(extrait d'une brochure
"Locmariaquer", éditée par l'Association des Amis de la Chapelle
Saint-Michel)
Vénètes |
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Vénètes, nom de deux peuples indo-européens de
l'Antiquité. Les Vénètes de l'Armorique étaient une tribu de marins celtes, qui
habitaient la Bretagne... |
Mais en -56, un aventurier romain, Jules César part à la conquête
de la Gaule. Devant la félonie de cet homme, les Vénètes prennent la tête d'une
confédération armoricaine qui mène une dure guerre de guérilla contre les
légions romaines, dont les effectifs se réduisent rapidement. Les forteresses
celtes, construites sur des promontoires, recevaient le ravitaillement par le
biais des Vénètes, maîtres des océans. C'est alors qu'arriva une flotte de
galères attendues depuis longtemps par César.
Exemple de trirème
romaine du 1er siècle avant notre ère:
La flotte armoricaine s'était embusquée dans l'embouchure de la rivière
d'Auray. Lorsque ses 250 navires de haute mer gagnèrent le large et formèrent leur
ligne de bataille, les Romains cédèrent à la panique et s'enfuirent. Dans
quelques instants, l'Europe allait être sauvée du joug qui l'attendait...
Soudain, le vent tomba. Les navires celtes s'immobilisèrent tandis que les
galères, à force de rames, les prirent d'assaut les uns après les autres.
C'était la fin de la résistance armoricaine. César massacra les parlements,
ravagea le pays, vendit les femmes et les enfants comme esclaves, coupa le
poignet droit de tous ceux qui ne pouvaient être utilisés comme esclaves. Pour
échapper aux atrocités, de nombreux armoricains traversèrent la manche et se
réfugièrent chez les Bretons. Les Vénètes fondèrent le royaume de Gwynedd au
pays de Galles. Mais, jusqu'à la fin de l'empire romain, régulièrement des révoltes
éclataient.
Les cités gauloises étaient classées en trois catégories. Celle qui
s'étaient ralliées tout de suite étaient bien traitées; celles qui l'avaient
fait dans un délai raisonnable l'étaient encore; celles qui s'étaient acharnés
dans la résistance, étaient brimées et appelées "colonies
stipendaires". Toute l'Armorique était colonie stipendaire... Elle se
couvrit de garnisons romaines, reliées par des voies romaines, servant surtout
à des fins militaires et stratégiques.
Par la suite l'Armorique se convertit au christianisme.
LA BRETAGNE D’AVANT LES BRETONS
i l’on pense bien souvent en Bretagne (vu que notre histoire n’est pas
encore enseignée dans nos écoles !) que nous avons toujours habité notre pays
il faudra se rendre à l’évidence que ce n’est pas le cas. Nous sommes venus de Grande-Bretagne,
fuyant en particulier les Anglos-Saxons. Par une émigration (du 5ème
au 8ème siècle après J.C.), nous nous sommes établis sur une terre qui
s’appelait alors l’Armorique.
L’Armorique
Qu’était-ce ce pays ? Qui en étaient ses habitants ? C’est par des documents en
langue latine du temps des Romains que nous avons quelques
renseignements d’ordre administratif, 5 peuples étaient alors répartis
sur un territoire qui correspond à peu de chose près à notre Bretagne actuelle
(incluant le pays nantais évidemment).
Les Osismiens à l’ouest
(actuellement le Finistère et le Trégor), les Coriosolites, les Riedones,
les Vénètes au sud et enfin les Namnètes (pays de Nantes).
Malheureusement les quelques documents connus ne nous donnent guère de
renseignements sur l’origine de ces peuples, ou leur nombre etc. Nous savons
par “Les Commentaires de la Guerre des Gaules de Jules César que le plus
puissant peuple de l’Armorique était les Vénètes (qui occupaient l’actuel
Morbihan), ils possédaient une puissante flotte de haute mer qui commerçait
intensément avec la (Grande) Bretagne et les pays autour du golfe de Gascogne.
L’étain, l’or, le fer étaient transportés
de l’île de Bretagne vers la Gaule et d’autres pays. Lancé à la conquête de la
Gaule, Jules César au printemps de l’année 56 avant J.C. attaqua la
flotte vénète avec des bateaux à fond plat qu’il avait fait construire à la
hâte. Le combat semblait inégal entre les puissantes nefs vénètes aux voiles de
cuir et les embarcations romaines mues par rames, mais par un malheureux hasard
le vent tomba brusquement, immobilisant la flotte vénète, c’est alors
que les bateaux romains s’approchèrent et les marins coupèrent toutes les
drisses puis montèrent à bord pour combattre au corps à corps. La puissance
vénète était brisée
L'occupation par les légions romaines
s’ensuivit, des milliers de prisonniers furent vendus sur les marchés aux
esclaves. La lourde administration romaine s’abattit sur toute l’Armorique,
cependant, le pays conserva ses divisions originales et s’administra lui-même
en ce qui concerna la vie quotidienne par des hommes du cru triés sur le volet
par l’administration romaine de la Gaule lyonnaise.
Nous savons peu de choses sur l’origine
ethnique de base de ces 5 peuples. Avaient-ils participé mille ou deux mille
ans plus tôt à la construction de centaines de mégalithes que l’on trouve en
Bretagne ? Nous ignorons tous les détails du va et vient des migrations dans la
péninsule de cette époque lointaine...
Roger Moride
La Gaule ou les Gaules ? Il ne s’agit
pas d’un État au sens moderne du terme, ni même d’un pays à part entière. Les
tribus gauloises se regroupent en peuples plus ou moins puissants, plus ou
moins homogènes, qui s’allient ou s’affrontent au gré de leurs intérêts
respectifs. |
Le
midi de la Gaule
Le Sud est
constitué de deux régions bien particulières par rapport au reste de la Gaule.
La Narbonnaise est Province romaine. Les tribus gauloises les plus puissantes y
sont les Volques, à l’ouest du Rhône, et les Allobroges, entre Rhône et Isère.
L’Aquitaine, elle, est peu celtisée, hormis quelques enclaves dans les régions
de Bordeaux et d’Agen.
Étant donné la situation géographique, les influences
celtiques et méditerranéennes (grecque, ibère, romaine) s’exercent sur les
populations locales. Les maisons sont en pierres sèches ou liées avec de
l’argile, recouvertes parfois d’un enduit. Les sanctuaires celto-ligures,
construits en pierre, sont ornés de riches peintures ; selon un rite
particulier au Midi, des crânes humains sont cloués ou enchâssés dans des
portiques. Marseille et Narbonne commercent avec les pays méditerranéens mais
aussi avec la Bretagne d’où les marchands rapportent l’étain, après un long
cheminement à travers la Gaule.
La
Gaule du Nord
Elle est
peuplée de Celtes dits Belges. Les Nerviens interdisent absolument
l’importation du vin et de tout autre produit de luxe, « source de
mollesse ». Ils méprisent la cavalerie et préfèrent combattre à pied. Les
Bellovaques sont les clients des Éduens. Les Ambiens s’étendent sur les deux
rives de la Somme. Les Atrébates d’Arras et les habitants d’Amiens sont réputés
pour la fabrication de leur cucullus, le manteau gaulois à capuche. Au
Nord-Est, les Trévires, cavaliers particulièrement réputés pour leur bravoure
et assez proches des Germains, et, en Champagne, les Rèmes, alliés des Romains,
jouent un rôle de carrefour important en raison de leur situation géographique.
Signalons que ces deux peuples récoltent des céréales à l’aide de la première
moissonneuse, le vallus. Lutèce, la capitale des Parisii, peuple de
mariniers, est le principal carrefour du nord de la Gaule. Cette petite cité,
installée sur une île de la Seine, jouit d’une prospérité exceptionnelle.
Située entre les confluents Marne/Seine et Oise/Seine, elle contrôle la route
de l’étain britannique et s’enrichit des péages qu’elle lève.
À
l’Ouest
L’Armorique
(la Bretagne actuelle) entretient des contacts privilégiés avec l’île de
Bretagne (Grande-Bretagne). Parallèlement, son réseau d’échanges se développe
avec le Sud. Le massif armoricain est très riche en minerai de fer.
L’extraction du sel marin conduit à l’installation de nombreux habitants le
long du littoral. Les Vénètes (autour de Vannes) et les Osismes sont les tribus
principales. Les Vénètes, aux navires de chêne et aux voiles de cuir, occupent
tous les ports et lèvent des péages sur ceux qui naviguent dans leurs eaux.
« Les Vénètes possèdent le plus grand nombre de navires, surpassent tous
les autres peuples par leur science et leur expérience de la navigation »
(Jules César). Ils passent aussi pour de grands éleveurs de chevaux. Nantes
abrite les Namnètes, la Normandie les Aulerques.
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La
Gaule chevelue
Elle abrite les Gaulois
proprement dits. Cette étrange dénomination lui vient de l’étendue de ses
forêts où poussent le hêtre, le chêne, le pin et le sapin. Les Gaulois
nourrissent leurs porcs de glands et savent extraire la résine des conifères.
Au IIe siècle, les Arvernes (dans l’Auvergne
actuelle) qui étendent leur domination sur une grande partie du pays sont
« les maîtres de la Gaule ». En 121, Bituitos, leur roi, tente de
s’opposer, sans succès, à la conquête du Midi. Leur empire est alors démantelé
mais ils restent encore très puissants. Jules César met longtemps avant d’oser
les attaquer. En 52, les Arvernes décident de rompre l’encerclement que le
Romain a organisé autour de leur territoire, d’entraîner leurs alliés et de
profiter de l’agitation pour organiser un soulèvement général. Ils confient la
direction des opérations à un jeune noble, Vercingétorix, qui tente de rallier
toutes les tribus.
En Bourgogne, les Éduens, grands rivaux des Arvernes, sont
très tôt les « frères, amis, alliés » des Romains. Cette amitié, qui
leur a été beaucoup reprochée, n’est motivée que par un intérêt économique
puissant. Les Éduens s’enrichissent du commerce qu’ils font avec les Romains.
Ils contrôlent en effet les voies fluviales essentielles au commerce entre la
Méditerranée et le nord de la Gaule. Chalon-sur-Saône est le grand centre de
redistribution des produits en pays éduen. Leur capitale, Bibracte, est un oppidum de très grande importance. Après
la victoire de Gergovie, une partie de l’aristocratie, notamment chez les
Éduens, sentant les Romains en perte de vitesse, lâche César au cours de
l’assemblée générale des Gaulois à Bibracte qui devient le centre de la
résistance gauloise. C’est pourtant dans cette ville que Jules César écrira De Bello Gallico pendant
l’hiver 51/52.
Alésia (Alise-Sainte-Reine) est la capitale d’un des pays des
Lingons, les Mandubiens. Vercingétorix s’y laisse enfermer avec ses
80 000 hommes. Les découvertes de monnaies dans les fossés d’Alésia
prouvent que seuls les Éduens, les Bituriges, les Séquanes et bien sûr les
Arvernes, sont venus au secours du généralissime.
Les Séquanes, qui habitaient sans doute antérieurement sur les
bords de la Seine (Sequana), sont installés dans le Jura. Leur région abonde en
sel et leurs salaisons sont extrêmement réputées.
La forêt des Carnutes, clients des Rèmes du Nord, est le
centre de la Gaule et le siège du culte druidique. Leur capitale Cenabum
(Orléans) sert d’entrepôt aux céréales avant qu’elles ne repartent par bateau.
L’insurrection gauloise en décembre/janvier 52 est donnée à partir de
Cenabum par Conconnetodumnus qui y dirige le massacre de tous les négociants
romains installés dans cette ville.
Les Bituriges, dans une région prospère et très peuplée,
possèdent avec Avaricum (Bourges) une des plus belles et des plus riches cités
de la Gaule, en même temps qu’une position stratégique de premier plan.
Vercingétorix, qui prône la tactique de la terre brûlée, décide de l’incendier.
Il cède à la supplication des Bituriges de n’en rien faire. Après un siège de
25 jours et la construction de gigantesques terrasses, Avaricum tombe
entre les mains de Jules César. Hommes, femmes, enfants et vieillards sont
massacrés.
27 208 km2
Près de 3 000 000 d'hab.
270 km d'est en ouest, 150 km du nord au sud
Situation géographique :
Presqu'île à
l'ouest de l'Europe, elle est bordée au nord par la Manche et au sud par
l'Atlantique. Son plus haut sommet, le Tuchenn Gador dans les Monts d'Arrée
culmine à 383 m. Son climat est océanique avec une faible amplitude thermique.
La Bretagne
est une région administrative composée des quatre départements suivants :
Les Côtes d'Armor, Le Finistère, L'Ille-et-Vilaine, Le Morbihan. Les villes les
plus importantes sont : Rennes, Brest, Lorient, Quimper, Vannes, Saint-Brieuc,
Saint-Malo. C'est aussi une région historique qui comprenait l'actuel
département de Loire-Atlantique. Auparavant nommé Loire-Inférieure, ce n'est
qu'en 1941 sous le régime de Vichy que ce département est rattaché à la région
d'Angers qui devient officiellement les Pays de la Loire en 1956, d'où les
actuelles revendications d'une partie de la population pour le réintégrer à la
Bretagne.
La
préhistoire :
Peuplée dès le paléolithique comme en témoigne le site de Ménez Drégan dans le
Finistère, datant de - 600 000 av. J.C., la Bretagne garde ensuite au
néolithique (période caractérisée par la sédentarisation des hommes et un
développement des productions agricoles) des traces visibles de l'occupation
humaine sur ses nombreux sites mégalithiques qui avaient été abusivement
attribués aux gaulois. (Locmariaquer, Carnac, Gavrinis, Barnenez).
L'armorique
gallo-romaine
La Gaule est conquise entre - 58 et -52 av. J.C. par Jules César et l'Armorique
est occupée notamment après la célèbre bataille opposant les Vénètes aux
romains en -56. L'Armorique était alors divisée en cinq cités : les Osismes
avaient fixé leur capitale à Vorgium (Carhaix), les Coriosolites à Corseul
(Fanum Martis), les Vénètes à Darioritum (Vannes), les Redones à Condates
(Rennes), et les Namnètes à Condevicnum (Nantes).
La
Bretagne des Saints et des rois
L'Armorique voit l'arrivée et l'installation des Bretons (venus de l'île de
Bretagne) d'abord pour aider l'Empire romain à se défendre contre les invasions
barbares puis parce qu'eux-mêmes fuient les Scots venus d'Irlande et les
Saxons. C'est à cette époque que l'Armorique devient la Bretagne. C'est aussi à
cette période que se met en place le maillage territorial et la division en
paroisses.
Entre le Ve et le IXe siècle, les Bretons résistent aux assauts des Francs,
alternant périodes de paix et de guerre. C'est au IXe siècle que la Bretagne
atteint ses limites maximales. Nominoë a été nommé " missus " sous
Louis Le Pieux. Profitant de ce statut, il devient de plus en plus puissant et
sous Charles Le Chauve, récupère les Comtés de Rennes et Nantes et fait de la
Bretagne un duché indépendant. Erispoë puis Salomon lui succèdent. Ce dernier
obtient de Charles Le Chauve le titre de Roi. Le Royaume de Bretagne comprend
alors les anciennes marches mais aussi le Maine et le Cotentin. Puis va
succéder une période d'instabilité politique, marquée par les premiers raids
normands.
La
Bretagne féodale et ducale
Le pouvoir du prince ressort affaibli de cette période d'invasions et les
pouvoirs des seigneurs se développent autour de leurs châteaux. A l'époque
féodale, la Bretagne est une zone où s'affronte l'influence des Capétiens et
celle des Plantagenêts.
Au XIVe siècle, la Bretagne est secouée par la guerre de Succession qui se
déroule dans le contexte de la guerre de Cent ans. Chacun des partis est
soutenu soit par la France pour Charles de Bois allié aux Penthièvre, soit par
l'Angleterre pour Jean de Montfort. C'est ce dernier qui l'emporte. A la fin de
la guerre de Cent ans, le roi de France menace à nouveau l'indépendance de la
Bretagne qui est affaiblie sur le plan économique.
L'union de
la Bretagne à la France
Après une défaite militaire et la mort du roi François II, la duchesse Anne
doit se résoudre à épouser Charles VIII, puis son successeur Louis XII. Sa
fille Claude est mariée au roi François Ier et lui fait alors donation du
duché.
En 1532, sous la condition que soient préservés leurs libertés et privilèges,
les Etats de Bretagne demandent l'union de la province à la France. Plusieurs
édits viennent officialiser cette union. Les Etats gardent alors leurs
fonctions et le roi y est représenté par un gouverneur. Le Parlement, créé en
1552, est lui, cour de justice.
Ancien
Régime : la Bretagne pays d'Etat
Aux XVIe et XVIIe siècles, la Bretagne connaît une prospérité économique dans
le domaine de l'agriculture mais aussi grâce au commerce et aux échanges
qu'elle a avec différents pays d'Europe et du monde. On peut ainsi citer
l'industrie toilière, qui se développe un peu partout en Bretagne et est
exportée depuis certains ports bretons.
L'art paroissial et notamment les enclos paroissiaux sont un des signes
visibles de cette prospérité.
C'est aussi à cette période que la pouvoir royal devient de lus en plus
centralisateur et absolutiste. Dans un contexte économique difficile, dès la
fin du XVIIe siècle et au XVIIIe siècle ont lieu des révoltes populaires contre
les impôts (ex. la révolte du papier timbré en 1675). Les parlementaires
commencent eux aussi à réagir contre le pouvoir royal (affaire la Chalotais) et
vont être parmi les premiers à abandonner les privilèges de la province au
profit des idées de la Révolution.
La
Bretagne contemporaine
Le XIXe siècle est marqué par une amélioration de l'agriculture, une forte
progression démographique mais aussi une importante émigration notamment vers
la capitale grâce au développement des moyens de transport qui désenclavent la
région.
Mais c'est encore l'organisation autour de la paroisse qui domine, dans une
population à grande majorité rurale et catholique. Ce même siècle voit la
naissance d'un mouvement culturel s'intéressant aux coutumes régionales, dont
les particularités attirent les premiers touristes ( écrivains, peintres...)
avant que ne se développe un autre tourisme avec la création des premières
stations balnéaires sous le Second Empire.
Le bilan de la Première Guerre mondiale est très lourd en Bretagne et ses
conséquences sont importantes : les modes de vie changent comme partout
ailleurs et commencent à s'observer les premiers signes du déclin de l'usage du
breton en Basse-Bretagne.
Durant la Seconde Guerre mondiale, des villes sont entièrement détruite telles
Brest et Lorient et la Bretagne est aussi secouée que le reste de la France.
Depuis les années 50, la Bretagne s'est fortement modernisée notamment dans le
domaine agricole et a réussi à s'intégrer aux courants d'échanges européens.
Quelques notions à
connaître
:
Haute et
Basse-Bretagne : ces deux termes désignent la Bretagne des deux côtés d'une
ligne allant de Saint-Brieuc à Vannes : à l'est se trouve la Haute-Bretagne
dont la culture (langue, danses, musiques) se rattache à ce qu'on nomme le
gallo et à l'ouest se trouve la Basse-Bretagne, partie bretonnante. La limite
de la langue a évolué au cours de l'histoire mais dès le XVIe siècle elle est
proche de cette ligne.
Armor/argoat : armor (la mer en
breton) désigne la Bretagne des côtes et s'oppose à l'argoat (le bois), la
Bretagne de l'intérieur.
Les pays : la Bretagne se divise en différents pays (Trégor,
Vannetais, Penthièvre, Rennais, Cornouaille, Léon...) qui sont utilisés pour
décrire certaines modes vestimentaires anciennes ou aires de danses.
Aujourd'hui, on utilise encore ces notions de pays notamment dans le domaine
économique mais ce sont des pays qui correspondent davantage aux aires
d'influence des villes.
Gwenn ha
du :
nom du drapeau breton qui se compose de 5 bandes noires représentant les 5
évêchés de Haute-Bretagne (Dol, Rennes, Saint-Malo, Nantes, Saint-Brieuc) et 4
bandes blanches pour les évêchés de Basse-Bretagne (Cornouaille, Léon, Trégor,
Vannetais).
Ce
Là sont
les profondes racines bretonnes de mes ancêtres paternels, les LE CORFF. Les
plus lointains ancêtres vers 1625 sont natifs de Crach à 6 km de
Locmariaquer, ils habitent des lieudits tels que Kerorang, Lommarec, Kergal,
Lerré....
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Avant cette date, on trouve peu de LE CORFF à Locmariaquer, le berceau est à
Crach. En 1841 Louis LE CORFF se marie avec Anne Perrine LE DIFFOND à Locmariaquer.
Beaucoup de LE
CORFF seront marins, d'autres menuisiers...Le patronyme LE CORFF est
majoritairement présent dans le Morbihan; on les trouve très nombreux à Bignan,
à Crach et beaucoup plus tard à Locmariaquer. Un LE CORFF aurait déjà été
présent aux côtés de Guillaume le Conquérant en Angleterre au 11ème siècle.(
source Patrick LE CORFF)
Le patronyme LE CORFF: est d'origine
Celtique, il signifie " le corps ( humain) ; en breton cela s'écrit
"KORV ou KORF" , on trouve aussi la forme Korff en gallois :
CORFF ou CORPH (le gallois est très proche du breton ) et en catalan : corff
[KORF].
" A une époque reculée, on trouve indifféremment CORFF et LE
CORFF. Ainsi dans les actes de 1532, le curé note seulement CORFF (ou CORF).
L'article "LE" est une transposition de l'article breton
"An" qui était souvent accolé aux patronymes et qui a été francisé.
Quelquefois même, cet article a été intégré au nom (ex. OAN qui veut dire
"agneau" se disait An oan = l'agneau et est devenu LE NOAN, parfois
même encore francisé en LAGNEL)" voir les relevés
généalogiques de Patrick Le Corff , les pages sur l'origine
du nom Le Corff et son
implantation en Bretagne
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Kaër
e mem bro : la devise de Locmariaquer est à double sens ;
elle signifie en breton : Le pays de Kaër est mon pays, ou , joli est
mon pays. Le blason a été dessiné par : Jean-Baptiste Corlobé
( 1904-1988), ostreïculteur de métier mais surtout , excellent peintre et
grand érudit. Locmariaquer est situé à l'entrée du golfe du Morbihan, (
la petite mer en breton) a une superficie de 12.000 Ha ) au sud
de la Bretagne, au sud-est de Vannes, dans le Morbihan, isolée du large
par la presqu'île de Rhuys et un étroit goulet. |
Le golfe du Morbihan est parsemé d'une multitude d'îles, la légende
voulait qu'il y'en ait autant que de jours dans l'année mais sur environ
300 au total seules 42 environ seraient dignes de cette appellation
d'île. Seules 29 îles dépassent une surface d'un hectare.
Les plus grandes sont la célébrissime Ile aux Moines ( 319 ha)
appréciée par les artistes qui viennent y trouver la quiétude et les touristes
qui peuvent y déambuler en toute liberté et l'île d'Arz ( 310 ha ) Les autres
sont en général inaccessibles au public : Berder, le Reno ( Er Runio) l'île
longue, le grand et le petit Veisit, la Jument, Gavrinis… Le golfe est animé
deux fois par jour par la marée qui s'engouffre dans le goulet de Port-Navalo,
entretenant la profondeur du chenal ; mais celui-ci n'est plus emprunté que par
des bateaux de plaisance ou de croisière d'un jour qui promènent les touristes
d'île en île (6 000 bateaux ont leur port d'attache dans le golfe). Le plan
d'eau abrité se prête à merveille aux sports nautiques. Situé dans la partie la
plus ensoleillée de Bretagne, le golfe abrite quelques stations touristiques,
Larmor-Plage, Locmariaquer, Port-Navalo tandis que ses rives sont envahies par
les résidences secondaires. Auray et Vannes sont d'anciens ports de fond de
rias au contact avec l'intérieur des terres qui bénéficient du tourisme
balnéaire voisin. Vannes, préfecture du département du Morbihan, est une ville
de services. On dit que celui qui vient pour la première fois est frappé par
l'harmonie et la douceur des paysages marins du Golfe. En arrivant par la mer,
on se repère tout de suite sur le clocher de ND de Kerdro, l'église de
Locmariaquer. Ces renseignements sont tirés de l'excellente plaquette réalisée
par l'Association des Amis de la Chapelle Saint-Michel de Locmariaquer :
Origine du nom Locmariaquer :
Locmariaquer est la transcription française de Locmaria-Caer signifiant
Locus Mariae Caër, c'est-à-dire le lieu de Marie en la baronnie de Caër. Kaër
ou Caër est le nom de la famille noble qui possédait la plupart des terres du
lieu, le nom s'écrivait d'abord Ker puis Ker-aër ( en breton = ville du serpent
) Le village est fondé en 1082 par les moines de Sainte-Croix de Quimperlé, la
1ère église est construite à cette date. On trouve déjà trace de Locmaria-Caër
dans des écritures religieuses des 11ème et 12ème siècles. En 1066, Raoul de
Kaër passait en Angleterre avec Guillaume le Conquérant.
Locmariaquer et ses mégalithes: La période néolithique ( pierre nouvelle ou pierre
polie) a succédé aux périodes paléolithiques ( pierre taillée) ; elle se
traduit par le polissage de la pierre , le travail de la terre, l'élevage et la
poterie. Cette période est généralement considérée comme l'époque des monuments
mégalithiques ( mega lithos en grec=grandes pierres de -5000 à - 2500 avant
Jésus-Christ. Il est suivi par l'âge du Bronze -2500 à -500 avant JC puis l'âge
du Fer -500 à -200 avant JC. Les différents types de mégalithes rencontrées
dans la région de Locmariaquer : On distingue les menhirs ( du breton men =
pierre et hir = longue) Un groupe de menhirs dessinant une enceinte circulaire
est appelée cromlech ( comme celui d'Er-Lanic) du breton crom =courbe et lech =
pierre. Le plus célèbre du monde est bien sûr celui de Stonehenge en
Grande-Bretagne. La signification des alignements de menhirs comme ceux de
Carnac, n'est pas encore élucidée : monuments religieux, lieux de rassemblement
?? Le dolmen du breton dol = table et men = pierre, chambre sépulcrale recouverte
d'un tumulus ( butte) de terre. ( galgal ou cairn) Le plus célèbre du secteur
est la table des Marchand, voisinant avec le grand menhir brisé.
Le dolmen des Pierres plates est une allée couverte de 26 m de long face à
l'îlot de Méaban non loin de la grande plage de Kerpenhir, le Mané-er-Wroeg
ou Mané-er-Roeck ( ou Rouick) et le Mané-lud sont 2 grand tumulus situés l'un
au sud-est, l'autre au nord ouest du bourg. Le Mané-Rethual est remarquable par
la dimension de sa dalle 11.50 m de long par 4.20m de large sur 50 cm
d'épaisseur. Le Grand Menhir Brisé ( Men-Er-H'Roeck ou Men-Er-Hroeg) est
le plus grand menhir connu dans le monde. Il est situé près du cimetière et
voisine avec la Table des Marchand. Il aurait été érigé vers 2500 avant JC,
debout il mesurait 20 m et pesait 340 tonnes, il est brisé en 5 morceaux. On a
longtemps cru qu'il avait été abattu par la foudre, il n'en est rien, ce sont
probablement des peuplades venues beaucoup plus tard qui l'ont ainsi
"saucissonné" La Table des Marchand aurait été érigée entre 4000 et
3000 avant JC.( son nom viendrait du fait que le terrain aurait appartenu à la
famille Marchand). Le département du Morbihan compte 344 dolmens et 240
menhirs.
Histoire :Entre -1000 et -500 avant
JC, les Vénètes qui étaient des Celtes sont arrivés dans le sud de l'Armorique,
ils auraient eu leur capitale: Dariorigum ou Dartorigum) ( peut-être sur
l'emplacement de Vannes) puis il y'a eu la conquête romaine. Jules César en
l'année -56 commence sa guerre contre les Vénètes, avec Brutus comme commandant
de la flotte. La bataille navale eut lieu sous les yeux de César à l'entrée du
Golfe du Morbihan et se solda par la défaite des Vénètes. Locmariaquer fut une
importante ville romaine: amphithéâtre, sanctuaire, thermes, aqueduc, villas… Les
bretons venus des îles vinrent à partir de 440
-1790: Locmariaquer devient une
commune
- 1870 :
St-Philibert se détache et devient paroisse indépendante puis commune en 1892
- 1878 Construction de la cale du
bourg, de la mairie et de l'école publique.
- 1940-1944 Les Allemands détruisent
le fort de Kerpenhir
- 1980 Inauguration de la nouvelle
mairie-poste ...et ce n'est jamais fini...
Les sources de
renseignements sont rares sur les peuples des Vénète. Aussi, même s'agissant
des Vénètes d'Armorique, beaucoup d'hypothèses fleurissent-elles...
On situe l'arrivée des Vénètes
dans le sud de l'Armorique entre - 1 000 et - 500, donc, bien après les
constructions des monuments
mégalithiques. Cette peuplade de Celtes a-t-elle atteint l'Atlantique après
avoir essaimé sur la Vistule, puis sur la rive nord de l'Adriatique (Venise) ?
La Vénétie armoricaine
était, sans doute, limitée par les cours de l'Ellé, de l'Oust et de la Vilaine.
La découverte de
vestiges démontre que, non seulement les zones côtières étaient habitées, mais
aussi l'intérieur du territoire :
Sites fortifiés,
notamment sur les promontoires maritimes. Par exemple, à la pointe du Blair à
Baden ou encore à la pointe ouest de l'île de Groix.
Sépultures, datant
de l'âge de fer. Sépultures circulaires (-450) comme celle du rocher en
Plougoumelen, certains tumulus isolés comme à Saint-Pierre Quiberon, urnes
cinéraires.
Chambres
souterraines, destinées à des vivants (29 sites découverts dans le Morbihan).
Sans doute les Vénètes de l'Armorique pré-romaine vivaient-ils de l'agriculture
et de l'élevage. Mais on a trouvé aussi des preuves d'une industrie.
César témoigne que les
navires vénètes comportent "des chevilles de fer et des ancres retenues
par des chaînes de fer".
Dans les sépultures,
des objets de parure ont été découverts ; la céramique existait également :
certaines poteries en terre présentent des motifs identiques en Armorique et en
Bretagne insulaire.
La fabrication des
augets (récipients en terre, très fragiles) est attestée par la découverte de
dépôts et de fours exclusivement en bordure de mer (trois à Port Navalo) ; ce
qui permet de supposer la fabrication et la vente de sel.
Enfin, César relate la
domination maritime des Vénètes et leur commerce avec la Bretagne insulaire.
On admet généralement
qu'ils pratiquaient le commerce de l'étain, grâce à leur flotte adaptée au gros
temps. Les ports Vénètes n'ont pu être localisés.
Les Vénètes avaient-ils
une capitale ? Sur ce point, César reste muet. C'est le géographe égyptien
Ptolémée qui, au IIe siècle après J.-C., cite Dariorigum comme
capitale des Vénètes. Dariorigum (ou Darioritum ou Dartorigum) était-elle
située à Vannes ou à
Locmariaquer ? Le débat reste ouvert. La table de Peutinger (IIe
- IIIe siècle) fait état d'une route de Durétie (Rieux) à Vorganum
(Carhaix) ; de par sa position, il s'agirait plutôt de Vannes. Il faut
souligner que très peu de pièces de monnaie vénètes ont été retrouvées, ce qui
est singulier pour un peuple réputé commerçant.
Dans les commentaires
de la Guerre des Gaules, César a raconté sa victoire sur les Vénètes avec force
détails, sans doute pour rehausser son prestige ; il a insisté sur la puissance
de la flotte vénète.
L'année - 57, César soumet
toute la Gaule du Nord. C'est P. Crassus qui conquiert la péninsule armoricaine
et prend des otages vénètes. Des officiers romains, chargés de réquisitionner
du blé, sont retenus prisonniers par les Vénètes. C'était le "casus
belli" idéal, désiré des deux côtés. La rébellion gagne toute l'Armorique
: les Vénètes fortifient leurs oppidums, équipent leurs navires, s'allient aux
Osismes et aux Nammètes. César ordonne la construction d'une flotte de galères
sur la Loire, et d'une autre chez ses alliés Pictons et Senones. D'autre part,
il fit venir des pilotes et des rameurs depuis "la Province", sans
recourir à l'escadre de Méditerranée.
Au printemps de - 56,
César commence sa campagne contre les Vénètes. Commandant lui-même ses troupes terrestres, il confie le
commandement de sa flotte à D. Brutus.
César relate la
difficulté des opérations terrestres car, sur la côte très découpée et soumise
aux marées, les Vénètes fuient d'oppidum en oppidum. César se serait rendu sur
la presqu'île de Rhuys jusqu'à Port-Navalo ; il s'agit là d'une hypothèse, car
César ne précise pas le lieu de la bataille navale.
La rencontre des
flottes romaines et vénètes
eut lieu sous les yeux de César : les navires vénètes se trouvaient à l'entrée
du Golfe du Morbihan (ou à l'intérieur du Golfe). La flotte romaine se fit
attendre, soit que Brutus ait été retardé par le mauvais temps, soit qu'il dut
attendre les renforts de bateaux venus d'ailleurs.
Les lourds vaisseaux vénètes, construits en chêne,
dotés d'une coque très élevée, d'une robustesse incomparable, équipés de voiles
de cuir, affrontèrent la flotte romaine composée de galères légères mues par
des rameurs.
L'avantage revint
d'abord aux Vénètes,
puis le vent cessa, immobilisant leurs navires ; les Romains coupèrent alors
cordages et agrès à l'aide faux tranchantes fixées à de longues perches, et
passèrent à l'abordage. Les Vénètes capitulèrent ; leur défaite marqua la
liquidation de la guerre.
César châtia
cruellement les vaincus, en faisant massacrer les sénateurs vénètes et vendre
les survivants comme esclaves.
La déroute des Vénètes
se trouve confirmée par le fait qu'en - 52, lorsque Vercingétorix demanda de
l'aide aux divers peuples gaulois, Redones, Coriosolites, Osismes, Unelles
envoyèrent des contingents à Alésia, mais point de Vénètes.
Comme partout, les
Romains établirent des voies de communication ; Vannes devint une agglomération
gallo-romaine importante, 7 voies romaines y convergeaient.
Des vestiges de villes
gallo-romaines ont été trouvés à Carnac, Arradon, Nostang, Melrand, etc...
On peut penser que
Locmariaquer fut aussi une ville importante à l'époque romaine, puisqu'on y a
retrouvé des traces :
d'un théâtre, à
l'emplacement du premier cimetière ;
d'un sanctuaire,
sous l'actuelle Chapelle Saint-Michel ;
de thermes entre
l'église et la ruelle des Vénètes ;
d'un aqueduc qui
enjambe la rivière d'Auray à Rosnarho et qui aurait servi à alimenter
Locmariaquer en eau ;
d'habitations à
carrelage soigné.
L'histoire du peuple
vénète va ensuite se confondre avec celle de l'ensemble des peuples gaulois.
A partir de 275, Saxons
et Germains envahissent la Gaule, la Vénétie s'organise : une garnison de Mauri
Beneti (= Vénéti) est
cantonnée à Vannes.
Au début du Ve
siècle, de nouvelles invasions barbares submergent le pays : les Armoricains
chassent les représentants de Rome et se confédèrent.
Après 435, les
Armoricains se défendent contre les Francs, jusqu'à l'accord qui livre à Clovis
tous les territoires entre Seine et Loire.
A partie de 440,
l'Armorique connut l'afflux des Bretons insulaires : ceux qui s'établirent sur
le territoire des Vénètes étaient sans doute des Gallois.
On remarque que, dans
le Vannetais, les noms de paroisse en "Plou", de fondation bretonne,
sont moins nombreux que les noms en "Ac", hérités des anciens fundi
gallo-romains.
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César & les Vénètes
Automne 57 a. c. : le sénat
romain ordonne 15 jours de prières d’action de grâces pour remercier les dieux
des victoires de César sur les peuplades gauloises. Le proconsul, à la tête de
3 légions, vient d’écraser les Nerviens qui laissent, selon lui, 60 000
cadavres sur le champ de bataille. Il a également obtenu la reddition des
Atuatuques, un temps alliés des Nerviens, qui lui aurait fourni 53 000
esclaves.
Au moment d’hiverner, la Gaule
entière semble donc à portée de main de Jules César et on peut la croire
pacifiée.
Même les peuples de l’Océan ont
été impressionnés par les victoires romaines successives et ils jugent prudent
d’offrir leur soumission au légat de César, Publius Grassus. César ne semble
pas dupe de cette soumission : même s’il est considéré par beaucoup comme
une "grande folle" (ne l’a-t-on pas surnommé la "reine de
Bithynie", allusion à ses rapports très spéciaux avec le roi
Nicodème ?), en matière militaire, il est particulièrement vigilant à ce
qui lui arrive par derrière !
Au printemps 56 donc, Jules
César est de retour en Gaule avec le projet ambitieux de déployer les aigles
romaines sur les côtes bretonnes (il s’agit, bien sûr, de l’actuelle Grande
Bretagne).
Ce retour et cette envie
maritime du proconsul ne font pas du tout l’affaire des Vénètes ...
QUI SONT LES VENETES ?
La cité des Vénètes armoricains
s’étend sur la côte sud de l’Armorique (le Morbihan actuel) mais l’origine de
ce peuple semble plus lointaine : il est connu des Grecs et Homère en
parle dans l’Iliade (les Hénuètes). On les retrouve en Adriatique, en Baltique,
sur les bords de la Vistule ... Ceux d’Adriatique sont alliés des Romains dès
le IIIème siècle a.c. et leurs fournissent des auxiliaires au moment de la
seconde Guerre Punique. C’est sous le règne de Marc Aurèle (IIème siècle a.c.)
qu’ils s’installent sur les îles de l’Adriatique : ainsi débute l’histoire
de Venise ...
En fait, le lien qui nous fait
regrouper autour d’une même origine indo-européenne les Vénètes du Pô, ceux de
la Baltique et ceux de l’Ouest Armoricain est, pour le moment, uniquement
d’ordre linguistique, à savoir une identité de nom. Certains y associent
également les Wendes ... mais restons-en là.
Les Vénètes qui nous
intéressent occupent donc, à l’époque de la conquête romaine, le territoire
bordé au nord par l’Oust (axe Pontivy - Redon), à l’ouest, par une ligne
reliant Pontivy à Quimperlé et à l’Ouest par le cours de la Vilaine sur l’axe
Redon - la Roche Bernard. Il est possible que leur emprise ait débordé au sud
sur une partie de la Loire Atlantique. Ainsi, l’ancien nom de Besné (près de
Guérande) était Vindunita Insula et le chroniqueur Ermold le Noir (IXème
siècle) cite la localité de Véneda sur le même secteur.
Quoiqu’il en soit, le
territoire vénète contrôle les estuaires des principales rivières armoricaines
du sud (la Vilaine et le Blavet en particulier) : il est donc le lieu de
passage obligé pour tout commerce depuis l’intérieur vers les côtes
atlantiques. Groix et Belle-Ile semblent avoir été également sous contrôle.
Vannes (Darioritum, puis Gwenned en Breton) est, à l’époque gallo-romaine, la
capitale du peuple vénète mais il est possible qu’à l’origine ce soit
Locmariaquer qui ait joué ce rôle.
C’est sans doute le peuple le
plus puissant de toute la Péninsule (qui regroupe les Osismes, les
Coriosolites, les Redones et les Namnètes). Cette puissance est avant tout
économique car il semble bien qu’une suprématie politique de l’un sur l’autre
n’ait jamais vraiment existé. L’étude des monnaies vénètes nous montre qu’ils
furent les premiers, en Armorique, à frapper des statères d’or dès la fin de
l’hégémonie arverne (défaite du roi Bituit face aux légions romaines en 121 a.
c.). Cette organisation économique supérieure est liée à leur bonne
connaissance de la mer : navigateurs chevronnés, ils gardent la mainmise
sur tout le trafic maritime de la côte océane et contrôlent, en particulier,
les routes vers la Bretagne. Ces liens avec la grande île sont importants à
double titre : les échanges commerciaux sont nombreux et les continentaux
trouvent là-bas, entre autres, un étain d’excellente qualité. D’autres part,
cette "île du bout du monde" reste le centre religieux du druidisme,
son poumon en quelque sorte. Or il apparaît clairement que si l’unité politique
gauloise continentale est ponctuelle et précaire, l’unité religieuse autour des
druides est un phénomène avéré dont César lui-même a saisi toute l’importance
(il est persuadé qu’il faut rechercher là l’origine de toutes les révoltes
gauloises et l’entretien d’un patriotisme anti-romain solide).
Peuple de marins, de commerçants
(ils vendent en particulier le sel), les Vénètes exploitent également les
ressources de l’arrière pays : les forêts fournissent le bois de chêne
dont sont construits leurs navires. Ils travaillent également le fer et sont de
remarquables potiers.
UNE ÉPINE DANS LE PIED
DE JULES ...
L’Ouest armoricain semble avoir
été longtemps à l’abri des incursions romaines. Des études numismatiques
récentes auraient tendance à prouver qu’il n’y a pratiquement aucun commerce
direct avec Rome avant 57 a. c. On ne trouve pas ou peu de traces de monnaies
romaines antérieures à cette période, l’essentiel des importations depuis le
sud de la Gaule étant le fait de non-Romains (Aquitains en particulier) et le
commerce étant essentiellement basé sur le troc. A l’inverse des peuplades très
tôt "romanisées", les Vénètes n’abandonnent pas leur propre monnaie
et leurs statères ne peuvent s’échanger avec les deniers romains.
A la fin de l’été 57, les
premiers soldats romains apparaissent en Armorique (c’est vraisemblablement la
7ème légion de Publius Grassus qui descend de l’actuelle Belgique). On peut
difficilement définir un itinéraire précis pour cette promenade en bord de mer
mais il est vraisemblable que Grassus "visite" les tribus
armoricaines. C’est alors la coutume de remettre des otages, en signe de bonne
entente, et les Armoricains ne dérogent pas à la règle.
Nous n’avons aucun témoignage
écrit sur le sentiment qu’à pu laisser dans l’esprit des Vénètes ce passage,
somme toute rapide, des légions romaines mais il est bien évident que les chefs
de la peuplade ont du être inquiets de cette incursion et ce d’autant plus que
l’annonce du sort réservé aux Nerviens a franchi les frontières. Leur absence
de réaction immédiate est sans doute un signe de prudence : ne vaut-il pas
mieux attendre, voir si le danger se précise et se concerter alors avec les
tribus voisines ?
En 56, les besoins en
ravitaillement des troupes de Grassus sont l’occasion de l’arrivée en Armorique
de fourrageurs qui viennent prélever là ce qui leur est nécessaire. Les Vénètes
trouvent là l’occasion de rappeler à César qu’ils ne sont pas un peuple soumis
et ils retiennent les Romains dans le but de les échanger avec les otages remis
quelques mois plus tôt. C’est du moins la version de César qui passe sous
silence son désir de s’assurer une certaine suprématie maritime.
La guerre était inévitable et
les Vénètes ne semblent pas avoir agi seuls : les Coriosolites et d’autres
sont de la partie, la révolte gagnant même certaines régions de l’actuelle
Normandie (le territoire des Esuvii par exemple, situé aux environ de Sées
...).
Ecoutons donc le grand
Jules (livre troisième de Bellum Gallicum ) :
(VII) "Le jeune P. Crassus
hivernait avec la septième légion, chez les Andes, près de l’Océan. Comme il manquait
de vivres, il avait envoyé chez les peuples voisins des préfets et plusieurs
tribuns militaires , pour demander des subsistances : [...] Q. Velianus
avec T. Silius chez les Vénètes.
(VIII) Ce dernier peuple est le
plus puissant de toute cette côte maritime. Les Vénètes possèdent un grand
nombre de vaisseaux sur lesquels ils commercent en Bretagne et surpassent leurs
voisins dans l’art de la navigation. Ils occupent d’ailleurs sur cette mer
vaste et orageuse, le très petit nombre de ports qui s’y trouvent et rendent
tributaires presque tous les navigateurs étrangers. Les premiers, ils retinrent
Silius et Velanius, espérant recouvrer, par ce moyen, les otages qu’ils avaient
livrés à Crassus. Les résolutions des Gaulois sont promptes et subites :
les autres, entraînés par cet exemple, arrêtèrent aussi Trebius et Terrasidius.
Aussitôt, ils s’envoient des députés et s’engagent, par l’entremise de leurs
principaux citoyens, à ne rien faire que de concert et à courir la même chance.
Ils encouragent les autres cités à conserver la liberté qu’elles avaient reçue
de leur pères plutôt que de supporter l’esclavage des Romains. Ces sentiments
furent bientôt partagés par toutes les régions maritimes. Ils envoient une
délégation commune à P. Crassus pour lui signifier qu’il n’aura ses officiers
qu’en rendant les otages.
(IX) César était alors très
éloigné. Instruit de ces faits par Crassus, il ordonne de construire des
galères sur la Loire, qui se jette dans l’Océan, de lever des rameurs dans la
Province, de rassembler des matelots et des pilotes. Ces ordres furent
promptement exécutés. Lui-même, dès que la saison le permet, se rend à l’armée.
Les Vénètes et leurs alliés se sentaient coupables pour avoir retenu et jeté
dans les fers des ambassadeurs dont la qualité, chez toutes les nations, fut
toujours sacrée et inviolable. Dès qu’ils connurent l’arrivée de César, ils se
hâtèrent de proportionner les préparatifs au péril et surtout d’équiper les
vaisseaux : ils se confiaient aussi à l’avantage des lieux. Les chemins sur
terre étaient coupés par les marées hautes et la navigation difficile sur une
mer dont les ports étaient rares et peu connus. Ils espéraient que le manque de
vivres nous empêcherait de faire chez eux un long séjour et, lors même que leur
attente serait trompée, ils étaient toujours les plus puissants sur mer. Les
Romains n’avaient point de marine, ils ignoraient les rades, les ports, les
îles des parages où ils feraient la guerre. La navigation était tout autre sur
une mer fermée que sur le vaste et immense océan. Ces réflexions les rassurent.
Ils fortifient leurs places et transportent le blé de la campagne dans les
villes. Ils rassemblent le plus de vaisseaux possible chez les Vénètes contre
lesquels ils pensent que César se dirigera d’abord : ils reçoivent dans
leur alliance les Osismiens, les Lexoviens, les Namnètes, les Ambiliates, les
Morins, les Diablintes et les Ménapiens : ils demandent des secours à la
Bretagne située vis à vis de leurs côtes.
(X) Telles étaient les
difficultés de cette guerre et cependant plusieurs motifs commandaient à César
de l’entreprendre : l’injure faite à la République en retenant des
chevaliers romains, la révolte après la soumission reçue et les otages livrés,
la conjuration de tant de peuples, la crainte que l’impunité n’encouragea
d’autres nations. Il connaissait l’amour des Gaulois pour le changement et leur
promptitude à prendre les armes et il savait, d’ailleurs, qu’il est dans la
nature de tous les hommes d’aimer la liberté et de haïr l’esclavage. Sans
attendre donc qu’un plus grand nombre de peuples se liguent, il s’empresse de
partager ses forces et d’étendre son armée.
(XI) Il envoie, avec de la
cavalerie, T. Labienus, son lieutenant, chez les Trévires, peuple voisin du
Rhin. Il le charge de visiter les Rémois et autres Belges pour les maintenir
dans le devoir et de fermer le passage du fleuve aux Germains que l’on disait
appelés par les Belges. Il ordonna à P. Crassus de se rendre en Aquitaine avec
douze cohortes et une cavalerie nombreuse pour empêcher ce pays de secourir la
Gaule et de s’unir à tant de nations. Il fait partir Q. Titurius Sabinus avec
trois légions chez les Unelliens, les Coriosolites et les Lexoviens pour tenir
ce côté en respect. Il donne au jeune D. Brutus le commandement de la flotte et
des vaisseaux gaulois qu’il avait exigés des Pictons, des Santons et autres
pays pacifiés et lui dit de se rendre au plus tôt chez les Vénètes. Il y marche
lui-même avec les troupes de terre.
(XII). La plupart des villes de
cette côte sont situées à l’extrémité de langues de terre et sur des
promontoires : elles n’offrent d’accès ni aux gens de pied lorsque la mer
est haute (ce qui arrive constamment deux fois en vingt quatre heures) ni aux
vaisseaux que le reflux laisse à sec sur le sable. On ne pouvait donc aisément
les assiéger. Si, après de pénibles travaux, on parvenait à contenir la mer par
des digues et à élever une terrasse jusqu’à la hauteur des murs, les assiégés,
lorsqu’ils désespéraient de leur sort, rassemblaient leurs nombreux vaisseaux,
y transportaient tous leurs biens et se retiraient dans d’autres villes
voisines où la nature leur offrait les mêmes moyens de défense. Durant une
grande partie de l’été, cette manœuvre leur fut d’autant plus facile que notre
flotte était retenue par les vents contraires et pouvait à peine naviguer sur
une mer vaste, ouverte, sujette à de hautes marées et presque entièrement
dépourvue de ports.
(XIII) Les vaisseaux des
ennemis étaient construits et armés de manière à lutter contre ces obstacles.
Ils ont la carène plus plate que les nôtres : aussi redoutent-ils moins
les bas-fonds et le reflux. Les proues sont très hautes et les poupes plus
propres à résister aux vagues et aux tempêtes. Les navires sont tout entier de
chêne et peuvent soutenir le choc le plus rude. Les bancs, faits de poutres
d’un pied d’épaisseur, sont attachés par des clous en fer de la grosseur d’un
pouce. Les ancres sont retenues par des chaînes de fer au lieu de cordage. Les
voiles sont de peaux molles, amincies, bien apprêtées, soit qu’ils manquent de
lin ou ne sachent pas l’employer, soit plutôt qu’ils croient impossible de
diriger avec nos voiles des vaisseaux aussi pesants à travers les tempêtes et
les vents impétueux de l’Océan. Dans l’action, notre seul avantage est de les
surpasser en agilité et en vitesse. Du reste, ils sont bien plus en état de
lutter contre les mers orageuses et contre la violence des tempêtes. Les
nôtres, avec leurs éperons, ne pouvaient entamer des masses aussi solides et la
hauteur de leur construction les mettait à l’abri des traits, aussi
craignent-ils moins les écueils. Si le vent vient à s’élever, ils s’y
abandonnent avec moins de péril et ne redoutent ni la tempête, ni les
bas-fonds, ni, dans le reflux, les pointes et les rochers : tous ces
dangers étaient à craindre pour nous.
(XIV) César avait déjà pris
plusieurs villes mais sentant que sa peine était inutile et qu’il ne pouvait ni
empêcher la retraite des ennemis ni leur faire le moindre mal, il résolut
d’attendre sa flotte. Dès qu’elle parut et que l’ennemi la découvrit, deux cent
vingt de leurs vaisseaux environ, parfaitement armés et équipés, sortirent du
port et vinrent se placer devant elle. Brutus, qui en était le chef, et les
tribuns et centurions qui commandaient chaque vaisseau étaient indécis sur ce
qu’ils avaient à faire et sur la manière d’engager le combat. Ils savaient que
l’éperon de nos galères était impuissant, les tours de nos vaisseaux n’étaient
point assez hautes pour atteindre la poupe de ceux des barbares, nos traits
lancés d’en bas seraient sans effet tandis que les Gaulois nous en
accableraient. Une seule invention fut d’un grand secours : c’était une
espèce de faux extrêmement tranchante, emmanchée de longues perches assez
semblables à celle qu’on emploie dans les sièges. Avec ces faux, on accrochait
et on tirait à soi les cordages qui attachent les voiles aux vergues. On les
rompait en faisant force de rames et les vergues tombaient nécessairement. Les
vaisseaux gaulois, en perdant les voiles et les agrès qui faisaient toute leur
force, étaient réduits à l’impuissance. Alors le succès ne dépendait plus que
du courage et en cela, le soldat romain avait aisément l’avantage, surtout dans
une bataille livrée sous les yeux de César et de toute l’armée : aucune
belle action ne pouvait restée inconnue puisque l’armée occupait toutes les
collines et les hauteurs d’alentour d’où la vue s’étendait sur la mer.
(XV) Dès qu’un vaisseau était
ainsi privé de ses voiles, deux ou trois des nôtres l’entouraient et nos
soldats sautaient à l’abordage. Les Barbares, ayant perdu une partie de leurs
navires et ne sachant que faire contre cette manœuvre, cherchèrent leur salut
dans la fuite. Déjà, ils se disposaient à profiter des vents lorsque, tout à
coup, il survint un calme plat qui leur rendit tout mouvement impossible. Cette
circonstance compléta la victoire : les nôtres les attaquèrent et les
prirent l’un après l’autre. Un bien petit nombre put regagner la terre à la
faveur de la nuit. Le combat avait duré depuis la quatrième heure du jour (10
h du matin) jusqu’au coucher du soleil.
(XVI) Cette bataille mit fin à
la guerre des Vénètes et de tous les Etats maritimes de cette côte car toute la
jeunesse et même tous les hommes d’un âge mûr, distingués par leur rang ou leur
caractère, s’étaient empressés de prendre les armes : ils avaient
rassemblé tout ce qu’ils avaient de vaisseaux et cette perte ne leur laissait
aucun moyen de retraite ou de défense. Dans cette extrémité, ils soumirent à
César leurs personnes et leurs biens. César crût devoir en faire un exemple
sévère qui apprit aux Barbares à respecter désormais le droit sacré des
ambassadeurs : il fit mourir tout le sénat et vendit le reste de la
population à l’encan."
Ainsi se termine la triste
histoire des Vénètes mais la révolte armoricaine n’est pas vraiment écrasée et
quand Vercingétorix, enfermé dans Alésia en 52, appelle à l’aide, il obtient
"vingt mille hommes de l’ensemble des peuples qui bordent l’Océan et qui
se donnent le nom d’Armoricains" (Bellum Gallicum. Livre VII.).
Curieusement, dans la liste des peuplades confédérées, César ne parle pas des
Vénètes : sans doute ne veut-il pas mentionner un peuple qu’il dit avoir
rayé de la carte ...
Une énigme demeure : où
donc a eu lieu cette fameuse bataille ?
A Vannes, aujourd’hui, l’on
vous dira que c’est dans le Golfe du Morbihan ... D’autres pensent que
l’affrontement s’est déroulé en pleine mer, au large du Golfe, d’autres encore
en vue de Lorient. Certains historiens le situe plus à l’Ouest (J. Armand) vers
Concarneau ou Bénodet.
Le problème est qu’aucune épave
n’a été trouvée à ce jour ... Le mystère reste donc entier !
Pour en savoir
plus :
On pourra consulter PROTOHISTOIRE
de la BRETAGNE dans la Collection Ouest-France Université (Rennes 1979) et
en particulier la troisième partie due à Louis PAPE. La carte des peuples
armoricains et la photographie du statère vénète sont extraits de cet ouvrage.
Toujours aux Editions Ouest
France (Rennes 1986), on lira le bon (très bon !) ouvrage de Françoise Le
Roux et Christian-J. Guyonwarc’h "LES DRUIDES".
L’HISTOIRE DE LA GAULE de Danièle et Yves ROMAN (Fayard 1997) est
considérée par certains comme la bible en la matière. On y trouvera quelques
pages sur les Vénètes et en particulier une citation de Napoléon Bonaparte qui
critique l’attitude cruelle de César face au peuple vénète en oubliant ses
propres exploits sanguinaires dans toute l’Europe et particulièrement en
Espagne.
Enfin, pour ceux qui préfère
aborder l’histoire par le biais du roman, je signale le livre (captivant) de
Michel PEYRAMAURE : Les Portes de Gergovie.
Certains souhaiteront
certainement lire le texte de César dans sa forme latine. Pour cela une seule
adresse : http://www.alesia.asso.fr/
On y trouve la version de Bellum Gallicum collectée par l’Institut Vitruve.
Des départements de la Bretagne, le Morbihan
est celui qui offre le plus de souvenir de l'époque celtique. Son nom d'abord,
qui est demeuré celtique (mor bihan, la petite mer) alors que tous
les autres départements prenaient des noms nouveaux en laissant disparaître les
anciens ; ensuite les nombreux monuments druidiques, ou. plutôt
mégalithiques, dont il est parsemé, et qui semblent attester, selon certains
historiens et archéologues, qu'il fut le siège principal du culte des druides.
D'autres pensent que ces monuments de l'âge de
pierre, qu'à défaut de données plus précises on appelle aujourd'hui monuments mégalithiques,
furent à l'origine répandus avec la même densité sur tout le sol de la France
du nord, mais qu'à la suite des invasions, se dirigeant toutes de l'Orient à
l'Occident, ils auront disparu avec les premières civilisations, et que leurs
débris auront servi à la construction des habitations, des tombeaux mêmes des
nouveaux venus : Francs, Suèves, Alains, Bourguignons, Vandales, Gots,
Romains, etc. La Bretagne, qui par sa position à l'extrême occident de la
France échappa à la plupart de ces envahisseurs, aurait naturellement conservé
plus facilement ses monuments de l'âge primitif de l'homme.
A côté de Carnac, qui depuis longtemps jouit
d'une réputation colossale en raison du nombre et de la dimension de ses
menhirs, on peut citer aussi la lande du Haut-Brambien (lande de Lanvaux), par
exemple (commune de Pluherlin). On compte ainsi plus de deux mille menhirs qui
dépassent en grosseur ceux de Carnac. Menhirs, peulvan, pierres droites,
dolmens, tables de pierres, cromlechs, cercles de pierres, témènes,
enceintes consacrées, tumulus, monuments de terre faits de main
d'hommes, galgals, monticules formés uniquement de pierres de la
grosseur d'un pavé, sans terre ni ciment, et sous lesquels on a souvent trouvé
des grottes pleines de squelettes symétriquement disposés, d'armes, de vases de
terre, routers, pierres branlantes, pierres percées où les
paysans bretons superstitieux vont passer leur tête pour se débarrasser de la
migraine, haches de pierre, qu'ils utilisent en les emmanchant dans une
branche fendue qui, continuant de pousser et de grossir, se noue autour de la
pierre tranchante d'une manière indissoluble ; tels sont les restes
celtiques qu'on trouve dans le Morbihan. Nous allions oublier la langue, qui
n'est pas le moins curieux de ces restes antiques, et que les paysans du pays
parlent à peu près comme leurs ancêtres il y a deux mille ans.
Les Vénètes occupaient le Morbihan à l'époque
de l'arrivée des Romains. Ce peuple, après s'être soumis à la première attaque,
se repentit ensuite, prit les armes et opposa aux conquérants une des
résistances les plus énergiques qu'ils aient rencontrées en Gaule. Il profita
fort habilement de la disposition du sol, de cette disposition à laquelle le
pays même devait son nom, c'est-à-dire des golfes nombreux par lesquels la mer
a déchiré la côte, et qui forment une multitude de presqu'îles.
Les cités des Vénètes s'élevaient à la pointe
de toutes ces péninsules dont la marée haute faisait autant d'îles inabordables
aux troupes de terre. Lorsque les Romains avaient réussi, après de grandes
peines, à s'emparer de quelqu'une de ces villes, ils ne tenaient pas pour cela
les habitants, qui s'enfuyaient sur leurs vaisseaux avec tout ce qu'ils
possédaient de plus précieux.
Les Vénètes avaient, en effet, une marine
nombreuse, au moyen de laquelle ils entretenaient des relations fréquentes avec
la Grande-Bretagne. Ils s'étaient rendus maîtres de la plupart des ports de
cette côte et avaient imposé un tribut à tous ceux qui naviguaient dans leurs
parages. Leurs vaisseaux de chêne, masses énormes, aux flancs épais, à la
carène aplatie, à la proue haute comme une forteresse, aux voiles de peau, aux
ancres pesantes, bravèrent d'abord les attaques des galères romaines comme
elles bravaient le choc des flots dans les tempêtes.
Il fallut à César une tactique toute nouvelle.
Il arma ses soldats de faux tranchantes placées au bout de longues perches avec
lesquelles ils coupèrent les câbles des vaisseaux Vénètes. Ceux-ci, privés de
l'usage de leurs voiles, masses inertes et immobiles, présentèrent un abordage
facile et devinrent un champ de bataille où l'on combattit corps à corps. César
avait rendu le combat naval semblable au combat de terre, et assuré la victoire
aux Romains.
Ainsi se passa la dernière bataille livrée par
les Vénètes, et pour laquelle ils avaient réuni dans le port de Dariorig
(Dariorigum, que l'on croit être Auray) 220 navires. Les légions romaines
sur les hauteurs, et le peuple de la ville sur les murailles, en contemplaient
le spectacle. La plupart des Vénètes périrent dans les flots, les anciens de la
cité dans les supplices ; le reste fut vendu à l'encan.
Le peuple du Morbihan a cessé depuis lors de
former un corps de nation. Soumis aux Romains, il reçut en compensation de la
servitude quelques avantages de la civilisation ; il vit son territoire
sillonné par ces voies innombrables qui sont un des plus beaux titres de gloire
des Romains.
Des recherches consciencieuses ont remis en
lumière la plupart des voies romaines du Morbihan. On en trouve de toute
grandeur, depuis 15 jusqu'à 70 pieds de large. Les landes, les lieux incultes
et les forêts permettent de reconnaître fréquemment des tronçons de ces voies
qui, au contraire, dans les lieux cultivés, ont la plupart du temps disparu
sous les envahissements des propriétaires.
Ces voies retrouvées suivent en général une
direction rectiligne, ce qui était au reste un caractère ordinaire des voies
romaines, comme l'ont remarqué la plupart des savants qui se sont livrés à
cette étude, comme l'observait déjà, chose curieuse, Beaumanoir dans ses Coutumes de Beauvaisis, au XIIIe siècle. Rencontrait-on
une rivière, plutôt que de faire un détour, on construisait un gué artificiel.
Ces routes s'offrent pavées de blocs de pierre bordés par d'autres blocs
formant accotoirs. Sur les bords, à des distances de neuf ou dix lieues, on
rencontre souvent des traces de stations ou mansions, qui marquaient les
étapes des soldats romains et où ils trouvaient un abri et des magasins.
C'est ainsi qu'en 1835, un laboureur du village
de Lescorno, près du bourg de Surzur, a découvert sur le bord de la voie
romaine une pierre monumentale portant cette dédicace : Imperatori Caesari Piavonio Victorino Pio felici Augusto, et tout à l'entour
des cendres entassées, des briques brisées, des vases en terre cuite, traces
évidentes d'une station romaine. Quant à l'inscription, elle est très curieuse,
puisqu'elle atteste la souveraineté d'un des successeurs de Posthumus dans les
Gaules. Bien des noms de lieux rappellent la présence des Romains dans le
pays : Voie (Via), Estrée, Estrelle, Estrac (Stratum), Les
Millières (Milliarium), etc.
Ainsi l'occupation romaine fut aussi forte dans
le Morbihan que dans le reste de la Gaule. Le commerce eut aussi quelque
prospérité. La petite mer fut de nouveau visitée par les vaisseaux
marchands sous son nouveau nom latin de Mare conclusum que lui donne
César. On hésite toutefois à prononcer si César a désigné par là simplement le
golfe du Morbihan, en avant de Vannes, ou l'espèce de bassin maritime formé par
la presqu'île de Quiberon, les îles d'Houat et d'Hoedic, et qui reçoit la Vilaine.
Certains auteurs considèrent comme une colonie
des Vénètes du Morbihan les Vénètes plus tard fondateurs de Venise, qui
occupèrent le fond de la mer Adriatique. Après l'empire romain, l'histoire du pays
qui nous occupe se confond avec celle des comtes de Vannes. Nous renvoyons à
cette ville et à celles qui la suivent pour l'histoire ultérieure du
département, qui, désormais, n'offre plus guère d'ensemble.
En
présence de ce grand port naturel des Venètes que l’on a appelé Morbihan, mais que César nomme Venetia,
de cette rade assez vaste pour renfermer toute la puissance maritime des
Gaules, naves in Venetiam ubi Caesarem primum bellum gesturum constabat,
quam plurimas possunt, cogunt, liv.III-9, offrant dans ses îles, dans les rivières de Vannes,
d’Auray et de la Trinité-Carnac, des ports pour abriter leurs vaisseaux pendant
les tempêtes de l'équinoxe, retenant la flotte romaine à l'embouchure de la
Loire, liv. III-12, ces oppida, où ils pouvaient successivement transporter
indifféremment tous leurs biens, leurs approvisionnements et leurs troupes de
terre ; le plan de campagne de César lui était imposé par la nature des
lieux ; il n'y avait pas de capitale à assiéger et à prendre avec ses légions,
mais une flotte à attaquer et à vaincre sur mer, pour cela César fut obligé de
se confier à la sienne et à sa bonne fortune qui lui livra la flotte gauloise.
Des personnages pré-tirés sont fournis. Si ceux-ci ne vous conviennent pas ou si vous préférez faire tirer les personnages, sachez que la seule obligation est qu'un des personnages soit Chevalier (noble).
La Toile de Fond
La péninsule armoricaine correspond à la Bretagne actuelle. Elle est le territoire de 5 tribus gauloises : les Vénètes, les Ossismes, les Redons, les Namnètes et les Coriosolites. Les personnages appartiennent à cette dernière tribu.
La péninsule doit sa prospérité au commerce de l'étain. Celui-ci est produit sur la verte Eireann et en Bretagne, acheté sur place et transporté par les Armoricains. Les Vénètes les plus habiles navigateurs de la côte atlantique dispose à ce titre du monopole du commerce de l'étain avec les marchands grecs. L'ensemble des peuples de la péninsule profite de ce commerce d'une manière ou d'une autre : en effectuant une partie du transport, en commerçant avec la Bretagne ou en transformant le métal.
Des guerres opposent parfois les différentes tribus et les frontières fluctuent de temps à autres, mais la supériorité maritime des Vénètes leur a toujours permis de conserver le leadership.
Comme dans le reste de la Gaule, le rejet de la Royauté gagne l'Armorique. Si les Ossismes sont dotés d'une reine et les Redons d'un Roi, Coriosolites, Vénètes et Namnètes ont un Vergobret, magistrat élu pour un an et faisant office de roi temporaire. Les Vergobrets ne sont pas rééligibles après leur mandat.
L'Armorique est également gagnée par le phénomène des Oppida permanentes (proto-urbanisation). Les Vénètes occupent de nombreux éperons rocheux de la côte sud et leur capitale Darioritum est un port florissant rappellant une ville. Condate et Condalo occupent une forte population permanente d'artisans et de commerçants. Vorgium et Lugdunum ne sont encore que collines fortifiées à vocation essentiellement militaire.
Le paysage de l'Armorique diffère en de nombreux points de celui de la Bretagne actuelle. Les landes sont encore peu nombreuses bien que présentes sur les Monts d'Arrhée. C'est la forêt qui règne en maître sur l'Argoat, l'intérieur des terres. Sa faune également est plus sauvage : les loups, les cerfs et les bièvres habitent la forêt armoricaine. On peut même y rencontrer de façon épisodique Aurochs, ours et même lions d'Europe.
L'Armorique
n'en est pas moins une terre civilisée à l'échelle de valeur des Celtes.
Commerce, agriculture, artisanat du fer et du bronze y prospèrent. C'est
également un haut lieu de magie et de connaissance : les druides et bardes y
sont très respectés, l'île de Sena abritent des prophétesse nues qui forment
des Guerriers Magiciens, les nombreux dolmens, caerns et menhir constituent
autant de points de contact avec les Fées et l'Autre Monde.
La Fine des Volcii
Les personnages sont liés à une fine (clan) des Coriosolites du doux nom de Volcii. Le Chevalier du groupe en est le chef et sa résidence est entourée d'un village de taille conséquente. Ce village se situe à l'intérieur des terres, dans un territoire très vallonnée entouré de forêts.
Les personnalités du village sont : Sucellos le chef (PJ), sa femme Briganta, le plus vieux Druide Galba, le Barde Luernos (PJ), le mèdecin Pennovindos, une dizaine d'ambacts dont Brennos (PJ).
En cette année
56 avant Jésus-Christ, César a soumis les Celtes de Belgique.
Il est parti pour l’Illyrie, une frontière sensible de l’empire.
En Armorique, Llewedd organise la rébellion.
Son peuple les Vénètes qui ont donné leur nom à votre ville de Vannes font semblant
de se soumettre en donnant des otages.
Llewedd, Gaulois de souche Celte, s
Le Golfe du Morbihan, la petite mer |
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Véritable petite mer (mor bihan en breton) parsemée d'une quarantaine
d'îles et ilôts, le Golfe du Morbihan constitue l'un des plus beaux paysages
de Bretagne. Baies tranquilles et marais salants forment le décor de l'est du
Golfe, véritable paradis pour les passionnés d'ornithologie. La partie ouest
du golfe est le domaine des marins, les chenaux sinuant entre les îles et
remontant par les rivières vers l'intérieur des terres. Le Golfe est
également d'une grande richesse historique. Les nombreux sites mégalithiques
sont témoin de l'installation très ancienne de civilisations humaines autour
du golfe. Les Vénètes occuperont plus tard ces lieux et résisteront à Jules
César, étant finalement battus lors d'une fameuse bataille navale. Le trafic
maritime et le commerce qui en découlent feront ensuite la richesse du golfe
et permettront le développement de Vannes et Auray, aujourd'hui admirablement
conservées. Aujourd'hui le Golfe vit surtout du tourisme et constitue l'une
des destinations les plus prisées de Bretagne. C'est en particulier un
paradis pour les fous de voile. Enfin, impossible de ne pas évoquer le fameux
micro-climat du golfe ... Chaque coin de Bretagne prétend avoir son
micro-climat, mais celui du Golfe n'est pas une légende ! L'influence du Gulf
Stream, la force des courants dans le golfe et l'importante masse d'eau
assurent un climat doux et plutôt ensoleillé. Saviez-vous que les
précipitations à Vannes sont moins importantes à Biarritz et que la région
bénéficie d'un ensoleillement équivalent à celui de Toulouse ? |
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ait que les
peuples de la Gaule se
Il semblerait que l'histoire de
Bretagne ne peut commencer avant que les Bretons, c'est-à-dire les
"indigènes" de la Grande Bretagne, chassés de leur île par la
guerre et contraints de chercher un refuge en Gaule, n'aient mis pour la
première fois le pied sur notre sol, ce qui n'eut lieu que de 455 à 460 après
Jésus-Christ. Vous découvrirez avec plaisir cette belle histoire de Bretagne
! |
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HISTOIRE DE
BRETAGNE
Les
Origines Avant l'histoire.-
Il y a des milliers d'années que les premiers habitants sont apparus dans
notre pays. Ils venaient de l'Est, groupés en tribus nombreuses. Ils devaient
être grands et forts : les squelettes que l'on a trouvés de cette époque
mesurent plus de 1 m. 80. Ce sont eux qui ont élevé les monuments
mégalithiques : dolmens ou tables de pierre, menhirs ou pierres longues,
dressées comme des colonnes, cromlechs (cercle de menhirs), alignements
(rangées de menhirs). C'est en Bretagne que ces monuments sont le plus
nombreux, surtout dans le Morbihan. On ne connaît pas au juste leur
destination. On croit cependant que les dolmens étaient, non pas des autels
pour les sacrifices humains, mais des pierres tombales. Les monuments les
plus célèbres sont ceux de Carnac et de Locmariaquer (Morbihan). Les
alignements de Carnac comprennent encore près de 3.000 pierres. On voit à
Locmariaquer un beau dolmen appelé la Table des Marchands et un grand menhir,
malheureusement brisé, qui mesurait 23 mètres et pesait 300.000 kg. Les
hommes de cette époque n'avaient que des armes et des outils de pierre. On
les appelle les hommes de la pierre polie. Les Gaulois. -
Les hommes de l'âge de pierre furent vaincus et remplacés, il y a plus de
deux mille ans, par d'autres hommes qui avaient des armes et des outils en
fer. C'étaient les Celtes ou Gaulois. Ils appelèrent la presqu'île «
Armorique » ou pays au bord de la mer et l'organisèrent en cités,
correspondant un peu à nos départements actuels. La plus puissante fut celle
des Vénètes, au pays de Vannes. Les Romains. -
Cinquante ans avant Nôtre-Seigneur Jésus-Christ, la Gaule entière fut soumise
par les Romains, commandés par un général remarquable, Jules César. Les
Gaulois d'Armorique, les Vénètes surtout, leur résistèrent avec un grand
courage. Mais les Vénètes furent vaincus dans une grande bataille navale et
les Romains occupèrent le pays pendant cinq cents ans. Ils bâtirent des
villes et les relièrent par des routes admirables, les « voies romaines ».
Peu à peu, les Gaulois adoptèrent la langue et la civilisation des
Romains : ils devinrent les Gallo-Romains. A partir du IIIème siècle, le christianisme se répandit peu à
peu en Armorique et fut persécuté par les Romains. Les martyrs les plus
connus de cette époque sont les « Enfants Nantais » : saints Donatien
et Rogatien. Lorsque l'Empire fut envahi par les Barbares, les Romains
retirèrent leurs soldats et l'Armorique se trouva sans défenseurs contre les
pirates du Nord et de la Germanie. Elle fut pillée, incendiée et dépeuplée. Arrivée des Bretons. -
Il y avait alors en Angleterre ou en Grande-Bretagne des hommes de la même
race que les Gaulois, mais qui étaient déjà chrétiens et qui avaient conservé
leur langue et leurs usages. C'étaient les Bretons. Ils furent attaqués par
des Barbares venus de la Germanie, les Saxons et les Angles, qui les
refoulèrent à l'Ouest, dans les montagnes du pays de Galles et dans la Cornouaille
britannique. Pour rester libres, un grand nombre de Bretons quittèrent la
Grande-Bretagne et vinrent s'établir en Armorique, qu'ils savaient toute
proche et presque déserte. Ces émigrations, commencées à la fin du Vème
siècle, durèrent deux cents ans et se firent par petits groupes, sous la
conduite des moines et des chefs de clans. Les moines furent amenés à créer
des paroisses, qui ont souvent gardé dans leur nom celui du saint qui les a
fondées. C'est le cas des paroisses dont le nom commence par lan, plou
ou tré. Le mot Lan indiquerait l'ermitage du saint, le mot Plou
la paroisse fondée par lui, le mot Tré, le hameau qui s'est bâti,
autour de l’ermitage. Les saints, en effet, ont été les véritables
fondateurs, les Pères de la patrie bretonne. Retenons au moins les noms des
Sept-Saints, C'est-à-dire des fondateurs des sept évêchés de langue bretonne,
en l'honneur desquels nos pères faisaient, le pèlerinage du Tro-Breiz ou Tour
de Bretagne ; Saint Samson (Dol), Saint Malo, Saint Brieuc, Saint Tudual (Tréguier),
Saint Pol de Léon, Saint Corentin (Quimper), saint Patern (Vannes). On peut
ajouter Saint Guénolé, premier abbé de Landévennec. Citons aussi un roi,
Saint Judicaël, qui régna sur le Nord de la Bretagne. Une partie de
l'Armorique, comprenant les pays de Nantes et de Rennes, resta gallo-romaine.
Les Bretons eurent à lutter contre les Gallo-Romains et contre les Francs.
Ils furent à peu prés soumis par Charlemagne et Louis le Débonnaire ; mais
ils allaient profiter de la faiblesse de Charles le Chauve pour se rendre
indépendants. La
nation bretonne (845-1532) Le royaume de Bretagne. - Après la mort de Louis le Débonnaire, Nominoé, gouverneur de la
Bretagne, souleva tous les Bretons contre Charles le Chauve et le vainquit à
Ballon (près de Redon), en 845. Nominoé a fondé l'unité et l'indépendance
bretonnes. Le royaume de Bretagne a été gouverné d'abord par Nominoé, puis
par son fils Erispoé, ensuite par Salomon, qui fut le plus puissant de nos
rois. A sa mort, la Bretagne, divisée, fut envahie par les Normands ; mais
elle fut délivrée par Alain le Grand, qui les vainquit à Questembert et fut
le dernier roi de Bretagne. Le duché de Bretagne. -
Les principaux ducs de Bretagne furent Alain Fergent, Conan III, Jean IV le
Conquérant et Jean V le Sage. Pendant la guerre de Cent Ans, la Bretagne fut
déchirée par la guerre civile. La couronne ducale se trouva disputée entre
Jean de Montfort, soutenu par les Anglais, et Charles de Blois, appuyé par
les Français. La guerre dura 23 ans, et se termina par la victoire de
Montfort à Auray (1364) et le traité de Guérande. Le dernier duc fut François
II qui lutta toute sa vie contre Louis XI, puis contre Anne de Beaujeu, pour
maintenir l'indépendance bretonne. Il fut vaincu en 1488 à
Saint-Aubin-du-Cormier. Réunion de la Bretagne à la France. - Sa fille, la duchesse Anne
n'avait pas douze ans, lorsqu'elle monta sur le trône (1488). Pendant trois ans,
elle continua la résistance, mais abandonnée et à bout de ressources, elle
accepte en 1491 la main du roi de France Charles VIII, puis, en 1499, après
la mort de Charles VIII, celle de Louis XII. Plus tard, sa fille Claude
épousa François Ier. Cependant la Bretagne ne devint province française qu'en
1532, à la suite du consentement des Etats de Vannes. Le traité d'union
maintenait les « droits, privilèges et libertés » du duché. Conclusion. -
Convoitée par l'Angleterre et par la France, constamment en guerre avec l'une
ou l'autre de ces puissantes voisines, la Bretagne a réussi à garder son
indépendance pendant 700 ans. Elle a eu ses souverains, les rois, puis les
ducs ; son armée et sa marine ; son Université, son Parlement et ses Etats.
La Bretagne est française depuis quatre siècles. En 1532, elle s'est unie à
la France en toute loyauté. Elle a donné surabondamment, surtout pendant la
dernière guerre, la meilleure preuve de sa fidélité, la preuve du sang. Le
monument grandiose de Sainte-Anne d'Auray rappellera aux générations futures
le sacrifice des 200.000 Bretons morts pour la France. Les saints et les grands hommes de la nation bretonne. - Saint Convoïon (IXe siècle)
a fondé le monastère de Redon et contribué, avec Nominoé, à établir le
royaume de Bretagne. Au Xème siècle, Jean, abbé de Landévennec, a aidé Alain
Barbe-Torte à chasser les Normands de notre pays. Saint Yves, de Tréguier
(XIIIème siècle) a été l'avocat des pauvres. Il a rempli les fonctions de
juge ecclésiastique et de recteur; il a fait de nombreux miracles. Saint Yves
est devenu le patron de la Bretagne ; il est aussi le patron des hommes de
loi. Au XIVème siècle, la Bretagne a été évangélisée par le célèbre
prédicateur espagnol Saint Vincent Ferrier, qui est mort à Vannes. Nous comptons
parmi nos souverains : le bienheureux Charles de Blois et la bienheureuse
Françoise d'Amboise. La Bretagne a fourni à la France, pendant la guerre de Cent ans,
trois grand connétables : Bertrand du Guesclin, Olivier de Clisson et Arthur
de Richement. Ce dernier acheva, par sa victoire de Formigny, l'œuvre de
Sainte Jeanne d'Arc, puis devint duc de Bretagne, sous le nom d'Arthur III.
Parmi les Bretons de cette époque qui se sont distingués dans les lettres ou
dans les arts, citons Pierre le Baud, aumônier de la Reine Anne, qui a écrit
une Histoire de Bretagne ; le grammairien Jehan Lagadeuc, de
Plougonven, auteur d'un Vocabulaire breton-latin-français, qui est
peut-être le premier ouvrage imprimé en breton ; le sculpteur Michel Colombe,
qui a orné le tombeau du duc François II à Nantes, tombeau considéré comme
l'un des chefs-d'œuvre de la Renaissance. Le gouvernement ducal : 1° LE DUC. - Bien que prêtant hommage au roi de France, le duc de Bretagne
était un véritable souverain. Mais son gouvernement n'était pas absolu. Il
partageait le pouvoir avec son Conseil, les Etats et le Parlement. 2° LE CONSEIL comprenait les membres de la famille ducale, les prélats et les
ministres : le chancelier, le trésorier, le président ou juge universel, le
maréchal et l'amiral. 3° LES ÉTATS DE BRETAGNE, c'était la réunion des députés des trois
ordres de la société bretonne. Le clergé était représenté par les neuf
évêques, les délégués de leurs chapitres, et les abbés des monastères ; la noblesse,
par les barons et les seigneurs ; le tiers état, ou plutôt la
bourgeoisie, par les représentants des 42 villes principales. Les Etats
exerçaient le pouvoir législatif : avec le duc, ils fixaient les lois et les
coutumes. Et surtout, ils discutaient, votaient, répartissaient et faisaient
recouvrer les impôts. En plus, ils servirent de Cour d'appel jusqu'à la
création du Parlement. Les Etats se réunissaient tous les ans dans une des
villes les plus importantes. Convoqués pour la première fois en 1185, ils se
réunirent pour la dernière fois en 1788. 4° Le PARLEMENT DE BRETAGNE, c'était le tribunal suprême des Bretons. Il
siégeait à Rennes et servait de Cour d'Appel. Créé par le duc François II, en
1485, le Parlement subsista jusqu'à la Révolution. Le fondateur de la Bretagne : Nominoé. - Les vieux Saints avaient fondé le peuple breton
; Nominoé l'a constitué en nation, assurant ainsi, pour de longs siècles, son
existence, son indépendance, la persistance et le développement de son génie
et de son caractère national; sans lui, depuis bien longtemps, il n'y aurait
plus de Bretagne ni de Bretons. Quand on regarde aux moyens qu'il a mis en œuvre, on ne sait ce
qu'il faut le plus admirer, ou la longue et difficile, mais très efficace
préparation menée par lui, avec une habileté et une patience sans pareilles,
ou l'exécution rapide, résolue, foudroyante. Quinze ans de préparation, puis l'exécution enlevée en quatre
campagnes ou, pour mieux dire, d’un seul coup, dans la prodigieuse bataille
de Ballon, où l'on voit Nominoé, après avoir refait à loisir la force de la
Bretagne, la tenant tout entière dans sa main, la lancer d'un bras puissant,
comme une avalanche, sur l'immense armée royale qui, après deux jours de
grande bataille, est anéantie, désastre honteux ! pendant que le puissant roi
s'enfuit comme un lièvre et n’osera plus, de toute sa vie, regarder Nominoé. D'après
Arthur de la Borderie (Histoire de Bretagne) Le Combat des Trente. - C'était pendant la guerre
de la Succession de Bretagne (au temps de la guerre de Cent Ans, sous le règne
de Jean le Bon). Les Anglais pillaient et rançonnaient « ceux qui sèment le
blé ». Pour venger les paysans, le gouverneur breton de Josselin Robert de
Beaumanoir, proposa à Richard Bembro, gouverneur anglais de Ploermel, de se
battre à trente contre trente, dans la lande de Mi-Voie, à égale distance de
Ploermel et de Josselin. Le défi fut accepté et le combat eut lieu, entre
trente Bretons et trente Anglais, le samedi 26 mars 1351. « Au premier choc,
quatre Bretons et deux Anglais furent tués. Les autres se reposèrent, burent
du vin qu'ils avaient apporté en bouteilles, raccommodèrent leurs armes et
bandèrent leurs plaies. Puis le combat recommença à coups d'épée et de hache.
Un des Bretons qui était resté à cheval tandis que les autres combattaient à pied,
décida du sort de la journée. Huit Anglais et Bembro lui-même restèrent sur
le terrain ; les autres, incapables de se défendre, furent faits prisonniers
et emmenés à Josselin. Des deux côtés, tous ceux qui avaient pris part à
cette lutte étaient couverts de blessures. Vingt-deux ans après le combat des
Trente, je vis à la table du roi un des combattants qu'on appelait Even
Charuel (de Plouigneau). On voyait à son visage que l'affaire avait été
chaude, car il était tout balafré ». (d'après
Froissard) C'est au cours de ce combat
que Beaumanoir, blessé, se plaignant de la soif, reçut d'un des siens cette
légendaire réponse : « Bois ton sang, Beaumanoir, ta soif passera ! » .
Un obélisque en granit a été élevé en 1823 à Mi-Voie pour perpétuer le souvenir
de ce glorieux fait d'armes. Portrait du bienheureux
Charles de Blois. - Charles de Blois était un prince affable, d’une piété
singulière, d'une austérité de vie égale à celle des moines les plus
pénitents; patient dans les adversités, humble dans tous les états de la vie,
charitable envers les pauvres sans acception de personnes dans
l'administration de la justice : dur à lui seul, saluant les plus petits,
vivant en égal avec la noblesse, et en frère avec les pauvres. Sa table était
frugale et ses repas accompagnés de la lecture des livres saints, ses jeûnes
étaient fréquents et rigoureux et ses exercices de piété continuels. Il
faisait à son corps une guerre sans relâche. Il dérobait à ses soins les plus
pressants de quoi faire l'aumône à ceux qui étaient dans l'indigence, au
point qu'un jour, n'ayant plus rien à donner à un pauvre qu'il rencontra, il
lui laissa son manteau. Dom
LOBINEAU, Histoire de Bretagne. Le couronnement d'un duc de
Bretagne. - Jean V n'avait que douze
ans à la mort de son père. Sa mère le conduisit à Rennes, pour accomplir la
cérémonie traditionnelle de la première entrée dans la capitale du pays pour
se faire couronner. Reportons-nous donc par la pensée au 22 mars 1401. La
duchesse est arrêtée à la porte Mordelaise dont les tours crénelées
subsistent encore et le jeune duc demande l'entrée de sa bonne ville. Les
bourgeois sont en liesse, les fenêtres s'égaient des coiffes compliquées des
bourgeoises et des damoiselles. Un brillant cortège attend le prince derrière
la porte : les barons de Bretagne sont là. La porte cependant reste fermée et
ne s'ouvre que lorsque le duc a prêté serment entre les mains d Olivier de
Clisson et du plus ancien chanoine : « Vous jurez à Dieu, lui demandent-ils,
de défendre la foi catholique et l'Eglise de Bretagne, d'observer les droits
des nobles et de rendre vraie justice au peuple ? » - Et le duc répond :
« Je le jure ! ». La porte s'ouvre alors devant lui. Suivi de la foule,
il franchit les quelques pas qui le séparent de la Cathédrale, où il entre
pour veiller toute la nuit jusqu'après le chant de matines. Le duc rentra à
son logis se reposer quelques instants, puis on vint le chercher en
procession... La messe du Saint-Esprit fut célébrée devant lui, deux
chanoines portant à ses côtés son épée et la couronne. La messe dite, on lui
remit son épée nue, puis on la lui ceignit en lui disant : «On vous a donné
cette épée au nom de saint Pierre, comme anciennement on l'a donnée aux rois
et ducs de Bretagne, vos prédécesseurs, pour défendre l'Eglise et le peuple qui
vous est confié». Lui posant la couronne sur le front, l'évêque officiant
ajouta : «On vous donne ce cercle au nom de Dieu. Ce cercle désigne que vous
recevez votre puissance de Dieu, qui, comme cercle rond, n'a ni commencement
ni fin. Dieu vous donnera couronne perpétuelle en Paradis, si vous faites
votre devoir par bon gouvernement... ». La cérémonie terminée, la procession
se développa, suivant l'usage, en faisant le tour extérieur de l'église, le
duc marchant le dernier, l'épée nue à la main. Le défilé rentra par la grande
porte et le duc s'avança vers l'autel y déposer son offrande. Accompagné de
ses prélats et de ses barons, il monta ensuite à cheval et se rendit à la
cohue (halles) de Rennes où un somptueux banquet avait été préparé. Cette
cérémonie symbolique montre la haute idée que les Bretons concevaient de la
dignité de leur duc et le rappel des rois bretons témoigne de leurs
prétentions à maintenir dans leur intégralité les prérogatives légendaires
qu'ils réclamaient pour leur pays. D’après Du
Cleuziou Les funérailles de la reine
Anne, duchesse de Bretagne (morte au château de Blois le 9 Janvier 1514). - ... Sa perte
fut vivement ressentie par tout le duché, qui s'unit véritablement à la
France pour les funérailles magnifiques qui lui furent faites à Notre-Dame de
Paris, dans la lumière de 4.000 cierges et les pompes fastueuses dont parlent
les narrateurs. L'inhumation eut lieu à Saint-Denys, mais le cœur, suivant la
volonté de la souveraine, qui avait aimé son pays «plus qu'autre au monde», enfermé
dans un cœur d'or, fut déposé dans le mausolée des Carmes à Nantes. La
translation fut l'objet de solennités nouvelles et aussi magnifiques que
l'avaient été les funérailles. Sous un poële de drap d'or, le fidèle
conseiller Philippe de Montauban, chancelier de Bretagne, portait le précieux
dépôt à travers les rues tendues de blanc et éclairées à toutes les fenêtres
des maisons de deux cierges aux armes de la reine. Suivaient le long cortège
des notabilités de la magistrature, de la noblesse, du clergé, des bourgeois
de la ville et la foule en deuil. Marthe Le
Berre La province
de Bretagne (1532-1790) Après sa réunion à la France,
la Bretagne, sagement gouvernée par ses Etats et par son Parlement, vécut en
paix jusqu'aux guerres de Religion. La Ligue en Bretagne. - La Réforme, introduite en
Bretagne au XVIème siècle par un prince de Coligny, ne se répandit pas dans
la masse paysanne ; seuls, des nobles, en assez grand nombre, et des
bourgeois se firent protestants et la province ne compta jamais plus de
quinze églises protestantes. Les Réformés provoquèrent des troubles à Nantes
et à Rennes et s'emparèrent, pour quelques jours, de Concarneau, en 1577. La
Bretagne ne connut pas les massacres de la Saint-Barthélemy et le pays fut
assez tranquille jusqu'à l'assassinat des Guise. A ce moment, la province
était gouvernée par le duc de Mercoeur, beau-frère de Henri III. C'était un
catholique zélé, mais un prince ambitieux. (On croit qu'il pensa devenir
duc de Bretagne ). Il se révolta contre le roi et entraîna à sa suite
presque toutes les villes, avec Nantes, dont il fît sa capitale. Ce fut la
guerre civile : il y eut en Bretagne deux gouverneurs, deux Parlements, deux
capitales. Mercoeur et les partisans de la Ligue refusèrent de reconnaître
Henri IV, même après sa conversion. Ils firent appel à l'Espagne, pendant que
le roi faisait venir les Anglais. Le maréchal d'Aumont, commandant les troupes
royales, s'empara de Morlaix, de Quimper et du fort espagnol de Roscanvel.
Mercoeur finit par se soumettre et Henri IV vint à Nantes, où il publia le
célèbre édit qui terminait les guerres de Religion. La Bretagne en sortait
ruinée. Pendant neuf ans, le pays avait été désolé par la famine, la peste et
les incursions des loups, ravagé par les troupes des deux partis et pillé par
des brigands, dont le plus néfaste fut La Fontenelle. La Révolte du Papier timbré. - La paix fut encore
troublée sous le règne de Louis XIV. Les impôts étaient déjà lourds dans un
pays où le prix de toutes choses avait baissé. La guerre de Hollande, les
constructions de Versailles et le luxe de la Cour amenèrent Louis XIV à créer
des impôts nouveaux : il fallut désormais employer du papier timbré pour
rédiger les actes, l'Etat prit le monopole de la vente du tabac et établit un
droit sur l'usage de la vaisselle d'étain. Ces nouvelles taxes causèrent un
vif mécontentement en Bretagne, principalement à Rennes, à Nantes et en Cornouaille
; elles y amenèrent la révolte dite du « Papier timbré » ou des « Bonnets
rouges ». Les paysans de quarante paroisses prirent les armes. Des nobles
furent maltraités, des châteaux incendiés, des villes menacées, des bureaux
de timbre et de tabac saccagés. Les révoltés exprimèrent leurs revendications
dans un Code paysan, rédigé à N.-D. de Tréminou, près de Pont-l'Abbé ; ils y
réclamaient l'adoucissement et parfois la suppression des droits
seigneuriaux. Les paysans formaient le plus souvent des bandes
indisciplinées, se livrant au pillage et à la boisson. Dans le pays de
Carhaix, où l'agitation fut la plus vive, ils trouvèrent un chef en Sébastien
Le Balp, « notaire taré, mais intelligent et énergique ». La mort de Le Balp
mit fin à la révolte. La répression fut impitoyable, malgré les interventions
du Père Maunoir. Le duc de Chaulnes, gouverneur de Bretagne, fit pendre les
meneurs qui ne purent s'enfuir. Les cloches qui avaient donné le signal de la
révolte furent descendues ; on décapita quelques clochers (Lambour et
Combrit, dans le pays bigouden). On détruisit un faubourg de Rennes qui avait
alimenté l'émeute, et ses habitants furent jetés à la rue. Le Parlement fut
exilé à Vannes où il resta quinze ans. 10.000 soldats occupèrent la Bretagne
et la traitèrent en pays conquis. Les prédications du Père Maunoir
contribuèrent beaucoup à apaiser les esprits. A cette époque commence le
célèbre pèlerinage de Sainte-Anne d'Auray. Administration de la
province.
- La province de
Bretagne était administrée, au nom du roi de France, par un gouverneur (parmi
les gouverneurs de Bretagne, il convient de citer Richelieu, le grand
ministre de Louis XIII) et un intendant. Elle conserva jusqu'à la
Révolution ses Etats et son Parlement, qui défendirent avec fermeté les libertés
de la province. Les édits du roi ne devenaient obligatoires en Bretagne
qu'après avoir été enregistrés par le Parlement de Rennes. Les saints et les grands
hommes de la province de Bretagne. -
Les Vénérables Dom Michel Le Nobletz et son successeur Julien Maunoir
établirent les Missions bretonnes, comme elles se donnent encore aujourd'hui
et s'appliquèrent à soulager les misères causées par les troubles de la Ligue
et la Révolte du Papier timbré ; leur prédication a beaucoup contribué à la
Renaissance religieuse du XVIème siècle. Plus tard, le Bienheureux Grignion
de Montfort a prêché des missions dans les pays de Nantes et de Rennes et
fondé la Congrégation des Filles de la Sagesse. Le Malouin Jacques Cartier
découvrit au XVIème siècle Terre-Neuve et le Canada. Le Nantais Cassard et
Duguay-Trouin, de Saint-Malo, s'illustrèrent dans la guerre de Course sous
Louis XIV. Au XVIIIème siècle, l'amiral de Kerguélen, né à Landudal, a
découvert dans l'Océan Indien les îles qui portent son nom. Au temps de la Ligue,
le savant juriste Bertrand d'Argentré, a étudié et soutenu le droit breton.
Au XVIIIème siècle, La Chalotais, procureur général au Parlement de Rennes,
défendit les libertés bretonnes de la province. Le quimpérois Elie Fréron,
critique et polémiste redoutable, combattit toute sa vie Voltaire et les
philosophes. La langue bretonne a été étudiée par le père Maunoir, puis par
le père Grégoire de Rostrenen qui ont publié tous deux une grammaire, un
vocabulaire et des cantiques. L'histoire de Bretagne a été écrite au XVIème
siècle par Bertrand d'Argentré, et surtout au XVIIIème siècle, par les moines
bénédictins dom Lobineau et dom Morice, ce dernier originaire de Quimperlé. Un brigand célèbre : La
Fontenelle.
- Le brigand
le plus redoutable, au temps de la Ligue, fut ce La Fontenelle, personnage
qui semble de légende, bien réel pourtant, et qui pendant six ans terrorisa
la Basse-Bretagne. Guy Eder de la Fontenelle, né au château de Beaumanoir,
près de Quintin, était encore écolier au début de la Ligue. Quittant à 16 ans
son Collège de Paris, il était rentré en Bretagne en 1589 et s'y était mis à
la tête d'une bande d'aventuriers... A Carhaix, il se fortifia dans l'église
Saint-Trémeur. Bientôt, s'étant emparé de la maison forte du Granec, en
Collorec, il s'y établit pour un temps. IL tenait tout le pays sous sa
sujétion, pillant villes et gros bourgs mais surtout saccageant le plat pays.
Les gens étaient obligés de se cacher parmi les landes « où ils mouraient et
demeuraient en proie aux loups, qui en faisaient leur curée vifs ou morts ».
En 1595, il dirigea une expédition sur Douarnenez et y fit grand butin. L'île
Tristan, dont il reconnut alors la forte situation, lui apparut comme un lieu
prédestiné. Il pourrait, sans beaucoup de peine, la rendre imprenable et de
là il dominerait et la terre et la mer. Les paysans d'alentour ne le virent
pas arriver sans effroi, et, puisque les troupes qui tenaient garnison dans
les villes voisines ne se remuaient point, ils se mirent eux-mêmes sous les
armes et se préparèrent à venir assiéger les brigands. Ignorants des choses
de la guerre, ils tombèrent dans un piège que leur tendit La Fontenelle. Ce
fut un grand carnage. Il fut tué plus de 1.500 paysans ; les autres,
terrorisés, réussirent à se sauver. La ruine de Penmarc'h vint accroître
l'épouvante. Un échec qu'il subit devant Quimper fut bientôt vengé par le sac
de Pont-Croix ; il s'y passa des scènes d'horreur inexprimable.. Plus tard,
impliqué dans la conspiration de Biron, La Fontenelle fut mis en prison et
subit le supplice de la roue, sur la place de Grève, à Paris, en 1602. Les Apparitions de Sainte
Anne. -
L'origine du pèlerinage de Sainte-Anne d'Auray est toute merveilleuse. Après
avoir eu déjà plusieurs visions, un laboureur de la paroisse de Pluneret,
Yves Nicolazic, eut dans la nuit du 25 juillet 1624 la révélation décisive.
Alors qu'il disait son chapelet dans sa grange, soudain celle-ci s'était
inondée de lumière et, au milieu de cette clarté, Nicolazic avait vu une dame
vénérable qui lui dit en breton :« Yves Nicolazic, ne crains point. Je
suis Anne, mère de Marie. Dis à ton recteur que dans cette pièce de terre que
vous appelez le Bocenno, il y a eu autrefois une chapelle dédiée à mon nom.
Il y a 924 ans et 6 mois qu'elle a été ruinée. Je désire qu'elle soit rebâtie
et que tu prennes ce soin, parce que Dieu veut que j'y sois honorée ». En
mars 1625, à la suite d'une nouvelle vision, du sol du Bocenno fouillé au
hoyau, fut retirée une statue de bois qui paraissait avoir séjourné fort
longtemps dans la terre et se trouvait tout endommagée par la pourriture.
C'était pour Nicolazic, la confirmation de ses révélations. Le bruit de la
merveilleuse découverte était bientôt répandu dans les environs de telle
sorte que les pèlerins ne tardèrent pas à affluer et à laisser des offrandes
que Nicolazic recueillait pour la construction de la chapelle. Nicolazic fut
soumis à de minutieux examens. Ceux-ci tournèrent à son avantage et l’évêque
de Vannes, pleinement gagné à la cause, favorisa de tout son pouvoir le culte
nouveau. Une cabane couverte de genêts servit d'abord à abriter la statue,
mais bientôt sur les instances de Nicolazic, l'évêque autorisa la
construction d'une chapelle. Nicolazic mourut en 1645, vingt ans après la
découverte de la statue après avoir, une dernière fois, solennellement
affirmé que tout ce qu'il avait dit sur l'origine de cette dévotion était la
vérité. Un grand Missionnaire : Dom
Michel Le Nobletz. - Michel Le Nobletz était né au pays de Léon, à Plouguerneau, en
1577. Après des études faites à Bordeaux puis chez les Jésuites d'Angers, une
fois ordonné prêtre, il se fit bâtir au bord de la mer, en son pays de
Plouguerneau, une petite cellule couverte de paille et s'y enferma pendant un
an dans une retraite profonde pour se préparer à ses travaux apostoliques. Il
les commença par sa paroisse natale, ne se bornant pas à prêcher contre les
vices et abus, mais enseignant à l'église dans les chemins publics, dans les
maisons particulières, les premiers éléments de la foi chrétienne. Il était
urgent, en effet, de remédier à l'ignorance religieuse du peuple, laquelle
était extrême. Bientôt la paroisse de Plouguerneau ne suffit pas à son zèle
et il se mit à prêché, catéchiser, confesser dans les paroisses voisines.
Traité d’insensé, chassé par son père, Michel Le Nobletz eut à supporter les
plus rudes traverses. Après avoir évangélisé le diocèse de Tréguier, Le
Nobletz, ému de l’abandon dans lequel étaient laissés les insulaires
d’Ouessant, de Molène et de Batz, exerça près d’eux un apostolat avec grand
succès. A Molène, la plupart des habitants étaient alors occupés à la pêche.
Le zèle missionnaire alla les trouver sur la mer pour leur prêcher
l’Evangile. Au cours de ses missions sur les côtes de Cornouaille, ayant
appris que l’île de Sein était depuis plusieurs années privée de tout secours
spirituel, Le Nobletz, sans se laisser arrêter par les périls de la traversée
ni par la réputation des insulaires « grossiers, barbares et
terribles », résolut d’y passer. Sa prédication produisit dans l’île un
entier changement. « Toute la vertu et la ferveur de la primitive Eglise
y fleurissent aussitôt et les exercices de la piété s’y pratiquèrent avec
plus d’attention qu’en aucun autre lieu de la province ». Après cette
mémorable mission de Sein, il se fixa à Douarnenez, où il devait demeurer
vingt-cinq ans, prêchant et catéchisant. Il faisait grand usage de tableaux
allégoriques qu’il expliquait à ses auditeurs ou qu’en son absence
expliquaient de pieuses femmes qui lui servaient d’auxiliaires. Les cantiques
en langue bretonne complétaient l’enseignement donné par Le Nobletz. De
Douarnenez, il passa au Conquet. Déjà sexagénaire, usé par les fatigues de
ses missions, Le Nobletz était de ceux qui travaillent jusqu’au bout. Il
continua donc d’enseigner et de catéchiser, sans cesser d’être en proie à la
contradiction. Mais son œuvre était désormais terminée ; aussi bien
avait-il un successeur en la personne du Père Maunoir. Il mourut le 5 mai
1652, vénéré comme un saint et comme un thaumaturge. Extraits de
Durtelle de Saint-Sauveur, Histoire de Bretagne. La Bretagne
depuis 1789 La Révolution. - En 1789, la noblesse et le
clergé bretons refusèrent d’envoyer des députés aux Etats généraux de Versailles.
Le Tiers-état seul fut donc représenté. Dans la nuit du 4 août, les députés
bretons abandonnèrent les droits séculaires de la province. Le parlement de
Rennes protesta en vain et fut supprimé, avant tous les autres parlements. En
1790, La Bretagne cessa d’exister administrativement et fut divisée en cinq
départements. Les députés bretons formèrent à Paris le club des Jacobins. Ils
se montrèrent assez modérés. Quatorze seulement, soit un tiers, votèrent la
mort de Louis XVI ; Lanjuinais eut le courage de défendre le roi. Mais
la plupart étaient du parti des Girondins et furent combattus par les
Montagnards. Les Girondins se réfugièrent en Bretagne et les 26
administrateurs du Finistère, ayant levé des troupe pour les protéger, furent
guillotinés à Brest. La persécution religieuse. - Les réformes sociales de la
Révolution, notamment la suppression des privilèges, furent bien accueillies,
surtout dans les villes. Il n'en fut pas de même de la Constitution civile du
clergé. Les trois quarts des prêtres bretons refusèrent de prêter serment à
cette loi schismatique, ils furent alors persécutés. Quelques-uns émigrèrent
en Angleterre et en Espagne, la plupart restèrent, déguisés en paysans, se
cachant pendant le jour, exerçant leur ministère la nuit, disant la messe
dans les granges, dans les bois, quelquefois en mer. Beaucoup furent
emprisonnés et guillotinés, quelques-uns massacrés à Paris (les Martyrs de
Septembre), d'autres déportés à la Guyane, d'autres enfin, périrent de misère
sur les pontons de Rochefort. Les églises turent profanées et livrées au
culte de la Raison, les statues mutilées, les cloches envoyées à la fonte
pour faire des canons. La Chouannerie. - La persécution religieuse ne
tarda pas à révolter les Bretons, très attachés à leurs prêtres. La levée en
masse, par la Convention, mit le comble à leur indignation. Le tirage au sort
amena un soulèvement, surtout en Haute-Bretagne. Ce fut le mouvement de la
Chouannerie, ainsi appelé parce que les insurgés adoptèrent comme signe de
ralliement le cri de la chouette. Le marquis de la Rouërie, né à Fougères,
l'un des héros de la guerre pour l'indépendance des Etats-Unis, eut le mérite
d'organiser la résistance. Il fonda une puissante Association bretonne pour
le maintien des droits de la province et le rétablissement de Louis XVI, mais
il mourut sans avoir pu réaliser son plan. Celui-ci fut repris par les chefs
chouans: Boishardy, dans les Côtes dû-Nord ; Boisguy, en Ille-et-Vilaine ;
Charette, au sud de la Loire ; Georges Cadoudal, dans le Morbihan. Les
chouans ne livrèrent pas de batailles rangées, comme les Vendéens : la
nature du pays favorisait plutôt les embuscades et les coups de main. La
seule expédition importante fut celle de Quiberon, pour aider au débarquement
des émigrés. Par malheur, émigrés et Chouans ne purent s'entendre et ce fut
une des causes du désastre. 700 furent fusillés à Vannes et au Champ des
Martyrs, près d'Auray, par ordre de la Convention, malgré la promesse
formelle de Hoche de leur laisser la vie sauve. (Leurs ossements reposent à
la Chartreuse d'Auray). Si les Chouans n'ont pas réussi dans leur but
politique, ils ont du moins, avec les Vendéens, forcé Bonaparte à faire la
pacification religieuse de l'Ouest et de toute la France. Depuis la Révolution. - Depuis la Révolution, notre
histoire se confond avec celle de la France. Les soldats et les marins
bretons, considérés par l'ennemi lui-même comme les meilleurs soldats de
France, ont toujours fait leur devoir, surtout pendant la Grande Guerre. Les
fusiliers-marins bretons se sont distingués à Dixmude, sous les ordres d'un
Finistérien, l'amiral Ronarc'h. On trouve des Bretons partout où il faut se
dévouer. On en comptait un grand nombre parmi les zouaves pontificaux. Nos
nombreux missionnaires — le Finistère seul en donne plus de deux cents
prêtres — sont dispersés par toute la terre, aux glaces polaires comme sous
les feux de l'équateur ou des tropiques. Citons, parmi eux, Mgr Calloc'h, qui
essaya, en Afrique de barrer la route aux Musulmans; Mgr de Guébriant, qui
fut supérieur général des Missions étrangères. Les Bretons célèbres au
XIXème et au XXème siècles. -
La Bretagne a donné, au XIXème et au XXème siècles, une foule d'hommes
célèbres. Parmi ceux qui sont nés hors du Finistère, citons comme
littérateurs : Chateaubriand, de Saint-Malo, dont le « Génie du
Christianisme » contribua à la restauration religieuse après la
Révolution et qui exerça une grande influence sur la littérature française ;
Félicité de Lamennais, un Malouin lui aussi, qui défendit brillamment
l'Eglise et le Pape, mais eut une fin malheureuse ; (son frère, le vénérable
Jean-Marie de Lamennais, fondateur des Frères de Ploërmel, avait collaboré à
ses premiers ouvrages) ; Ernest Renan, de Tréguier, qui a mis son talent au
service de l’irréligion ; le poète Brizeux, né à Lorient, auteur de
« Marie », « Les Bretons » et « Telen
Arvor » (la Harpe d’Armorique) ; J.-M. Luzel, de
Plouaret (Côtes d’Armor), qui a recueilli les contes et chants populaires de
Bretagne ; les romanciers Paul Féval, de Rennes, et Jules Verne, de
Nantes ; les poètes et romanciers Anatole Le Braz, né à Saint-Servais
(Côtes d’Armor) et Charles Le Goffic, né à Lannion ; le poète
Jean-Pierre Calloc’h, de Groix, auteur de « Ar en deulin » (A
genoux) ; le bon chansonnier Théodore Botherel, né à Dinan, mort à
Pont-Aven. Parmi les savants , on peut nommer les médecins Broussais, de
Saint-Malo, et Guérin, de Ploërmel, inventeur du pansement ouaté ;
Arthur de la Borderie, de Vitré, le grand historien de la Bretagne ;
l’ingénieur Dupuy-de-Lôme, de Ploemeur, qui perfectionna les constructions
navales. Parmi les hommes de guerre, citons : le corsaire Robert
Surcouf, de Saint-Malo ; le général Cambronne, de Nantes, qui commandait
à Waterloo la garde impériale ; le général de Lamoricière, de Nantes,
créateur des zouaves et défenseur du Pape. Personnages célèbres du
Finistère. - Le département du Finistère
a vu naître une foule d'hommes remarquables : La Tour d'Auvergne, de Carhaix,
« le premier grenadier de France » ; le général Moreau, né à Morlaix, qui fut
le rival de Bonaparte et le brillant vainqueur de Hohenlinden ; le grand
médecin Laënnec, né à Quimper, qui trouva une méthode nouvelle d'auscultation
; le grammairien breton Le Gonidec, du Conquet; le romancier Emile Souvestre,
de Morlaix ; l'explorateur Guillaume Lejean, de Plouégat-Guerrand, qui
parcourut l'Ethiopie ; le peintre Yan Dargent, de Saint-Servais, qui décora
de ses fresques la cathédrale de Quimper ; le poète Frédéric Le Guyader, né à
Brasparts ; le barde Théodore de la Villemarqué, né à Quimperlé, qui a
recueilli dans son admirable "Barzaz-Breiz" les vieux chants
populaires de la Bretagne |
soumettent aux Romains les uns après les
autres. Note Bene : il n'existe pas
véritablement d'ouvrage de synthèse traitant à la fois des Celtes et de leurs
voisins (Etrusques, Vénètes, Ligures, Ibères, Grecs). L'ouvrage le plus complet
sur la question celtique est celui de Venceslas Kruta 2003. Les titres dont les
lectures est la plus recommandée sont en gras
On en sait peu de
choses, si ce n'est que la rade du Blavet faisait partie de la province des
Vénètes. L'hypothèse a été avancée (entre quelques autres d'ailleurs) de
situer, sous l'actuel Port-Louis, la célèbre bataille navale de César contre
les Vénètes, en 56 avant J.C. |