saint Yves est devenu le patron de la Bretagne ; il est aussi le patron des hommes de loi. Au XIVème siècle, la Bretagne a été évangélisée par le célèbre prédicateur espagnol Saint Vincent Ferrier, qui est mort à Vannes. Nous comptons parmi nos souverains : le bienheureux Charles de Blois et la bienheureuse Françoise d'Amboise.

La Bretagne a fourni à la France, pendant la guerre de Cent ans, trois grand connétables : Bertrand du Guesclin, Olivier de Clisson et Arthur de Richement. Ce dernier acheva, par sa victoire de Formigny, l'œuvre de Sainte Jeanne d'Arc, puis devint duc de Bretagne, sous le nom d'Arthur III. Parmi les Bretons de cette époque qui se sont distingués dans les lettres ou dans les arts, citons Pierre le Baud, aumônier de la Reine Anne, qui a écrit une Histoire de Bretagne ; le grammairien Jehan Lagadeuc, de Plougonven, auteur d'un Vocabulaire breton-latin-français, qui est peut-être le premier ouvrage imprimé en breton ; le sculpteur Michel Colombe, qui a orné le tombeau du duc François II à Nantes, tombeau considéré comme l'un des chefs-d'œuvre de la Renaissance.

Le gouvernement ducal :

1° LE DUC. - Bien que prêtant hommage au roi de France, le duc de Bretagne était un véritable souverain. Mais son gouvernement n'était pas absolu. Il partageait le pouvoir avec son Conseil, les Etats et le Parlement.

2° LE CONSEIL comprenait les membres de la famille ducale, les prélats et les ministres : le chancelier, le trésorier, le président ou juge universel, le maréchal et l'amiral.

3° LES ÉTATS DE BRETAGNE, c'était la réunion des députés des trois ordres de la société bretonne. Le clergé était représenté par les neuf évêques, les délégués de leurs chapitres, et les abbés des monastères ; la noblesse, par les barons et les seigneurs ; le tiers état, ou plutôt la bourgeoisie, par les représentants des 42 villes principales. Les Etats exerçaient le pouvoir législatif : avec le duc, ils fixaient les lois et les coutumes. Et surtout, ils discutaient, votaient, répartissaient et faisaient recouvrer les impôts. En plus, ils servirent de Cour d'appel jusqu'à la création du Parlement. Les Etats se réunissaient tous les ans dans une des villes les plus importantes. Convoqués pour la première fois en 1185, ils se réunirent pour la dernière fois en 1788.

4° Le PARLEMENT DE BRETAGNE, c'était le tribunal suprême des Bretons. Il siégeait à Rennes et servait de Cour d'Appel. Créé par le duc François II, en 1485, le Parlement subsista jusqu'à la Révolution.

Le fondateur de la Bretagne : Nominoé. - Les vieux Saints avaient fondé le peuple breton ; Nominoé l'a constitué en nation, assurant ainsi, pour de longs siècles, son existence, son indépendance, la persistance et le développement de son génie et de son caractère national; sans lui, depuis bien longtemps, il n'y aurait plus de Bretagne ni de Bretons.

Quand on regarde aux moyens qu'il a mis en œuvre, on ne sait ce qu'il faut le plus admirer, ou la longue et difficile, mais très efficace préparation menée par lui, avec une habileté et une patience sans pareilles, ou l'exécution rapide, résolue, foudroyante.

Quinze ans de préparation, puis l'exécution enlevée en quatre campagnes ou, pour mieux dire, d’un seul coup, dans la prodigieuse bataille de Ballon, où l'on voit Nominoé, après avoir refait à loisir la force de la Bretagne, la tenant tout entière dans sa main, la lancer d'un bras puissant, comme une avalanche, sur l'immense armée royale qui, après deux jours de grande bataille, est anéantie, désastre honteux ! pendant que le puissant roi s'enfuit comme un lièvre et n’osera plus, de toute sa vie, regarder Nominoé.

D'après Arthur de la Borderie (Histoire de Bretagne)

Le Combat des Trente. - C'était pendant la guerre de la Succession de Bretagne (au temps de la guerre de Cent Ans, sous le règne de Jean le Bon). Les Anglais pillaient et rançonnaient « ceux qui sèment le blé ». Pour venger les paysans, le gouverneur breton de Josselin Robert de Beaumanoir, proposa à Richard Bembro, gouverneur anglais de Ploermel, de se battre à trente contre trente, dans la lande de Mi-Voie, à égale distance de Ploermel et de Josselin. Le défi fut accepté et le combat eut lieu, entre trente Bretons et trente Anglais, le samedi 26 mars 1351. « Au premier choc, quatre Bretons et deux Anglais furent tués. Les autres se reposèrent, burent du vin qu'ils avaient apporté en bouteilles, raccommodèrent leurs armes et bandèrent leurs plaies. Puis le combat recommença à coups d'épée et de hache. Un des Bretons qui était resté à cheval tandis que les autres combattaient à pied, décida du sort de la journée. Huit Anglais et Bembro lui-même restèrent sur le terrain ; les autres, incapables de se défendre, furent faits prisonniers et emmenés à Josselin. Des deux côtés, tous ceux qui avaient pris part à cette lutte étaient couverts de blessures. Vingt-deux ans après le combat des Trente, je vis à la table du roi un des combattants qu'on appelait Even Charuel (de Plouigneau). On voyait à son visage que l'affaire avait été chaude, car il était tout balafré ».

(d'après Froissard)

C'est au cours de ce combat que Beaumanoir, blessé, se plaignant de la soif, reçut d'un des siens cette légendaire réponse : « Bois ton sang, Beaumanoir, ta soif passera ! » . Un obélisque en granit a été élevé en 1823 à Mi-Voie pour perpétuer le souvenir de ce glorieux fait d'armes.

Portrait du bienheureux Charles de Blois. - Charles de Blois était un prince affable, d’une piété singulière, d'une austérité de vie égale à celle des moines les plus pénitents; patient dans les adversités, humble dans tous les états de la vie, charitable envers les pauvres sans acception de personnes dans l'administration de la justice : dur à lui seul, saluant les plus petits, vivant en égal avec la noblesse, et en frère avec les pauvres. Sa table était frugale et ses repas accompagnés de la lecture des livres saints, ses jeûnes étaient fréquents et rigoureux et ses exercices de piété continuels. Il faisait à son corps une guerre sans relâche. Il dérobait à ses soins les plus pressants de quoi faire l'aumône à ceux qui étaient dans l'indigence, au point qu'un jour, n'ayant plus rien à donner à un pauvre qu'il rencontra, il lui laissa son manteau.

Dom LOBINEAU, Histoire de Bretagne.

Le couronnement d'un duc de Bretagne. - Jean V n'avait que douze ans à la mort de son père. Sa mère le conduisit à Rennes, pour accomplir la cérémonie traditionnelle de la première entrée dans la capitale du pays pour se faire couronner. Reportons-nous donc par la pensée au 22 mars 1401. La duchesse est arrêtée à la porte Mordelaise dont les tours crénelées subsistent encore et le jeune duc demande l'entrée de sa bonne ville. Les bourgeois sont en liesse, les fenêtres s'égaient des coiffes compliquées des bourgeoises et des damoiselles. Un brillant cortège attend le prince derrière la porte : les barons de Bretagne sont là. La porte cependant reste fermée et ne s'ouvre que lorsque le duc a prêté serment entre les mains d Olivier de Clisson et du plus ancien chanoine : « Vous jurez à Dieu, lui demandent-ils, de défendre la foi catholique et l'Eglise de Bretagne, d'observer les droits des nobles et de rendre vraie justice au peuple ? » - Et le duc répond : « Je le jure ! ». La porte s'ouvre alors devant lui. Suivi de la foule, il franchit les quelques pas qui le séparent de la Cathédrale, où il entre pour veiller toute la nuit jusqu'après le chant de matines. Le duc rentra à son logis se reposer quelques instants, puis on vint le chercher en procession... La messe du Saint-Esprit fut célébrée devant lui, deux chanoines portant à ses côtés son épée et la couronne. La messe dite, on lui remit son épée nue, puis on la lui ceignit en lui disant : «On vous a donné cette épée au nom de saint Pierre, comme anciennement on l'a donnée aux rois et ducs de Bretagne, vos prédécesseurs, pour défendre l'Eglise et le peuple qui vous est confié». Lui posant la couronne sur le front, l'évêque officiant ajouta : «On vous donne ce cercle au nom de Dieu. Ce cercle désigne que vous recevez votre puissance de Dieu, qui, comme cercle rond, n'a ni commencement ni fin. Dieu vous donnera couronne perpétuelle en Paradis, si vous faites votre devoir par bon gouvernement... ». La cérémonie terminée, la procession se développa, suivant l'usage, en faisant le tour extérieur de l'église, le duc marchant le dernier, l'épée nue à la main. Le défilé rentra par la grande porte et le duc s'avança vers l'autel y déposer son offrande. Accompagné de ses prélats et de ses barons, il monta ensuite à cheval et se rendit à la cohue (halles) de Rennes où un somptueux banquet avait été préparé. Cette cérémonie symbolique montre la haute idée que les Bretons concevaient de la dignité de leur duc et le rappel des rois bretons témoigne de leurs prétentions à maintenir dans leur intégralité les prérogatives légendaires qu'ils réclamaient pour leur pays.

D’après Du Cleuziou

Les funérailles de la reine Anne, duchesse de Bretagne (morte au château de Blois le 9 Janvier 1514). - ... Sa perte fut vivement ressentie par tout le duché, qui s'unit véritablement à la France pour les funérailles magnifiques qui lui furent faites à Notre-Dame de Paris, dans la lumière de 4.000 cierges et les pompes fastueuses dont parlent les narrateurs. L'inhumation eut lieu à Saint-Denys, mais le cœur, suivant la volonté de la souveraine, qui avait aimé son pays «plus qu'autre au monde», enfermé dans un cœur d'or, fut déposé dans le mausolée des Carmes à Nantes. La translation fut l'objet de solennités nouvelles et aussi magnifiques que l'avaient été les funérailles. Sous un poële de drap d'or, le fidèle conseiller Philippe de Montauban, chancelier de Bretagne, portait le précieux dépôt à travers les rues tendues de blanc et éclairées à toutes les fenêtres des maisons de deux cierges aux armes de la reine. Suivaient le long cortège des notabilités de la magistrature, de la noblesse, du clergé, des bourgeois de la ville et la foule en deuil.

Marthe Le Berre

 

La province de Bretagne (1532-1790)

Après sa réunion à la France, la Bretagne, sagement gouvernée par ses Etats et par son Parlement, vécut en paix jusqu'aux guerres de Religion.

La Ligue en Bretagne. - La Réforme, introduite en Bretagne au XVIème siècle par un prince de Coligny, ne se répandit pas dans la masse paysanne ; seuls, des nobles, en assez grand nombre, et des bourgeois se firent protestants et la province ne compta jamais plus de quinze églises protestantes. Les Réformés provoquèrent des troubles à Nantes et à Rennes et s'emparèrent, pour quelques jours, de Concarneau, en 1577. La Bretagne ne connut pas les massacres de la Saint-Barthélemy et le pays fut assez tranquille jusqu'à l'assassinat des Guise. A ce moment, la province était gouvernée par le duc de Mercoeur, beau-frère de Henri III. C'était un catholique zélé, mais un prince ambitieux. (On croit qu'il pensa devenir duc de Bretagne ). Il se révolta contre le roi et entraîna à sa suite presque toutes les villes, avec Nantes, dont il fît sa capitale. Ce fut la guerre civile : il y eut en Bretagne deux gouverneurs, deux Parlements, deux capitales. Mercoeur et les partisans de la Ligue refusèrent de reconnaître Henri IV, même après sa conversion. Ils firent appel à l'Espagne, pendant que le roi faisait venir les Anglais. Le maréchal d'Aumont, commandant les troupes royales, s'empara de Morlaix, de Quimper et du fort espagnol de Roscanvel. Mercoeur finit par se soumettre et Henri IV vint à Nantes, où il publia le célèbre édit qui terminait les guerres de Religion. La Bretagne en sortait ruinée. Pendant neuf ans, le pays avait été désolé par la famine, la peste et les incursions des loups, ravagé par les troupes des deux partis et pillé par des brigands, dont le plus néfaste fut La Fontenelle.

La Révolte du Papier timbré. - La paix fut encore troublée sous le règne de Louis XIV. Les impôts étaient déjà lourds dans un pays où le prix de toutes choses avait baissé. La guerre de Hollande, les constructions de Versailles et le luxe de la Cour amenèrent Louis XIV à créer des impôts nouveaux : il fallut désormais employer du papier timbré pour rédiger les actes, l'Etat prit le monopole de la vente du tabac et établit un droit sur l'usage de la vaisselle d'étain. Ces nouvelles taxes causèrent un vif mécontentement en Bretagne, principalement à Rennes, à Nantes et en Cornouaille ; elles y amenèrent la révolte dite du « Papier timbré » ou des « Bonnets rouges ». Les paysans de quarante paroisses prirent les armes. Des nobles furent maltraités, des châteaux incendiés, des villes menacées, des bureaux de timbre et de tabac saccagés. Les révoltés exprimèrent leurs revendications dans un Code paysan, rédigé à N.-D. de Tréminou, près de Pont-l'Abbé ; ils y réclamaient l'adoucissement et parfois la suppression des droits seigneuriaux. Les paysans formaient le plus souvent des bandes indisciplinées, se livrant au pillage et à la boisson. Dans le pays de Carhaix, où l'agitation fut la plus vive, ils trouvèrent un chef en Sébastien Le Balp, « notaire taré, mais intelligent et énergique ». La mort de Le Balp mit fin à la révolte. La répression fut impitoyable, malgré les interventions du Père Maunoir. Le duc de Chaulnes, gouverneur de Bretagne, fit pendre les meneurs qui ne purent s'enfuir. Les cloches qui avaient donné le signal de la révolte furent descendues ; on décapita quelques clochers (Lambour et Combrit, dans le pays bigouden). On détruisit un faubourg de Rennes qui avait alimenté l'émeute, et ses habitants furent jetés à la rue. Le Parlement fut exilé à Vannes où il resta quinze ans. 10.000 soldats occupèrent la Bretagne et la traitèrent en pays conquis. Les prédications du Père Maunoir contribuèrent beaucoup à apaiser les esprits. A cette époque commence le célèbre pèlerinage de Sainte-Anne d'Auray.

Administration de la province. - La province de Bretagne était administrée, au nom du roi de France, par un gouverneur (parmi les gouverneurs de Bretagne, il convient de citer Richelieu, le grand ministre de Louis XIII) et un intendant. Elle conserva jusqu'à la Révolution ses Etats et son Parlement, qui défendirent avec fermeté les libertés de la province. Les édits du roi ne devenaient obligatoires en Bretagne qu'après avoir été enregistrés par le Parlement de Rennes.

Les saints et les grands hommes de la province de Bretagne. - Les Vénérables Dom Michel Le Nobletz et son successeur Julien Maunoir établirent les Missions bretonnes, comme elles se donnent encore aujourd'hui et s'appliquèrent à soulager les misères causées par les troubles de la Ligue et la Révolte du Papier timbré ; leur prédication a beaucoup contribué à la Renaissance religieuse du XVIème siècle. Plus tard, le Bienheureux Grignion de Montfort a prêché des missions dans les pays de Nantes et de Rennes et fondé la Congrégation des Filles de la Sagesse. Le Malouin Jacques Cartier découvrit au XVIème siècle Terre-Neuve et le Canada. Le Nantais Cassard et Duguay-Trouin, de Saint-Malo, s'illustrèrent dans la guerre de Course sous Louis XIV. Au XVIIIème siècle, l'amiral de Kerguélen, né à Landudal, a découvert dans l'Océan Indien les îles qui portent son nom. Au temps de la Ligue, le savant juriste Bertrand d'Argentré, a étudié et soutenu le droit breton. Au XVIIIème siècle, La Chalotais, procureur général au Parlement de Rennes, défendit les libertés bretonnes de la province. Le quimpérois Elie Fréron, critique et polémiste redoutable, combattit toute sa vie Voltaire et les philosophes. La langue bretonne a été étudiée par le père Maunoir, puis par le père Grégoire de Rostrenen qui ont publié tous deux une grammaire, un vocabulaire et des cantiques. L'histoire de Bretagne a été écrite au XVIème siècle par Bertrand d'Argentré, et surtout au XVIIIème siècle, par les moines bénédictins dom Lobineau et dom Morice, ce dernier originaire de Quimperlé.

Un brigand célèbre : La Fontenelle. - Le brigand le plus redoutable, au temps de la Ligue, fut ce La Fontenelle, personnage qui semble de légende, bien réel pourtant, et qui pendant six ans terrorisa la Basse-Bretagne. Guy Eder de la Fontenelle, né au château de Beaumanoir, près de Quintin, était encore écolier au début de la Ligue. Quittant à 16 ans son Collège de Paris, il était rentré en Bretagne en 1589 et s'y était mis à la tête d'une bande d'aventuriers... A Carhaix, il se fortifia dans l'église Saint-Trémeur. Bientôt, s'étant emparé de la maison forte du Granec, en Collorec, il s'y établit pour un temps. IL tenait tout le pays sous sa sujétion, pillant villes et gros bourgs mais surtout saccageant le plat pays. Les gens étaient obligés de se cacher parmi les landes « où ils mouraient et demeuraient en proie aux loups, qui en faisaient leur curée vifs ou morts ». En 1595, il dirigea une expédition sur Douarnenez et y fit grand butin. L'île Tristan, dont il reconnut alors la forte situation, lui apparut comme un lieu prédestiné. Il pourrait, sans beaucoup de peine, la rendre imprenable et de là il dominerait et la terre et la mer. Les paysans d'alentour ne le virent pas arriver sans effroi, et, puisque les troupes qui tenaient garnison dans les villes voisines ne se remuaient point, ils se mirent eux-mêmes sous les armes et se préparèrent à venir assiéger les brigands. Ignorants des choses de la guerre, ils tombèrent dans un piège que leur tendit La Fontenelle. Ce fut un grand carnage. Il fut tué plus de 1.500 paysans ; les autres, terrorisés, réussirent à se sauver. La ruine de Penmarc'h vint accroître l'épouvante. Un échec qu'il subit devant Quimper fut bientôt vengé par le sac de Pont-Croix ; il s'y passa des scènes d'horreur inexprimable.. Plus tard, impliqué dans la conspiration de Biron, La Fontenelle fut mis en prison et subit le supplice de la roue, sur la place de Grève, à Paris, en 1602.

Les Apparitions de Sainte Anne. - L'origine du pèlerinage de Sainte-Anne d'Auray est toute merveilleuse. Après avoir eu déjà plusieurs visions, un laboureur de la paroisse de Pluneret, Yves Nicolazic, eut dans la nuit du 25 juillet 1624 la révélation décisive. Alors qu'il disait son chapelet dans sa grange, soudain celle-ci s'était inondée de lumière et, au milieu de cette clarté, Nicolazic avait vu une dame vénérable qui lui dit en breton :« Yves Nicolazic, ne crains point. Je suis Anne, mère de Marie. Dis à ton recteur que dans cette pièce de terre que vous appelez le Bocenno, il y a eu autrefois une chapelle dédiée à mon nom. Il y a 924 ans et 6 mois qu'elle a été ruinée. Je désire qu'elle soit rebâtie et que tu prennes ce soin, parce que Dieu veut que j'y sois honorée ». En mars 1625, à la suite d'une nouvelle vision, du sol du Bocenno fouillé au hoyau, fut retirée une statue de bois qui paraissait avoir séjourné fort longtemps dans la terre et se trouvait tout endommagée par la pourriture. C'était pour Nicolazic, la confirmation de ses révélations. Le bruit de la merveilleuse découverte était bientôt répandu dans les environs de telle sorte que les pèlerins ne tardèrent pas à affluer et à laisser des offrandes que Nicolazic recueillait pour la construction de la chapelle. Nicolazic fut soumis à de minutieux examens. Ceux-ci tournèrent à son avantage et l’évêque de Vannes, pleinement gagné à la cause, favorisa de tout son pouvoir le culte nouveau. Une cabane couverte de genêts servit d'abord à abriter la statue, mais bientôt sur les instances de Nicolazic, l'évêque autorisa la construction d'une chapelle. Nicolazic mourut en 1645, vingt ans après la découverte de la statue après avoir, une dernière fois, solennellement affirmé que tout ce qu'il avait dit sur l'origine de cette dévotion était la vérité.

Un grand Missionnaire : Dom Michel Le Nobletz. - Michel Le Nobletz était né au pays de Léon, à Plouguerneau, en 1577. Après des études faites à Bordeaux puis chez les Jésuites d'Angers, une fois ordonné prêtre, il se fit bâtir au bord de la mer, en son pays de Plouguerneau, une petite cellule couverte de paille et s'y enferma pendant un an dans une retraite profonde pour se préparer à ses travaux apostoliques. Il les commença par sa paroisse natale, ne se bornant pas à prêcher contre les vices et abus, mais enseignant à l'église dans les chemins publics, dans les maisons particulières, les premiers éléments de la foi chrétienne. Il était urgent, en effet, de remédier à l'ignorance religieuse du peuple, laquelle était extrême. Bientôt la paroisse de Plouguerneau ne suffit pas à son zèle et il se mit à prêché, catéchiser, confesser dans les paroisses voisines. Traité d’insensé, chassé par son père, Michel Le Nobletz eut à supporter les plus rudes traverses. Après avoir évangélisé le diocèse de Tréguier, Le Nobletz, ému de l’abandon dans lequel étaient laissés les insulaires d’Ouessant, de Molène et de Batz, exerça près d’eux un apostolat avec grand succès. A Molène, la plupart des habitants étaient alors occupés à la pêche. Le zèle missionnaire alla les trouver sur la mer pour leur prêcher l’Evangile. Au cours de ses missions sur les côtes de Cornouaille, ayant appris que l’île de Sein était depuis plusieurs années privée de tout secours spirituel, Le Nobletz, sans se laisser arrêter par les périls de la traversée ni par la réputation des insulaires « grossiers, barbares et terribles », résolut d’y passer. Sa prédication produisit dans l’île un entier changement. « Toute la vertu et la ferveur de la primitive Eglise y fleurissent aussitôt et les exercices de la piété s’y pratiquèrent avec plus d’attention qu’en aucun autre lieu de la province ». Après cette mémorable mission de Sein, il se fixa à Douarnenez, où il devait demeurer vingt-cinq ans, prêchant et catéchisant. Il faisait grand usage de tableaux allégoriques qu’il expliquait à ses auditeurs ou qu’en son absence expliquaient de pieuses femmes qui lui servaient d’auxiliaires. Les cantiques en langue bretonne complétaient l’enseignement donné par Le Nobletz. De Douarnenez, il passa au Conquet. Déjà sexagénaire, usé par les fatigues de ses missions, Le Nobletz était de ceux qui travaillent jusqu’au bout. Il continua donc d’enseigner et de catéchiser, sans cesser d’être en proie à la contradiction. Mais son œuvre était désormais terminée ; aussi bien avait-il un successeur en la personne du Père Maunoir. Il mourut le 5 mai 1652, vénéré comme un saint et comme un thaumaturge.

Extraits de Durtelle de Saint-Sauveur, Histoire de Bretagne.

La Bretagne depuis 1789

La Révolution. - En 1789, la noblesse et le clergé bretons refusèrent d’envoyer des députés aux Etats généraux de Versailles. Le Tiers-état seul fut donc représenté. Dans la nuit du 4 août, les députés bretons abandonnèrent les droits séculaires de la province. Le parlement de Rennes protesta en vain et fut supprimé, avant tous les autres parlements. En 1790, La Bretagne cessa d’exister administrativement et fut divisée en cinq départements. Les députés bretons formèrent à Paris le club des Jacobins. Ils se montrèrent assez modérés. Quatorze seulement, soit un tiers, votèrent la mort de Louis XVI ; Lanjuinais eut le courage de défendre le roi. Mais la plupart étaient du parti des Girondins et furent combattus par les Montagnards. Les Girondins se réfugièrent en Bretagne et les 26 administrateurs du Finistère, ayant levé des troupe pour les protéger, furent guillotinés à Brest.

La persécution religieuse. - Les réformes sociales de la Révolution, notamment la suppression des privilèges, furent bien accueillies, surtout dans les villes. Il n'en fut pas de même de la Constitution civile du clergé. Les trois quarts des prêtres bretons refusèrent de prêter serment à cette loi schismatique, ils furent alors persécutés. Quelques-uns émigrèrent en Angleterre et en Espagne, la plupart restèrent, déguisés en paysans, se cachant pendant le jour, exerçant leur ministère la nuit, disant la messe dans les granges, dans les bois, quelquefois en mer. Beaucoup furent emprisonnés et guillotinés, quelques-uns massacrés à Paris (les Martyrs de Septembre), d'autres déportés à la Guyane, d'autres enfin, périrent de misère sur les pontons de Rochefort. Les églises turent profanées et livrées au culte de la Raison, les statues mutilées, les cloches envoyées à la fonte pour faire des canons.

La Chouannerie. - La persécution religieuse ne tarda pas à révolter les Bretons, très attachés à leurs prêtres. La levée en masse, par la Convention, mit le comble à leur indignation. Le tirage au sort amena un soulèvement, surtout en Haute-Bretagne. Ce fut le mouvement de la Chouannerie, ainsi appelé parce que les insurgés adoptèrent comme signe de ralliement le cri de la chouette. Le marquis de la Rouërie, né à Fougères, l'un des héros de la guerre pour l'indépendance des Etats-Unis, eut le mérite d'organiser la résistance. Il fonda une puissante Association bretonne pour le maintien des droits de la province et le rétablissement de Louis XVI, mais il mourut sans avoir pu réaliser son plan. Celui-ci fut repris par les chefs chouans: Boishardy, dans les Côtes dû-Nord ; Boisguy, en Ille-et-Vilaine ; Charette, au sud de la Loire ; Georges Cadoudal, dans le Morbihan. Les chouans ne livrèrent pas de batailles rangées, comme les Vendéens : la nature du pays favorisait plutôt les embuscades et les coups de main. La seule expédition importante fut celle de Quiberon, pour aider au débarquement des émigrés. Par malheur, émigrés et Chouans ne purent s'entendre et ce fut une des causes du désastre. 700 furent fusillés à Vannes et au Champ des Martyrs, près d'Auray, par ordre de la Convention, malgré la promesse formelle de Hoche de leur laisser la vie sauve. (Leurs ossements reposent à la Chartreuse d'Auray). Si les Chouans n'ont pas réussi dans leur but politique, ils ont du moins, avec les Vendéens, forcé Bonaparte à faire la pacification religieuse de l'Ouest et de toute la France.

Depuis la Révolution. - Depuis la Révolution, notre histoire se confond avec celle de la France. Les soldats et les marins bretons, considérés par l'ennemi lui-même comme les meilleurs soldats de France, ont toujours fait leur devoir, surtout pendant la Grande Guerre. Les fusiliers-marins bretons se sont distingués à Dixmude, sous les ordres d'un Finistérien, l'amiral Ronarc'h. On trouve des Bretons partout où il faut se dévouer. On en comptait un grand nombre parmi les zouaves pontificaux. Nos nombreux missionnaires — le Finistère seul en donne plus de deux cents prêtres — sont dispersés par toute la terre, aux glaces polaires comme sous les feux de l'équateur ou des tropiques. Citons, parmi eux, Mgr Calloc'h, qui essaya, en Afrique de barrer la route aux Musulmans; Mgr de Guébriant, qui fut supérieur général des Missions étrangères.

Les Bretons célèbres au XIXème et au XXème siècles. - La Bretagne a donné, au XIXème et au XXème siècles, une foule d'hommes célèbres. Parmi ceux qui sont nés hors du Finistère, citons comme littérateurs : Chateaubriand, de Saint-Malo, dont le « Génie du Christianisme » contribua à la restauration religieuse après la Révolution et qui exerça une grande influence sur la littérature française ; Félicité de Lamennais, un Malouin lui aussi, qui défendit brillamment l'Eglise et le Pape, mais eut une fin malheureuse ; (son frère, le vénérable Jean-Marie de Lamennais, fondateur des Frères de Ploërmel, avait collaboré à ses premiers ouvrages) ; Ernest Renan, de Tréguier, qui a mis son talent au service de l’irréligion ; le poète Brizeux, né à Lorient, auteur de « Marie », « Les Bretons » et « Telen Arvor » (la Harpe d’Armorique) ; J.-M. Luzel, de Plouaret (Côtes d’Armor), qui a recueilli les contes et chants populaires de Bretagne ; les romanciers Paul Féval, de Rennes, et Jules Verne, de Nantes ; les poètes et romanciers Anatole Le Braz, né à Saint-Servais (Côtes d’Armor) et Charles Le Goffic, né à Lannion ; le poète Jean-Pierre Calloc’h, de Groix, auteur de « Ar en deulin » (A genoux) ; le bon chansonnier Théodore Botherel, né à Dinan, mort à Pont-Aven. Parmi les savants , on peut nommer les médecins Broussais, de Saint-Malo, et Guérin, de Ploërmel, inventeur du pansement ouaté ; Arthur de la Borderie, de Vitré, le grand historien de la Bretagne ; l’ingénieur Dupuy-de-Lôme, de Ploemeur, qui perfectionna les constructions navales. Parmi les hommes de guerre, citons : le corsaire Robert Surcouf, de Saint-Malo ; le général Cambronne, de Nantes, qui commandait à Waterloo la garde impériale ; le général de Lamoricière, de Nantes, créateur des zouaves et défenseur du Pape.

Personnages célèbres du Finistère. - Le département du Finistère a vu naître une foule d'hommes remarquables : La Tour d'Auvergne, de Carhaix, « le premier grenadier de France » ; le général Moreau, né à Morlaix, qui fut le rival de Bonaparte et le brillant vainqueur de Hohenlinden ; le grand médecin Laënnec, né à Quimper, qui trouva une méthode nouvelle d'auscultation ; le grammairien breton Le Gonidec, du Conquet; le romancier Emile Souvestre, de Morlaix ; l'explorateur Guillaume Lejean, de Plouégat-Guerrand, qui parcourut l'Ethiopie ; le peintre Yan Dargent, de Saint-Servais, qui décora de ses fresques la cathédrale de Quimper ; le poète Frédéric Le Guyader, né à Brasparts ; le barde Théodore de la Villemarqué, né à Quimperlé, qui a recueilli dans son admirable "Barzaz-Breiz" les vieux chants populaires de la Bretagne

 soumettent aux Romains les uns après les autres. Note Bene : il n'existe pas véritablement d'ouvrage de synthèse traitant à la fois des Celtes et de leurs voisins (Etrusques, Vénètes, Ligures, Ibères, Grecs). L'ouvrage le plus complet sur la question celtique est celui de Venceslas Kruta 2003. Les titres dont les lectures est la plus recommandée sont en gras

Le temps des Celtes

(du 5è siècle av. J.C. à notre ère).

On en sait peu de choses, si ce n'est que la rade du Blavet faisait partie de la province des Vénètes. L'hypothèse a été avancée (entre quelques autres d'ailleurs) de situer, sous l'actuel Port-Louis, la célèbre bataille navale de César contre les Vénètes, en 56 avant J.C.
Il est en effet très probable qu'à cette époque, l'emplacement de la citadelle était occupé par un éperon barré, tel qu'il en a existé sur de nombreux promontoires de Bretagne.

César, dans " La Guerre des Gaules " (III,12), en a donné la description suivante : "Telle était la disposition de la plupart des places de l'ennemi, que, situées à l'extrémité de langues de terre et sur des promontoires, elles n'étaient accessibles ni à pied, quand la marée était haute (ce qui arrive deux fois par jour, de douze en douze heures), ni aux vaisseaux qui se trouvaient à sec quand la mer se retirait. Ainsi le flux et le reflux empêchaient également d'assiéger leurs places"

La toponymie est souvent la seule à garder le souvenir de ces fortifications primitives, tel le nom de "er goh kastel" (le vieux château) qui désignait encore, à la fin du XIXè siècle, la pointe est de l'actuel marais de Pen-Mané, au nord du village de Kervern.
Connu sous le nom de Vieille Tranchée, un retranchement dont l'origine se perd dans le temps coupait l'isthme de la presqu'île du Port-Louis, dans l'axe de l'actuelle rue du Port.
Le port de Blavet était le lieu d'un commerce maritime très actif. En témoignent quelques amphores draguées, au large de la côte, par des pêcheurs, dont une, en 1867, entre les Errants et Gâvres.
Cette activité maritime sera d'ailleurs confirmée par César lui-même qui écrira, à propos des Vénètes :

"Ce peuple est de beaucoup le plus puissant de toute cette côte maritime: c'est lui qui possède le plus grand nombre de navires et sa flotte fait le trafic avec la Grande-Bretagne; il est supérieur aux autres par sa science et son expérience de la navigation ; enfin, comme la mer est violente et bat librement une côte où il n'y a que quelques ports, dont ils sont les maîtres, presque tous ceux qui naviguent habituellement dans ces eaux sont leurs tributaires". (G.G, HI,8)