Taddeo
da Suessa.
Taddeo da Suessa o da Sessa (Sessa Aurunca, Caserta, 1190/1200 - Vittoria
(Parma) 1248) Fu un'insigne
giurista venne introdotto da Pier delle Vigne nella
magna curia di Federico II, fu nominato gran giustiziere,
e divenne uno dei più influenti consiglieri dell'imperatore. Il sovrano doveva stimare molto i suoi gran giustizieri
tanto che all'interno della porta di Capua, monumento dedicato alla giustizia,
oltre alla sua statua fece inserire
i busti di Taddeo da Suessa e di Per delle Vigne.
II due giuristi furono ambasciatori presso Gregorio IX, e poi (1244)
presso Innocenzo IV; nel 1245 fu al concilio di Lione, difese con estrema
perizia giuridica e con grande ardore l'operato del suo signore, sostenendo
l'illegittimità della sentenza di scomunica che gli era stata comminata, e la
incompetenza del concilio a occuparsi della materia, inoltre, di fronte
all'accusa che Federico avesse una harem in quel di Lucera, egli così ribatté
"L'Imperatore non mantiene ragazze saracene per giacersi con loro - chi
potrebbe dimostrarlo".
Taddeo da Suessa, busto marmoreo
(realizzato per la porta di Capua).
Ciò non impedì che Innocenzo IV procedesse
ugualmente alla formale deposizione di Federico. Taddeo,
rimasto fedelmente accanto all'imperatore, morì a Parma il 18 febbraio del
1248, ucciso durante l'assalto
dei parmensi al campo imperiale
di Vittoria. Federico II fu molto amareggiato per la perdita di
uno dei suoi più fidati custodi della giustizia e dovette sostituirlo con Riccardo di
Montenero.
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LOUIS IX ARBITRE DE LA CHRETIENTE
(Novembre 1245)
En 1245, le conflit qui oppose la
papauté et l'Empire est dans une impasse. En novembre, à l'abbaye de Cluny,
Louis IX va tenter d'amener le pape Innocent IV à se réconcilier avec
l'Empereur Frédéric II de Hohenstaufen. Respectueux de l'Eglise de Rome, mais
fermement opposé à son intervention en matière de temporel, il va oeuvrer pour
la paix et la concorde en impartial arbitre de la Chrétienté.
Maître de l'Allemagne et du royaume
de Sicile, l'empereur Frédéric II de Hohenstaufen a tenté de s'imposer en
Italie du Nord et a mené une politique d'expansion territoriale qui a provoqué
l'hostilité du Saint Siège, inquiet de voir ses domaines pris en tenaille. Au
fil des années, la querelle entre le pape et l'Empereur s'est envenimée.
Lorsque ce dernier a formé le projet de réunir la Péninsule, y compris la plus
grande partie des Etats pontificaux, sous la tutelle de la monarchie
sicilienne, il a été excommunié. Les successeurs de Grégoire IX n'entendent pas
se montrer conciliants, en particulier Innocent IV, monté sur le trône
pontifical en 1243, et le conflit semble dans l'impasse. Certes, l'Empereur
tient sa couronne et sa légitimité de Rome, mais il n'en détient pas moins la
réalité du pouvoir temporel. S'il se montre toujours respectueux envers le
pape, Louis IX considère que celui-ci n'a pas à intervenir en matière de
politique, tenant lui aussi à rester indépendant et seul maître en son royaume
terrestre. Il souhaite par ailleurs garder de bonnes relations avec Frédéric
II, à l'égard de qui il affiche une neutralité bienveillante, et dès 1240 il a
refusé la proposition de Grégoire IX, qui offrait la couronne impériale à son
jeune frère Robert d'Artois.
A partir de 1243, Louis IX essaie de
réconcilier le pape et l'Empereur par l'intermédiaire du comte de Toulouse
Raimond VII de Saint Gilles. Mais les pourparlers sont rompus le 28 juin 1244.
A la fin de l'année, Innocent IV, craignant d'être fait prisonnier par Frédéric
II, quitte Rome pour Lyon, cité en terre d'Empire, mais suffisamment proche du
royaume de France pour qu'il puisse s'y réfugier, si sa vie est menacée. Le 3
janvier 1245, il convoque un concile dans l'ancienne capitale des Gaules pour
le 24 juin afin de répondre à trois objectifs : mettre sur pied une nouvelle
croisade; s'opposer aux Mongols, implantés sur les rivages de l'Adriatique
depuis 1241; régler le conflit avec l'Empereur.
Les deux cents eclésiastiques réunis à Lyon se préoccupent surtout de faire le
procès de Frédéric II, accusé de crime contre la foi et la morale chrétienne,
d'abus de toutes sortes et de violation de serment. Louis IX envoie des
émissaires à Turin afin de dissuader l'Empereur, qui a massé ses troupes en Italie
du Nord, d'intervenir militairement. Son message est clair : "Ne touchez pas au souverain pontife pour ne pas
encourir la colère de Dieu". Cité à comparaître devant le concile,
l'Allemand se contente de déléguer le plus compétent de ses juristes, Thaddée
de Suessa, pour faire part de son désir de défendre la Chrétienté contre les
Mongols, les Sarrasins et les Grecs et de sa promesse de réparer les préjudices
commis à l'encontre du Saint Siège.
Mais le 17 juillet, , Frédéric II est
une nouvelle fois excommunié, solennellement exclu de l'Eglise, déposé de son
trône et déchu de tous ses honneurs; défense est faite à ses sujets, dégagés de
tous liens et serments de fidélité, d'obéir à ses ordres; les princes allemands
sont invités à élire un nouvel Empereur et le pape déclare son intention de
donner un nouveau souverain au royaume de Sicile.
En septembre, Frédéric II demande l'arbitrage de Louis IX, qui décide de
rencontrer le pape à l'abbaye de Cluny, proche de la frontière de l'Empire et
tenue par un de ses parents, l'abbé Guillaume de Pontoise. En novembre, le
Capétien confère secrètement pendant une semaine avec Innocent IV, qu'il prie
d'accepter la proposition de l'Empereur, qui promet de partir pour toujours en
Orient (et à Jérusalem dont il est roi depuis 1229) si l'excommunication est
levée et si son fils, le futur Conrad IV, est reconnu comme son successeur
légitime. Le roi rappelle que la Terre Sainte est en péril et que l'Evangile
conseille de pardonner à son prochain, mais se heurte au refus obstiné du
souverain pontife.
Après l'entrevue de Cluny, la querelle entre le pape et l'Empereur tourne au
conflit acharné et ne s'éteindra que cinq ans plus tard, à la mort de Frédéric
II. Louis IX juge cette lutte entre Chrétiens sacrilège, d'autant qu'elle détourne
bien des princes de la croisade, qui lui semble primer sur tout autre objectif.
Mais il sera le seul à se consacrer à ce pieux dessein; qu'il pourra réaliser
en s'embarquant pour la Terre Sainte le 25 août 1248, après que Frédéric II
aura été battu à Parme et que le pape ne semblera plus menacé. Et après s'être
imposé comme arbitre entre les deux puissances suprêmes que sont la papauté et
l'Empire, affirmant avec calme et fermeté son autorité comme son image de
souverain sage et impartial.
Sessa Aurunca (Suessa) |
Sulle
pendici del vulcano spento di Roccamonfina, in un luogo frequentato sin
dall'VIII secolo a.C., sorse nel 313 a.C. l'antica colonia latina di Suessa,
corrispondente all'attuale Sessa Aurunca. Il monumento più noto e meglio conservato della città antica è il Criptoportico, situato all'esterno della cinta muraria sul lato occidentale
dell'abitato antico. L'interessante complesso di età sillana
è costituito da tre bracci
scanditi da una fila centrale
di arcate, i cui pilastri conservano ancora la decorazione a rilievo in stucco e graffiti con nomi di
poeti greci e versi virgiliani attestanti che
per qualche tempo vi ebbe
sede una scuola. Collegato
e coevo al Criptoportico
è il Teatro, del quale sono stati di recente messi in luce la cavea, in parte scavata nella collina e in parte costruita su gallerie anulari,
le gradinate dell'ima cavea, l'orchestra con la scena e gli
accessi laterali ad essa(pàrodoi), oltre a frammenti della decorazione scultorea, fra cui una colossale
testa muliebre di divinità databile ad età imperiale. |
Traduction nouvelle de Danielle De Clercq,
Bruxelles, 2001
[XLI] [XLII] [XLIII] [XLIV] [XLV] [XLVI] [XLVII] [XLVIII]
XLI. 6b. Servius se faisait bien encadrer par ses gardes du
corps. Il était le premier à s'imposer comme roi au peuple avec la seule
approbation du sénat. 7. Quant aux fils d'Ancus, ils avaient compris, avec
l'arrestation de leurs tueurs à gages, que Tarquin vivait encore et que Servius
était en position de force. Ils préférèrent s'exiler à Suessa Pométia. XLII. 1. Servius recourut à des mesures officielles certes, mais
prit surtout des initiatives familiales, pour renforcer sa position.
Conscient de l'hostilité des fils d'Ancus envers Tarquin, il ne voulut pas
qu'il en fût de même à son égard avec ceux de Tarquin et donna en mariage ses
deux filles aux deux jeunes princes royaux, Lucius et Arruns Tarquin. 2.
Néanmoins il ne put, par des décisions humaines, briser l'engrenage du destin
ni éviter que la jalousie suscitée par son exercice du pouvoir royal ne répandît
partout la méfiance et l'hostilité jusqu'au coeur même de sa famille.
Fort heureusement sa tranquillité fut assurée en
ces moments-là car, avec la fin de la trêve, la guerre reprit contre Véies et
d'autres États étrusques. 3. Au cours de ce conflit, Tullius brilla par sa
valeur personnelle et fut favorisé par la chance. Il mit en déroute une énorme
armée ennemie et c'est en roi incontesté, que l'on sondât l'état d'esprit du
sénat ou de la plèbe, qu'il regagna Rome.
4. Il se lança alors dans la réforme pacifique de
loin la plus importante. On sait que Numa fut l'initiateur du droit religieux.
De même, la postérité a fait de Servius celui qui officialisa dans l'État
toutes les différences entre classes sociales en codifiant les distinctions
entre les degrés de dignité et de fortune. 5. En effet, il institua le cens,
une mesure très propice pour un si vaste empire à venir. Grâce à cette
initiative, les charges de la guerre et de la paix n'étaient plus réparties par
tête comme auparavant, mais évaluées en fonction de la fortune. En créant à
partir du cens les classes et les centuries, Servius établit une hiérarchie
aussi bien adaptée à la paix qu'à la guerre.
XLIII. 1. Ceux qui possédaient cent mille as ou un cens supérieur
formèrent quatre-vingt centuries, dont quarante étaient composées des hommes
les plus âgés et les autres des plus jeunes. 2. Tous furent appelés citoyens de
la première classe. Les plus âgés devaient assurer la défense de la ville,
tandis que les jeunes gens partaient en guerre à l'extérieur. On leur imposa
comme armes défensives un casque, un bouclier rond, des jambières, une
cuirasse, le tout en bronze et, pour attaquer l'ennemi, une lance et un glaive.
3. Cette classe s'accrut de deux centuries d'artisans, soldats sans armes qui
avaient pour charge de transporter les machines de guerre.
4. La deuxième classe engloba les citoyens dont le
cens variait de cent mille à soixante-quinze mille as. Vingt centuries regroupant
les hommes les plus âgés et les jeunes gens y furent inscrites. Les armes
exigées étaient le bouclier long au lieu du rond et toutes les autres de la
première classe, sauf la cuirasse. 5. La troisième classe se vit fixer un cens
minimum de cinquante mille as et compta le même nombre de centuries,
constituées toujours selon le même critère des âges. On lui imposa les
mêmes armes, mais pas de jambières.
6. À la quatrième classe échut un cens d'au moins
vingt-cinq mille as et toujours le même nombre de centuries. Par contre, son
armement était tout à fait différent et se réduisait à une lance et un javelot.
7. Avec ses trente centuries, la cinquième classe l'emportait en nombre. Les
hommes portaient des frondes et des pierres comme projectiles. Les deux centuries
que formaient les sonneurs de cors et de trompettes furent rattachées à cette
classe, dont la limite inférieure du cens était d'onze mille as. 8. Le reste de
la population avait un cens encore inférieur et ne forma qu'une seule centurie
exempte du service militaire.
C'est ainsi que furent équipés et répartis les
bataillons d'infanterie. Par ailleurs, Servius recruta douze centuries de
cavaliers parmi les citoyens du plus haut rang. 9. Il créa de même six autres
centuries, au lieu des trois remontant à Romulus, mais avec les mêmes noms sous
lesquels les auspices les avaient consacrées. Dix mille as furent prélevés sur
le Trésor pour l'achat des chevaux ; pour nourrir ceux-ci, on imposa aux
veuves une taxe annuelle de deux mille as.
Toutes ces charges n'incombaient plus aux pauvres,
mais aux riches. 10. Elles s'assortirent dès lors d'un honneur car, à l'inverse
de la tradition romuléenne, observée par les rois précédents, la même valeur et
les mêmes droits ne furent plus accordés indistinctement à tous les votes
individuels. Des degrés furent établis, qui permettaient que tout le pouvoir de
décision revînt aux citoyens de haut rang sans que quiconque parût exclu du
droit de vote. 11. Les cavaliers étaient appelés à voter les premiers, ensuite
venait le tour des quatre-vingt centuries de la première classe. Si un
désaccord intervenait - chose rare ! - , le vote de la deuxième classe
était alors sollicité. On n'en arriva quasiment jamais à recourir aux suffrages
des classes inférieures.
12. Faut-il s'étonner de ce que notre organisation
actuelle de trente-cinq tribus, nombre qui a été doublé par l'ajout de
centuries de jeunes gens et d'hommes plus âgés, ne corresponde plus au total
fixé par Servius Tullius ? 13. En effet, il partagea la ville, en fonction
de l'habitat des quartiers et des collines, en quatre parties qu'il dénomma
tribus en raison, je pense, du tribut à payer : car l'initiative de fixer
celui-ci équitablement en fonction du cens vient aussi de Servius. Ces tribus
n'avaient donc rien à voir avec la division en centuries ni avec le nombre de
celles-ci.
XLIV. 1. Pour hâter la mise en application du cens, Seruius
promulgua, pour intimider ceux qui ne s'étaient pas inscrits, une loi qui les
rendaient passibles d'emprisonnement et de la peine capitale. Après quoi, il
ordonna le rassemblement à l'aube, au Champ de Mars, de tous les citoyens
formant la cavalerie et l'infanterie, chacun dans sa propre centurie. 2. Il fit
mettre toute l'armée en rangs et, pour la purifier (lustrare), procéda
au sacrifice d'un porc, d'un mouton et d'un taureau. Cette cérémonie fut
appelée sacrifice (lustrum) de clôture, parce qu'elle marquait la fin du
recensement. On affirme qu'on recensa quatre-vingts mille citoyens. D'autre
part, Fabius Pictor, notre tout premier historien, précise qu'il s'agissait du
nombre de citoyens mobilisables.
3. Etant donné l'importance de la population,
Seruius jugea opportun d'étendre le territoire urbain et y annexa les deux
collines du Quirinal et du Viminal. Sans plus attendre, il agrandit les
Esquilies et y élit domicile lui-même pour assurer une bonne réputation à ce
quartier. Il entoura la ville d'un retranchement, d'un fossé et d'une muraille,
faisant reculer ainsi le pomérium.
4. Si on ne considère que la composition (post-moerium)
de ce mot, on lui accorde le sens de territoire à l'intérieur de l'enceinte. Il
s'agit plutôt d'une ceinture (circamoerium). Quand les Étrusques
autrefois fondaient une ville, ils sacralisaient l'endroit où ils allaient
édifier l'enceinte et en fixaient tout autour les limites approuvées par les
auspices. C'est pourquoi, à l'intérieur, aucune construction ne s'adossait à
l'enceinte, ce qui est de nos jours pratique courante, tandis qu'à l'extérieur
une bande de terre demeurait libre de toute activité humaine. 5. Cet espace que
la loi divine interdisait d'occuper et de labourer, reçut des Romains le nom de
pomérium, à la fois parce qu'il se situait lui-même derrière l'enceinte et
celle-ci derrière lui. À chaque extension du tissu urbain, allait correspondre,
en fonction du nouveau périmètre de l'enceinte, un recul de cette zone consacrée.
XLV. 1. L'étendue de la ville témoignait de l'importance
croissante de l'État, dont l'organisation régissait toute la vie civile et
militaire. Or Servius ne voulut plus accroître son emprise par le seul prestige
des armes, mais tenta de mieux asseoir son pouvoir en usant d'habileté pour
mener à bien un nouveau projet d'embellissement pour la ville.
2. À cette époque le sanctuaire de Diane à Éphèse
était déjà célèbre et on savait qu'il représentait une réalisation commune aux
États d'Asie. Cette entente politique et cette association de cultes
inspiraient à Servius des éloges particuliers au cours de rencontres avec des
notables latins. Il avait noué avec ceux-ci, officiellement ou non, des liens
d'hospitalité et d'amitié, guère désintéressés. En revenant souvent à ce même
sujet, il finit par convaincre les peuples latins d'édifier avec le peuple
romain un sanctuaire de Diane à Rome. 3. Accepter un tel projet revenait à
reconnaître l'hégémonie romaine, qui avait fait l'objet de tant d'hostilités.
Mais elle ne préoccupait, manifestement, plus aucun des peuples latins, qui si
souvent avaient tenté en vain leur chance par les armes.
Cependant le hasard sembla inspirer à un Sabin
l'initiative de restaurer - lui tout seul ! - la suprématie de son peuple.
4. Une génisse, dit-on, d'une taille et d'une beauté extraordinaire était née
chez on ne sait quel propriétaire de la Sabine. Les cornes de l'animal,
suspendues pendant bien des générations dans l'entrée du sanctuaire de Diane,
perpétuèrent le souvenir de cette merveille. 5. Le fait fut considéré à sa
juste valeur comme un prodige, si bien que les devins déclamèrent :
"L'État dont un citoyen immolera cet animal à Diane exercera
l'hégémonie".
Le grand prêtre du sanctuaire de Diane eut vent de
cette prédiction. 6. Or notre Sabin avait amené sa génisse à Rome. Au premier
jour qui se montra favorable au sacrifice, il la mena au sanctuaire de Diane et
la présenta devant l'autel. Le grand prêtre, que la taille et la réputation de
l'animal avaient impressionné, se souvint de la prédiction et dit en bon Romain
au Sabin :
- Mais, dis moi, cher hôte, que veux-tu faire?
Offrir ce sacrifice à Diane?
- Oui!
- Mais tu ne t'es pas purifié ! Pourquoi donc ne
t'es-tu pas baigné dans une eau courante?
-...
- Fais-le dans le Tibre là-bas au fond de la
vallée !
7. Le Sabin se sentit pris de scrupule et, pour
combler l'attente du prodige, il désira que tout se déroulât dans le respect du
rituel. Sans plus attendre, il descendit vers le Tibre. Alors le Romain immola
la génisse à Diane, ce que Rome et son roi allait tout particulièrement
apprécier
XLVI. 1. En exerçant le pouvoir royal, Servius en était devenu
le détenteur incontesté. Cependant des propos que lançait à l'occasion le jeune
Tarquin laissait entendre à Servius qu'il régnait contre la volonté du
peuple. Alors le roi, pour s'attirer la sympathie de la plèbe, divisa des
territoires pris à l'ennemi en autant de lopins de terre et les offrit à chaque
citoyen. Puis il prit le risque d'en référer au peuple sur la question de
savoir s'il voulait bien de lui comme roi et s'il lui octroyait ce pouvoir.
Or Servius fut proclamé roi avec une majorité
jamais atteinte par aucun de ses prédécesseurs.
2. Tarquin ne se laissa pas pour autant décourager
dans son aspiration à régner. Il en redoubla d'ardeur. Conscient de ce que le
don de terres à la plèbe avait mécontenté le sénat, il jugea que
l'occasion s'offrait à lui de dénigrer Servius devant cette assemblée et
d'affirmer sa propre présence à la curie. Cet homme jeune était d'un
tempérament passionné et, surexcité aussi chez lui par Tullia son épouse, il
n'avait l'esprit jamais en repos.
3. À Rome aussi, la famille royale donna l'exemple
d'un forfait digne d'une tragédie. L'aversion qu'inspira la royauté devait
déboucher assez tôt sur la liberté. Le pouvoir royal s'appuya sur le crime et
cela en fut le dernier acte.
4. Lucius Tarquin était-il un fils ou un
petit-fils de Tarquin l'Ancien? Rien n'est sûr, mais j'affirmerais volontiers,
comme la plupart des auteurs, qu'il s'agissait d'un fils. Il avait un frère, le
paisible Arruns Tarquin. 5. Les deux frères, comme je l'ai dit plus haut,
avaient épousé chacun une princesse Tullia. Ces deux jeunes femmes avaient des
caractères bien différents. Or justement le mariage n'unissait pas les deux
tempéraments violents. C'était, à mon avis, une chance pour le peuple romain,
car cela permit à Seruius de régner plus longtemps et de mettre en place les
institutions.
6. La bouillante Tullia étouffait car Arruns, son
mari, ne montrait aucun goût pour l'ambition ni aucune propension à l'audace.
Elle se laissait tout entière subjuguer par Lucius, l'autre Tarquin, et disait
que "lui, c'était un vrai homme et qu'il avait l'étoffe d'un roi".
Elle méprisait sa soeur "parce qu'à cause de cette femme un homme plein
d'audace ne se réalisait pas". 7. Leur ressemblance rapprocha ces deux
êtres, comme c'est souvent le cas, car le mal ne porte qu'au mal. Mais c'est la
femme qui entreprit de tout bouleverser.
Souvent Tullia retrouvait en secret cet homme qui
ne lui appartenait pas. Elle n'épargnait de ses sarcasmes ni son conjoint dont
Lucius était le frère ni sa soeur dont il était le mari. Elle affirmait avec
insistance qu'il eût mieux valu qu'elle fût veuve et lui vieux garçon que
d'être unis à des conjoints qui ne leur ressemblaient pas, et de s'alanguir au
contact de la poltronnerie d'autrui. 8. Si les dieux lui avaient donné un homme
à sa mesure, elle aurait tout de suite vu dans leur maison, le pouvoir royal
qu'elle voyait chez son père. Très vite elle fit déborder dans le jeune homme
la témérité qui était en lui. 9. Arruns Tarquin et la seconde Tullia furent
enterrés l'un à la suite de l'autre, et leurs foyers s'ouvrirent à de nouvelles
noces. Lucius et Tullia se marièrent sans rencontrer d'opposition et encore
moins d'approbation de la part de Servius.
XLVII. 1. Celui-ci devint de plus en plus menacé parce qu'il
vieillissait, de plus en plus menacé parce qu'il régnait. Le forfait venait à
peine d'être commis que la femme pensait déjà à en perpétrer un autre.
Ni de jour ni de nuit, Tullia ne laissait de répit
à son mari dans la crainte que leurs proches n'eussent été inutilement
assassinés : 2."Il ne lui avait pas manqué, disait-elle, un homme
avec qui on la savait mariée et avec lequel elle vivait, muette, dans le même
asservissement ; non, il lui avait manqué quelqu'un qui se croyait digne d'être
roi, qui se souvenait qu'il était fils de Tarquin l'Ancien, qui préférait
détenir le pouvoir que l'espérer."
3. "Si tu es, insistait-elle, l'homme avec
qui je crois avoir été mariée, alors je t'appelle mon époux et mon roi. Mais si
tu ne l'es pas, alors la situation est devenue d'autant plus grave qu'ici le
crime s'associe à la lâcheté. 4. Pourquoi ne prends-tu pas les armes ? Tu
ne dois pas, comme ton père, élaborer depuis Corinthe ou Tarquinies des plans
pour régner sur une autre terre. Les dieux de ton foyer, ceux de ta patrie,
l'effigie de ton père, notre demeure royale, le trône qui se trouve dans cette
même demeure, tout cela fait de toi le roi et t'en donne le titre ! 5.
Mais si tu n'es pas fait pour y arriver, pourquoi fais-tu perdre à Rome ses
illusions ? Pourquoi acceptes-tu qu'on te regarde comme le prince
royal ? Va-t-en plutôt d'ici, à Tarquinies ou à Corinthe !
Retourne en arrière, retrouve tes origines, toi qui ressembles plus à ton frère
qu'à ton père !"
6. Avec ces invectives et bien d'autres, Tullia
excitait le jeune homme. Elle-même ne tenait pas en place à la seule pensée que
"Tanaquil, une femme venue d'ailleurs, avait remué ciel et terre pour
réussir à donner à deux hommes, à son mari et plus tard à son gendre,
l'occasion de régner, l'un à la suite de l'autre. Et elle alors, qui était
fille de roi, elle n'aurait aucun poids pour donner ou retirer le pouvoir
royal !"
7. Tarquin s'était laissé emporter par ces propos
de femme en plein délire. Maintenant il recherchait les sénateurs, surtout ceux
des plus récentes familles et mobilisait leur attention. Il leur rappelait le
bienfait de son père à leur égard et, en retour, réclamait leur appui. Il
attirait les jeunes par des cadeaux. Partout il étendait son influence grâce à
ses promesses mirifiques, mais aussi en formulant des griefs contre le roi. 8.
Enfin, quand le moment lui parut opportun de passer à l'acte, il surgit en
plein forum, flanqué d'une troupe d'hommes armés. Alors au sein de la panique
générale, il s'assit sur le trône royal dans la curie et il fit convoquer les
sénateurs par le crieur public "auprès du roi Tarquin". 9. Ils se
réunirent immédiatement. Certains étaient déjà préparés à la chose. Les autres
redoutant que leur absence ne leur fût préjudiciable demeuraient muets de
surprise devant un fait si incongru et croyaient que c'en était fait de
Servius.
10. Tarquin commença à médire de Servius en
évoquant la bassesse de sa naissance: "Ce n'était qu'un esclave, fils
d'une esclave. Après la mort ignoble de son père à lui, Tarquin, Servius
n'avait pas, comme autrefois, observé d'interrègne, il n'avait pas réuni les
comices, il n'avait pas demandé au peuple de voter, il n'avait pas reçu l'aval
du sénat ! Non, il s'était emparé du trône que lui avait donné une
femme ! 11. Voilà comment il était né, voilà comment il était devenu roi,
lui qui soutenait les gens de la plus basse extraction, dont lui-même faisait
partie. Par haine d'une noblesse qui lui était étrangère, il avait réparti
entre les plus vils les terres arrachées aux premiers citoyens. 12. Il avait
fait retomber toutes les charges, communes autrefois, sur les premiers citoyens
de l'État. Il avait établi le cens pour exposer à l'envie les biens des
possédants et en disposer pour faire, quand bon lui semblait, des cadeaux aux
plus démunis..."
XLVIII. 1. Or voilà qu'en pleine harangue, Servius était là. Alerté
par un messager aux abois, il avait accouru. D'une grosse voix, il s'adressa à
Tarquin depuis l'entrée de la curie: "Mais qu'est-ce qui se passe,
Tarquin ? Comment as-tu osé, de mon vivant, convoquer les sénateurs et
t'installer sur mon trône ?"
2. Avec hargne Tarquin lui rétorqua qu'il ne
faisait qu'occuper le trône de son propre père et qu'un prince royal était bien
mieux désigné qu'un esclave pour hériter du pouvoir royal et que lui, Servius,
s'était joué en toute impunité des maîtres qu'il narguait, et que tout cela
avait assez duré...
Des cris s'élevèrent des partisans de l'un et de
l'autre tandis que le peuple entrait en masse dans la curie. Il était clair que
la royauté reviendrait au vainqueur. 3. Alors Tarquin, acculé, par l'urgence
même de la situation, à tout oser et nettement avantagé par la force de sa
jeunesse, saisit Servius à bras-le-corps, le traîna hors de la curie et
le jeta du haut de l'escalier. Après quoi, il rentra dans la curie pour
reprendre en main les sénateurs.
4. Les appariteurs et l'escorte du roi prirent la
fuite. Lui-même, quasiment exsangue, rentrait chez lui avec une suite moins que
royale. Il fut massacré par ceux que Tarquin avait lancés pour le
rattraper dans sa fuite.
5. On croit, parce qu'on n'y voit pas d'incompatibilité
avec son premier forfait, que Tullia fut l'âme de ce meurtre. On sait qu'elle
pénétra dans le forum en voiture et que, sans se laisser impressionner
par ce rassemblement d'hommes, elle héla son mari pour le faire sortir de la
curie et, la première, l'appela roi. 6. Mais Tarquin lui intima de s'éloigner
d'un si grand désordre.
Alors qu'elle rentrait chez elle, elle gagna le
haut de la rue de Chypre, où se trouvait encore récemment le temple de Diane,
et fit tourner la voiture à droite dans la rampe Urbia pour atteindre la
colline des Esquilies. Soudain le cocher, mort de peur, bloqua l'attelage en
tirant sur les rênes et montra à sa maîtresse Seruius qui gisait assassiné. 7.
On rapporte un forfait révoltant et inhumain, dont le nom de l'endroit - la rue
du Crime - perpétue le souvenir. On dit que dans un accès de folie,
poussée par les Furies vengeresses de sa soeur et de son mari, Tullia fit
passer la voiture sur le corps de son père.
C'est avec sa voiture dégoulinante du sang d'un père assassiné qu'elle
rentra souillée et ensanglantée dans ce foyer qu'elle partageait avec son mari.
Le courroux de leurs pénates allait susciter des événements en réponse aux
débuts pervers d'un règne qui bientôt connaîtrait sa fin.
8. Après ces quarante-quatre ans de règne de
Servius, il eût été difficile pour son successeur, si bon et si modéré fût-il,
de soutenir la comparaison avec lui. D'ailleurs, ce qui fit aussi la gloire de
Seruius, c'est que la disparition de ce roi mit fin aux règnes justes et
respectueux des lois. 9. Parce qu'il était seul à le détenir, il aurait
envisagé, selon certains historiens, de renoncer à ce pouvoir pourtant si doux
et si modéré. Le crime de ses proches entrava son dessein de libérer sa patrie.
Pierre Racine
Professeur émérite de l’université Marc Bloch de Strasbourg
Membre de l’Institut lombard
Membre émérite de la Deputazione di storia patria per le provincie parmensi
Membre correspondant de l’Ateneo de Brescia
Singulière destinée
que celle de cet empereur du XIIIe siècle, contemporain de saint François
et de saint Louis, qualifié « d’étonnement et d’admirable transformateur
du monde » par le chroniqueur anglais Mathieu Paris à la mort du
souverain, mais de « monstre furieux et blasphématoire » par le pape
Grégoire IX qui l’excommunia deux fois, après que son grand prédécesseur,
Innocent III, eut soutenu l’« enfant d’Apulie » pour le porter au
trône impérial alors qu’il n’en voulait pas treize ans auparavant ! La
légende s’est emparée du personnage dès le lendemain de sa disparition, que le
pape Innocent IV saluait comme « annonçant le retour du vent printanier
après l’effroyable tempête »… Pour mieux comprendre la véritable
personnalité de Frédéric II et son œuvre politique, nous nous sommes adressés à
Pierre Racine qui a publié en 1994 L’Occident chrétien au
XIIIe siècle. Destins du Saint Empire et de l’Italie (Paris-SEDES).
L’interprétation d’une
semblable figure n’a pas manqué de soulever d’importantes controverses dans le
milieu des historiens. Le romantisme allemand avait remis en honneur un
empereur au destin exceptionnel. La constitution de l’Empire allemand en 1871,
nouveau Reich succédant à celui du Moyen Âge, a été marquée par un courant
historiographique nationaliste, qui faisait de Frédéric II un empereur victime
du mirage italien et oriental. Au lendemain de la première guerre mondiale, E. Kantorowicz,
lié au cercle nationaliste du grand poète Stefan George, dessinait une figure
nietzschéenne du personnage, incarnation du génie libre, habité d’une vision
universaliste, dont les grands projets devaient être contrariés par le pape et
la diplomatie de saint Louis. Encore aujourd’hui, certains historiens sont
tentés de voir en lui un homme en avance sur son temps, alors que d’autres le
considèrent comme responsable de l’éclatement de l’empire et du morcellement
politique italien. Que faut-il en penser ?
De la conquête de la
dignité impériale…
Des mythes se sont
attachés à sa naissance comme à sa jeunesse. Sa mère, Constance de Sicile,
héritière des souverains normands siciliens, avait épousé le fils de l’empereur
Frédéric Barberousse, Henri VI, et avait accouché à quarante ans. De cette
naissance plus ou moins miraculeuse du 26 décembre 1194, les poètes,
inspirés de Virgile, devaient s’emparer, pour en faire un nouveau Messie, à
l’imitation de la quatrième des Églogues. Orphelin à l’âge de trois ans,
fait prisonnier par un reître prétendant représenter les intérêts de son père,
il passa sa jeunesse à Palerme, où il reçut une excellente éducation, en
attendant de pouvoir occuper le trône sicilien que lui réservait, à défaut de
l’empire, son oncle Philippe de Souabe. Libéré, placé sous la tutelle du pape,
il épousa à sa majorité, quatorze ans, Constance d’Aragon, plus âgée que lui
d’une dizaine d’années. Dans un royaume de Sicile comprenant alors l’île
proprement dite et la majeure partie de l’Italie méridionale au sud des États
pontificaux, il apparaissait comme un souverain désemparé, aux prises avec une
fortune qui lui semblait défavorable : trésor vide, révolte seigneuriale,
agitation musulmane. Rien n’annonçait encore le grand personnage qu’il était
destiné à devenir.
La protection
pontificale dont il jouissait alors devait être décisive pour son ascension.
Dans un premier temps, Innocent III s’était opposé en 1198, en raison de son
âge, à sa prétention à l’empire – resté soumis à une élection par les princes
germaniques à la différence du royaume de France devenu héréditaire. Cependant,
en 1211, en raison des maladresses d’Otton IV – de la famille des Welf, rivale
de celle des Staufen, apparentée au roi d’Angleterre Jean sans Terre – le même
pape se ralliait à la candidature de son pupille, malgré le danger, pour les
États pontificaux, de se trouver pris en étau entre les territoires de l’empire
et le royaume de Sicile. Toujours est-il que le Pfaffenkönig –
« roi des prêtres » – que dénonçaient ses adversaires allemands Welf
devait, au cours d’un voyage tourmenté, réussir à conquérir la couronne
impériale ; en effet, la fortune devait lui sourire à travers une série
d’épisodes plus ou moins rocambolesques : il échappa à la flotte des
Pisans pour rejoindre Gênes depuis Rome, franchit la rivière du Lambro en
catastrophe devant ses adversaires milanais, traversa les Alpes en des
conditions difficiles, devança l’arrivée d’Otton à Constance pour y faire
bombance avec les habitants dans l’été 1212. La fameuse bataille de Bouvines,
où fut vaincu Otton en juillet 1214, décida définitivement de son sort à
la tête de l’empire et de son couronnement à Rome le
22 novembre 1220 ; cependant restait ambigu le statut du royaume
de Sicile, que le pape n’avait pas réussi à lui faire abandonner, et où
d’ailleurs il rentra immédiatement après le couronnement impérial pour y
entreprendre d’importantes réformes de remise en ordre.
Abandonnant le
territoire allemand, Frédéric II dut céder une bonne partie des droits
régaliens sur les plans fiscal, monétaire, douanier, juridique et militaire aux
princes ecclésiastiques, dont il avait sollicité le soutien pour faire élire
son fils Henri, né de son union avec Constance d’Aragon, en tant que roi des
Romains – c’est-à-dire désigné pour le trône impérial –, alors qu’il l’avait
laissé en 1211 comme roi de Sicile sous la protection du pape, suzerain du
royaume sicilien. C’est au nom de son fils mineur qu’il exerçait la régence en
Sicile. Cette décision d’abandonner les droits régaliens ne faisait que
répondre à une situation politique : la féodalisation portait à la
territorialisation des pouvoirs. Certes les réalités allemandes lui étaient et
lui resteront toujours plus ou moins étrangères, lui qui ne parlait pas la
langue, n’était pas né sur le sol allemand et avait été formé à une tout autre
culture. Les territoires ecclésiastiques allemands étaient érigés en
principautés, et ce au détriment du gouvernement central qui ne pouvait plus
les absorber dans son domaine. Frédéric II pensait ainsi avoir gagné du temps,
et quant au règlement de la situation du royaume sicilien, et quant à l’œuvre
de régénération à laquelle il pensait en Italie.
… à la reconquête de
Jérusalem
Obsédé par le vœu de
croisade prononcé sans doute spontanément, mais de manière irréfléchie, lors de
son couronnement à Aix-la-Chapelle, Frédéric se consacra ainsi à un premier
travail de réformes en Sicile avant de mettre en œuvre celles qu’il projetait
pour le royaume d’Italie. En fait, son vœu de croisade reprenait celui de son
grand-père et de son père. Ses atermoiements pour partir au lendemain de son
échec devant la résistance des communes lombardes en 1225-26 le plaçaient en
mauvaise posture vis-à-vis d’une papauté qui espérait, par ce départ, desserrer
l’étau que faisait peser le souverain sur ses États temporels. Ayant trop
louvoyé avec le pape Grégoire IX, il finit par être excommunié. Et c’est là
l’un des paradoxes de la croisade de Frédéric II : un souverain qui a
épousé la fille du roi de Jérusalem part en Orient excommunié. Or, grâce à sa
connaissance de l’arabe, il entra en relation avec le sultan d’Égypte Al Khamil
et obtint sans combattre la restitution de la Ville sainte avec le
Saint-Sépulcre au traité de Jaffa (1229). Scandale pour les chrétiens qui ne
pouvaient concevoir la reconquête de Jérusalem que les armes à la main !
Et de plus par un excommunié ! Il fut certes relevé de l’excommunication à
son retour, mais ses relations avec la papauté furent désormais inscrites dans
un climat de méfiance.
Successeur d’Auguste,
et souverain cultivé…
De retour de croisade,
Frédéric II affirma son orgueil de souverain.
Il légiféra pour son
royaume de Sicile, qu’il considérait comme la « prunelle de ses
yeux ». Le code qu’il fit étudier par ses juristes, appelé Liber
Augustalis, s’ouvre sur l’énumération de ses titres :
Imperator Fridericus
secundus
Romanorum Caesar semper Augustus
Italicus Siculus Hierosolymitanus Arelatensis
Felix victor ac triumphator
À travers ce code se
manifestait le désir du souverain de se vouloir César, Auguste, Justinien. Il
fit frapper des monnaies d’or, les augustales, où il est représenté sur l’une
des faces, vêtu du manteau impérial avec la couronne de laurier sur la tête,
entouré de l’inscription IMP. ROM. CAESAR AUG., tandis que sur l’autre face
figurait l’aigle impériale avec l’inscription FRIDERICUS. Incarnation vivante
de la loi, dispensateur de la justice, élevé au-dessus des hommes par le
couronnement et intermédiaire entre Dieu et eux, Frédéric affirmait ainsi sa
souveraineté sur le monde. L’arc de triomphe de Capoue, érigé quelques années
plus tard dans le style des monuments romains impériaux, symbolise
admirablement l’image qu’il entendait imposer aux yeux de ses sujets siciliens
et des étrangers. L’arc était élevé à la porte de la ville qui marquait en
quelque sorte l’entrée dans le royaume. Frédéric y était représenté vêtu d’une
clamyde dont les plis rappelaient les ciseaux des sculpteurs romains. À ses
pieds les bustes de Pierre de la Vigne, son secrétaire, et de Taddeo de Suessa,
son conseiller, évoquaient les portraits de l’époque impériale romaine ;
la tête monumentale de la Justice ressemblait à celle d’une déesse antique. Le
monument est malheureusement disparu, mais les têtes sont encore présentes au
musée de Capoue.
Souverain cultivé,
sachant parler plusieurs langues – sicilien, provençal et arabe, sans compter
le latin, langue savante par excellence au Moyen Âge – le souverain sut
organiser une monarchie sicilienne bureaucratique où revécut, à travers la cour
et la chancellerie, le latin cicéronien, grâce notamment au logothète Pierre de
la Vigne. Faut-il considérer les poètes protégés par le souverain, notaires
pour une grande partie, comme ayant été à l’origine de la poésie lyrique
italienne, ainsi que le veut Dante ? Les textes qui nous sont parvenus
sont tous en langue toscane, alors qu’ils avaient été composés en sicilien,
même ceux attribués au souverain. Ce dernier ne se piquait pas seulement de
poésie, mais aussi de mathématiques – il rencontra à Pise le fameux
mathématicien Leonardo Fibonacci avec qui il rechercha des solutions à divers
problèmes – et de sciences naturelles. Grand chasseur, il écrivit lui-même en
latin un ouvrage intitulé : De l’art de chasser avec les oiseaux,
dans lequel il sut observer avec justesse le comportement des faucons et autres
oiseaux au lieu de se référer à l’autorité d’Aristote. Il n’hésitait pas par
ailleurs à écrire aux savants et philosophes du monde musulman et appelait à sa
cour ceux qui lui paraissaient devoir être utiles.
Pour son grand
divertissement, la chasse, il avait besoin de lieux de repos sur les plateaux
de l’Italie méridionale. Aussi fit-il ériger toute une chaîne de
châteaux ; le plus remarquable, celui de Castel del Monte, sur la cime
d’une colline à cinq cent quarante mètres d’altitude, est marqué par le chiffre
8 qui lui imprime un rythme, dont les historiens continuent à chercher le sens.
Il n’y avait ni chapelle, ni cuisines, ni écuries, ni logement pour le personnel
royal, ce qui laisse à penser qu’il ne pouvait s’agir que d’un lieu de détente.
Il convient de distinguer ces châteaux de ceux que le souverain fit disposer
autour des ports adriatiques ou des villes dont il suspectait la
fidélité : Catane, Syracuse ; il est vrai qu’il comprenait
difficilement le phénomène urbain.
Curieux, d’un esprit
d’observation très développé, il attira à sa cour un astronome d’origine
irlandaise ou écossaise, Michel Scot, qui l’amena à dévier vers
l’astrologie ; ainsi, dans les années qui suivirent son retour en Sicile
après 1230, il ne pouvait faire un pas ou prendre une décision sans consulter
ses astrologues, ne serait-ce que pour sa nuit de noces avec sa troisième
épouse, Isabelle d’Angleterre. Esprit inquiet, il en vint à poser des questions
métaphysiques, d’abord à Al Khamil, qui ne lui répondit pas, et à un théologien
musulman, Ibn Sabin, qui esquiva les difficultés, car il flairait les
pièges : éternité de l’univers, attributs fondamentaux de l’Être,
immortalité de l’âme, problèmes qui révèlent l’influence d’Averroès sur
l’empereur. Il est possible que la papauté ait été au courant de cette
correspondance, qui ne pouvait qu’attiser sa méfiance envers le souverain.
… et toujours en
dissension avec la papauté
En effet, le conflit
qui s’était soldé par la réconciliation de 1230 était loin d’être éteint et les
maladresses de Frédéric II l’avaient rendu plus âpre. Certes Frédéric avait pu
remettre de l’ordre dans le royaume de Germanie, après que son fils se fut
rebellé contre lui, mais au prix d’une nouvelle aliénation de ses droits
régaliens, cette fois en faveur des princes laïcs, ce qui achevait la
territorialisation amorcée par le statut des princes ecclésiastiques. Le sol
allemand n’était plus qu’une mosaïque de principautés. Se heurtant de nouveau
aux communes lombardes, dirigées par Milan, mais soutenues en sous-main par le
pape, dont il triompha le 27 novembre 1237 à Cortenuova, il se permit
d’offenser le souverain pontife en mandant à Rome les dépouilles de sa victoire
et en écrivant une diatribe enflammée pour rappeler aux Romains les gloires
anciennes de leur ville au temps de l’Empire romain. Dès lors, la papauté prit
prétexte de la politique religieuse suivie par le souverain en Sicile pour
rompre avec lui et l’excommunier une seconde fois en 1239. Les papes Grégoire
IX puis Innocent IV entamèrent une lutte inexpiable à travers des pamphlets où
Frédéric était dénoncé comme l’Antéchrist, et ce jusqu’à la déposition du
souverain au concile de Lyon en 1245. Face à la papauté, l’empereur disposait
du royaume de Sicile et de ses ressources, bien organisé, bien administré, mais
trop exploité financièrement. Parler d’un « despote éclairé » serait
de ce point de vue abusif, de même que d’une politique mercantiliste à travers
les divers monopoles sur certains produits, les droits de douane et les
diverses interdictions d’importation et d’exportation. En fait Frédéric a été
porté à prendre des mesures commandées par les circonstances, mais en voulant
encourager la production agricole sur un mode d’ailleurs extensif au travers de
grandes propriétés ; il a contribué à une sorte de
« landlordisme » appelé à durer.
Le 13 décembre
1250, conformément d’ailleurs à une prédiction de ses astrologues, s’éteignait
à Castel Fiorentino Frédéric II. La papauté respirait, car l’empereur, même
déposé, et même si les dernières années s’étaient écoulées au milieu
d’intrigues et de défaites – capture de son fils bâtard Enzio, trahison
supposée de Pierre de la Vigne, échec devant Parme révoltée –, pouvait encore
espérer des jours meilleurs, d’autant que le royaume d’Italie avait en grande
partie basculé dans son camp sous l’influence de ses vicaires généraux et des
diverses factions gibelines. Il n’en était pas moins vaincu et laissait une
Italie en proie aux divisions entre guelfes et gibelins. Il se fit enterrer,
selon Mathieu Paris, vêtu de la robe de bure des cisterciens, et sa dépouille
rejoignit dans la cathédrale de Palerme celle de ses aïeux, les souverains
normands de Sicile, et de son épouse Constance d’Aragon.
« Étonnement et
transformateur admirable du monde » ?
Certes, le souverain
laissait les foules ébahies sur son passage en faisant défiler sa ménagerie et
en donnant des ordres en arabe aux gens chargés des animaux, comme il
inquiétait le pape avec la garde musulmane qu’il emmena avec lui en Orient,
confiant d’ailleurs aux musulmans déportés de Sicile à Lucera, aux portes des
États pontificaux, la garde du trésor royal et les laissant libres de pratiquer
leur culte. Tolérance en avance sur le temps ? Les musulmans n’étaient
pour lui que des sujets dont il exigeait la soumission. Qu’il ait été
« amant du savoir » n’est pas douteux. Mais dans sa ligne
politique, dans ses grandes décisions, il s’est conduit comme un souverain
respectueux de la tradition romaine, reprise par les Carolingiens, enrichie par
l’influence byzantine. Il s’est senti investi, comme son grand-père Frédéric
Barberousse, de la mission de défendre la chrétienté latine, d’Occident et
d’Orient, et voulait unir sur sa tête le sacerdoce et le règne. En ceignant la
couronne de Jérusalem, il ne faisait que reprendre pour les gens du
XIIIe siècle la conception du grand roi rédempteur venu d’Orient. Les
fameuses constitutions de Melfi suivaient en grande partie la législation de
ses ancêtres normands de Sicile, et la paix de Mayence, avec son texte en
langue vulgaire pour la première fois en Allemagne, rappelait les efforts de
paix que poursuivait au siècle précédent son grand-père. Il était loin d’être
un « despote éclairé », pas plus qu’il n’était rallié, sur le plan
économique, à une doctrine mercantiliste d’ailleurs ignorée à l’époque.
Il n’empêche qu’une
légende s’est développée très vite autour de sa personne au lendemain de sa
mort, entretenue par celui qu’il avait désigné dans son testament pour lui
succéder à la tête du royaume de Sicile, son fils bâtard Manfred. « Il vit
et ne vit pas », déclaraient les prophéties, et des apparitions
épisodiques à travers des personnes se réclamant du souverain ne manquèrent
pas, avant que son souvenir ne vînt à se confondre avec celui de son
grand-père. Il n’en reste pas moins un personnage fascinant du
XIIIe siècle, à côté de saint François et de saint Louis…
Sulle pendici del
vulcano spento di Roccamonfina, in un luogo frequentato sin dall'VIII secolo
a.C., sorse nel 313 a.C. l'antica colonia latina di Suessa, corrispondente
all'attuale Sessa Aurunca. Il monumento più noto e meglio
conservato della città antica è il Criptoportico, situato all'esterno della cinta muraria sul lato occidentale
dell'abitato antico. L'interessante complesso di età sillana
è costituito da tre bracci scanditi da una fila centrale di arcate, i cui
pilastri conservano ancora la decorazione a rilievo in stucco e graffiti con nomi
di poeti greci e versi virgiliani
attestanti che
per qualche tempo vi ebbe
sede una scuola. Collegato
e coevo al Criptoportico è il Teatro, del
quale sono stati di recente messi in luce la cavea,
in parte scavata nella collina e in parte costruita su gallerie anulari,
le gradinate dell'ima cavea, l'orchestra con la scena e gli
accessi laterali ad essa(pàrodoi), oltre a frammenti della decorazione scultorea, fra cui una colossale
testa muliebre di divinità databile ad età imperiale.
All'interno del
Castello medievale avrà sede l'istituendo Museo locale, ormai
in fase di definitivo allestimento.
VII. - Tarquin-le-Superbe. - (
An de Rome 220.) - Le dernier de tous les rois fut
Tarquin, à qui son caractère fit donner le surnom de Superbe. Le trône de son
aïeul était occupé par Servius ; il aima mieux le ravir que l'attendre : après
avoir fait assassiner ce roi , il n'exerça pas mieux qu'il ne l'avait acquise
une puissance obtenue par le crime. Sa femme Tullie ne répugnait pas à ses
sanguinaires habitudes : comme elle accourait, dans son char, saluer roi son
époux, elle fit passer sur le corps sanglant de son père ses chevaux
épouvantés. Quant à Tarquin, il décima le sénat par des meurtres, accabla tous
les Romains d'un orgueil plus insupportable aux gens de bien que la cruauté; et
quand il eut lassé sa fureur par des violences domestiques, il la tourna enfin
contre les ennemis. Ainsi furent prises dans le Latium de fortes places, Ardée
, Ocriculum, Gabie, Suessa
Pometia. Alors même il fut cruel envers les siens. Il n'hésita pas à
faire battre de verges son fils, afin que, passant chez les ennemis comme
transfuge, il gagnât leur confiance. Après avoir été reçu dans Gabie, comme
Tarquin l'avait désiré, ce jeune homme envoya prendre les ordres de son père,
lequel lui répondit en abattant. avec une baguette les têtes des pavots les
plus élevés qui se trouvaient là voulant faire entendre par là, ô excès d'orgueil
! qu'il l'allait tuer les prerniers de la ville. Toutefois, il bâtit un temple
avec les dépouilles des villes qu'il avait prises. Lorsqu'on l'inaugura, les
autres dieux cédèrent leur place; mais, o prodige ! la Jeunesse et le dieu
Terme firent résistance. Les devins interprétèrent favorablement l'opiniâtreté
de ces divinités, qui promettaient ainsi à Rome une puissance inébranlable et
éternelle. Mais ce qui parut plus étrange encore, c'est qu'en creusant les
fondations du temple, on trouva une tête d'homme: personne ne douta qu'un
prodige aussi éclatant n'annonçât que Rome serait le siégé de l'empire et la
tête de l'univers. Le peuple romain souffrit l'orgueil du roi, tant que
l'incontinence ne s'y joignit pas. Il ne put supporter ce dernier outrage de la
part de ses enfants. L'un d'eux ayant déshonoré Lucrèce, la plus illustre des
femmes, cette Romaine expia sa honte en se poignardant. Alors fut abrogée la
puissance des rois.
Concile de Lyon I - 1245 - treizième concile
œcuménique. Ier Concile général de LYON : l'an 1245. ... Thadée de Suessa sentit d'abord
combien il serait dangereux de laisser les Pères du concile s'affermir ...
L'empereur avait dans Thadée de Suessa un ministre actif et intrépide, qui ...
www.salve-regina.com/Histoire/
CAMPANIA, Suessa Aurunca. ca 265-240 BC. Æ Obol. PRBOVM, head of Hermes left, in winged petasos / SVESANO left, Herakles standing facing, turned slightly right, fighting the Nemean lion; club between legs. SNG ANS 599, SG 564v.
CAMPANIA, Suessa Aurunca. ca 265-240 BC. Æ Obol. PRBOVM, head of Hermes left, in winged petasos / SVESANO left, Herakles standing facing, turned slightly right, fighting the Nemean lion; club between legs. SNG ANS 599, SG 564v. |
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in the British SNG Volumes' Database at the Fitzwilliam Museum |
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Avertissement : Je déconseille à tout étudiant en
Histoire, ayant un travail de même nature à réaliser, d'utiliser ce travail
comme base de travail. Pas que je considère ce travail comme mauvais, pas qu'il
ait été considéré comme mauvais par l'enseignant-chercheur l'ayant sanctionné,
mais tout simplement parce que les savoirs mis-en-branle pour l'élaborer sont
des pré-requis en Sciences Humaines et que leur acquisition est empirique. Ceci
étant précisé, il me semble que l'Université est un lieu de formation pour
adultes ; c'est donc à chaque étudiant d'agir en tant que tel, de prendre ses
responsabilités, d'agir selon ce que son intelligence lui dicte.
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Introduction
1) Sur le plan
théorique, à quel type de gouvernement adhère Cicéron ?
1.1) L'instabilité des « formes pures »
1.2) La constitution « mixte »
1.3) A la recherche de « l'équilibre tempéré »
2) L'expérience
monarchique romaine selon Cicéron
2.1) Un « monarque excellent », Servius Tullius
2.2) Tarquin le Superbe, « le plus laid »
2.3) La chute de la monarchie
3) L'expérience
monarchique romaine selon Cicéron revisitée
3.1) Servius Tullius, un second Romulus ?
3.2) Tarquin le Superbe, « des lieux communs véhiculés par la
littérature grecque »
3.3) La présence féminine
3.4) Une insurrection civique ?
3.5) Une menace de retour monarchique ?
Conclusion
M.-P. ARNAUD-LINDET,
Histoire et politique à Rome, les historiens romains, Paris, Bréal,
2001.
CICÉRON, De la république, A. FOUILLÉE
(éd.), Paris, 1868.
F. HINARD (dir.), Histoire romaine, T1, Paris, Fayard,
2000.
P.M. MARTIN, ``Rome : la chute de la royauté'' in L'Histoire,
numéro 108, 1988.
Introduction
1) général Aborder l'histoire du régime appelé principat passe
nécessairement par le questionnement sur la perception romaine d'autres types
de régimes politiques.
2) nature du doc. Traité de Cicéron (106-43), homo novus d'une
famille équestre d'Arpinum, consul en 63. Plus réputé pour ses talents
oratoires que guerriers
Nous disposons de lui : plaidoyers, discours, divers traités
de rhétorique
Le texte : extrait de La République.
v. rédigé de 61 (avJC) à 51 (remanié, évoqué), lors de
l'exil de Cicéron, retiré de l'action politique.
parvenu à nous partiellement.
Au XII siècle perdu ? Retrouvé dans un manuscrit palimpseste
(effacé pour resservir de support) au XIXème.
Adopte le dialogue (Platon) mettant en scène Scipion :
non pas l'Africain, (IIIème et IIème siècle, grand vainqueur de la seconde
guerre punique) mais Scipion Emilien (IIème vainqueur de Carthage), illustre
parmi les illustres de l'oligarchie romaine, le dialogue étant censé se
produire avant 129 avJC.
Objet : détailler la structure de la constitution
romaine.
Composé de VI livres. Édition Fouillée :
·
I)
Nature de l'Etat et diverses formes de gouvernement,
·
II)
Examen et histoire de la constitution romaine
·
III)
Rapports de la morale et de la politique, de la justice et de l'utilité
·
Éducation
du citoyen, VI) Éducation de l'homme d'Etat
·
Destinée
réservée soit aux États, soit à l'homme d'Etat. Songe de Scipion
ici livre II.
3) contexte De 61 à 51 : continuation du processus déjà engagé =>
Marius au début du siècle => poursuivi par Sylla, Pompée... Apparition
d'individu au pouvoir surpassant celui des gens et perturbant fortement
les structures oligarchiques. Période d'instabilité et de violence au sein même
de la cité.
4) Comment Cicéron connaît ou décrit les problèmes de la monarchie
romaine passée ? Quelles sont ses recommandations en matière de constitution politique
? Cicéron est-il placé uniquement selon une perspective théorique et historique
?
1) Sur le plan
théorique, à quel type de gouvernement adhère Cicéron ?
Comprendre comment Cicéron apprécie la monarchie demande
de comprendre comment Cicéron apprécie les différents systèmes politiques qu'il
connaît.
1.1) L'instabilité des « formes pures »
Théorie développée => Platon, Aristote et Polybe.
Tous types de gouvernement, selon cette théorie, ont une
forme pure et une forme (négativement) altérée : monarchie/tyrannie,
démocratie/démagogie et aristocratie/oligarchie.
Cicéron adhère à cette théorie, bien qu'il ne détaille
ici que le cas de la monarchie l.29 « [...] si je pouvais adhérer à une
forme pure de gouvernement [...] », l.88 « [...] par la faute d'un
seul homme, une forme d'état qui était bonne est devenue la pire de toutes
[...], cet homme [...] les Grecs le nomment un tyran [...] »
Le détenteur du pouvoir (groupe ou individu) sert
l'intérêt commun ou privé.
L'intérêt commun, la bien commun, la res publica,
constitue la forme pure.
L'intérêts privés = dérive, cela constitue la forme
altérée
1.2) La constitution « mixte »
la solution pour les anciens = d'une constitution dite
« mixte » : cumul des traits communs à chacune des formes pures.
Selon Cicéron, ce type de l.7 « constitution
politique triple » est une chose que l.79 « Rome du temps des
rois » l.8 « a en commun » avec Carthage et Sparte (Lacédémone).
Sparte : « des lois de Lycurgue » : important
par la tradition, existence pas prouvée (Herodote, Plutarque -> Vie de
Lycurgue), fils d'un roi de Sparte assassiné ==> création d'un conseil
des anciens et d'une sorte d'assemblée, ajoutés aux deux rois traditionnels.
Cicéron évoque les institutions étrangères au travers de ses
références romaines, parle de l.18 « sénat » (interpretatio!).
Sparte globalement = double-monarchie et oligarchie.
Carthage : suffetat, magistrature suprême 2 personnes /
an, conseil des Anciens de 300 membres, sorte de sénat et une cour des Cent, composée
de nobles.
1.3) A la recherche de l'équilibre tempéré
Ce type de constitution mixte est problématique aux yeux
de Cicéron.
l.14 « Ces constitutions mixtes [...] ne parviennent
pas à l'équilibre tempéré », elles sont l.24 « extrêmement
instables ».
La monarchie peut-être un régime l.29
« irréprochable » = c'est une forme pure.
formes mixtes = l'aspect monarchique prendrait
inévitablement le dessus, l.79 « même si l'on accorde quelque droit à ce
peuple, comme on le fit sous nos rois, malgré tout, ce titre de roi l'emporte
sur l'Etat en question et ne peut-être de fait et de nom qu'une royauté ».
==> tout repose sur la possible l.25 « faute d'un
seul homme ».
Paradoxes : régime potentiellement l.29
« irréprochable » == une forme d'esclavage, l.36 « le peuple
manque [...] de la liberté ».
traits monarchiques de Sparte et Carthage +/- == consulat
de la période dite républicaine romaine.
Quoi qu'il soit, la monarchie entraîne l.26
« irrésistiblement sur la pente la plus funeste », selon un l.56
« mouvement naturel »
2) L'expérience
monarchique romaine selon Cicéron
Après s'être penché sur les aspects théoriques, voir
l'exemple historique - supposé tel - qui est là pour appuyer le
raisonnement. Ici, Cicéron évoque en fait les derniers rois de Rome.
2.1) Un « monarque excellent », Servius Tullius
pas nommé = l.63 « un monarque excellent »
assassiné.
Selon la tradition romaine : Servius-Tullius après
Tarquin l'Ancien mort < favorisé par la femme celui-ci et mère de Tarquin le
Superbe.
Ce dernier s'illustre comme le fondateur Romulus :
·
agrandit
le pmerium
·
ajoute
aux 3 tribus de Romulus 4 nouvelles tribus
·
création
de lieu d'asile
2.2) Tarquin le Superbe, « le plus laid »
Titre de sous partie paradoxal ? En fait l'épithète superbus
signifierait ici orgueilleux, et non superbe au sens contemporain.
Arrivée au pouvoir dans le sang : l.63 « souillé du
meurtre » de Servius tué par sa propre fille, qui est aussi femme de
Tarquin, l'écrasant en char (rue du Crime)
Dans un premier temps, où l.44 « les Romains
supportaient » ce régime.
·
souveraineté
dans le Latium par l.46 « une guerre victorieuse »
·
conquiert
des villes l.47 Suessa
Pometia
·
richesses
pour acquitter « le voeux de son père » qui était de remplacer les
cultes anciens du Capitole - temple du Jupiter Capitolin est entièrement le
fruit de ces deux Tarquins
·
à
Delphes des dons « en offrande à Apollon » ce qui marque là ses
origines Grecques et étrusques.
Mais l.63 « il n'avait plus toute sa présence
d'esprit », L.65 « il voulait se faire craindre », l.45
« injuste et cruel ».
La tradition l'associe à
·
la
création du supplice de la crucifixion
·
le poids
des corvées pour la plèbe - grands travaux
2.3) La chute de la monarchie
Ne sais plus l.69 « régler sa conduite »,
« maîtriser les passions de ses proches »(y compris enfants, ce qui
est une faute pour le pater familias romain).
Sextus Tarquin (fils), retour du siège d'Ardée, =>
s'éprend de la femme de Tarquin Collatin, Lucrèce (l.69-70), et la viole.
Lucrèce, privée de cette vertu essentielle pour la femme
romaine qu'est la pudor (davantage sens de l'honneur que pudeur), se
tue.
Évènement déclencheur d'un sursaut politique, l.79
« La cité se souleva ». sous la houlette de Lucius Brutus (l.72) et
de Publius Valerius (futur Publicola), des compagnons de Collatin.
Illustration de l'idée de chose publique : l.78-80
« lorsqu'il s'agit de sauvegarder la liberté civique, il n'y a plus de
simple particulier », un bien commun.
Tout ceci provoque l.84-85 « l'exil du roi lui-même,
de ses enfants et de toute la descendance des Tarquins », qui partent pour
Cumes. Nous sommes en 509 avJC.
Quand à Brutus, l.74 « homme éminent par ses
qualités intellectuelles et morales » il contribua à l'établissement d'un
système consulaire et fit exécuter ses fils, coupables d'avoir tenté une
restauration monarchique.
3) L'expérience
monarchique romaine selon Cicéron revisitée
Grâce aux sources archéologiques, confrontation sources,
il est possible de formuler d'autres hypothèses, de nuancer certaines
affirmations...
3.1) Servius Tullius, un second Romulus ?
l.40 « après s'être solidement conservée pendant
deux cent vingt ans environ, cette magnifique constitution sur Romulus
[...] ». Continuité sans failles jusqu'à l'arrivée de Tarquin le Superbe ?
C'est uniquement à ce moment là que se produit
« cette évolution » l.54 ?
Déjà évoqué les rapprochements Romulus : il s'agit d'un
dévelop. ancien, déjà du vivant de Servius Tullius.
On fait référence à la légende de Romulus : si on y fait
appel ainsi, c'est que les faits étaient différents ? Par exemple, peu probable
que la femme de Tarquin l'Ancien ait favorisé Servius Tullius contre son fils
Tarquin le Superbe.
Selon l'empereur Claude, érudit : Servius Tullius faisait
partie d'une bande de sorte de mercenaires étrusques, autour des frères
Vibenna. Engagé par Tarquin l'Ancien => prise de pouvoir.
La Fresque de la Tombe François du IVème siècle confirme
cette idée..
Pas de cheminement limpide depuis Romulus = rien qu'en
remontant à une génération, il y a un flou important.
3.2) Tarquin le Superbe, « des lieux communs véhiculés par la
littérature grecque »
(titre Dominique Briquel, des rois venus du Nord)
l.67 « maîtriser les passions » conforme au
portrait du tyran selon Platon : analogie entre l'âme tyrannisée par la passion
et l'Etat tyrannique. On ne compte pas les références à ses « transports
d'orgueil » l.67
schéma indo-européen (G. Dumézil) : les trois fonctions
dans le sens négatif, (en une phrase) l.46 : souveraineté (« lui soumit
tout le latium », selon la légende, par traîtrise), guerre/conquête
(« s'empara de la ville de Suessa Pometia », ici, par ruse, moyen lâche), économie
(« regorgeait de richesses », qu'il ne dépense pas directement pour
Rome l.54 « en guise d'offrandes à Apollon »).
Quand aux reproches : les corvées seraient une innovation
? douteux...
3.3) La présence féminine
Présence de femmes à deux occasions : début et fin de
règne de Tarquin le Superbe.
En fait, si l'on étudie les monarques précédents, y
compris Servius Tullius, on se rend compte que certaines femmes sont quasi
dépositaire du pouvoir monarchique, bien que n'ayant aucun droit au règne.
La première : Tullia, épouse du Superbe et fille de
Servius, directe coupable du l.63 « meurtre d'un monarque
excellent », son père.
La seconde : Lucrèce, l.71 « cette femme chaste et
noble », victime du viol de Sextus Tarquin, fils du Superbe.
Opposition de la femme étrusque -selon les romains- à la
femme romaine idéale. La première est terrible, ambitieuse, la second est
discrète, exemplaire par sa faculté à s'effacer (au propre et au figuré).
(Lorsque Sextus Tarquin revient d'Ardée, il voit sa femme
(étrusque) ripailler, alors que Lucrèce file la laine.)
Bien que ce soit un point de détail, parait intéressant
de le relever.
3.4) Une insurrection populaire ?
l.80 « la cité se souleva », l.84 « elle
décreta ». Brutus est un « exemple » l.79.
On nous dresse la vision d'une cité unanime, toutes
couches sociales confondues.
Derniers monarques = réformateur ? Ex du Capitole.
Du roi, on passe à un système de collèges de 2 consuls,
un commun accord entre le Sénat et le peuple (SPQR), avec l'idée concordia
ordinum (leitmotiv de la période qui suit)
Pourtant, il reste des complots : Brutus, l.76
« soutint la charge tout entier » fit exécuter ses fils, participants
à ce complot.
Pourtant, les noms évoqués ne semblent pas provenir de
toutes couches sociales.
Révolution de l'oligarchie -> opposé aux monarques
étrusques
Dans les quatre années qui vont suivre, Publis Valerius
(Publicola) = un consul prédominant (Brutus mourra très tôt), aux pouvoirs très
importants...
Dernier élément mettant en doute l'unité : apparition du
conflit patricio-plébéien.
3.5) Une menace de retour monarchique ? Récit avant-tout historique
faisant office d'avertissement, conseil, pour Rome, aujourd'hui.
l.54 « vous devez apprendre à connaître, dès son
origine, le mouvement naturel et le développement périodique » [de cette
évolution]
l.60 « il faut savoir où incline toute évolution,
pour être capable de l'arrêter ou d'intervenir en prenant les devants .»
Le risque d'un retour monarchique n'est pas du tout exclu
pour Cicéron, au contraire - très précautionneux à cet égard.
Mise en garde contre l'arrivée au pouvoir de personnes
l.100 « à l'apparence humaine, mais [... qui] dépasse par l'inhumanité de son
caractère les bêtes féroces les plus dévastatrices », l.104 « qui
refuse d'avoir avec ses concitoyens [...] toute communauté juridique, toute
solidarité humaine ».
-> l.108 « stigmatiser ceux qui, alors même que
l'Etat était déjà affranchi, ont aspiré au pouvoir absolu ».
Évènements d'avant 51 :
·
82-79
dictature pré-césariste de Sylla, purge parmi les sénateurs (similaire aux
actes du Superbe)
·
63
conjuration de Catilina
·
60
alliance privée César-Pompée-Crassus
·
58-51
campagnes en Gaule de César
·
58-57
exil (moins d'un an) de Cicéron
·
56
accords de Lucques (reconduction de l'alliance privée)
·
52
Pompée consul sina collega
= révolution contre les rois étrusques : les intérêts de
l'oligarchie perturbés par des pouvoirs personnels surpassant tout.
Conclusion
(Objet : Comment Cicéron connaît ou décrit les problèmes
de la monarchie romaine passée ? Quelles sont ses recommandations en matière de
constitution politique ? Cicéron est-il placé uniquement selon une perspective
théorique et historique ? )
1) Recommandations n'adhère pas aux « formes pures » de
gouvernement, néfastes sur le long terme. Sa préférence va aux
« constitutions mixtes » - quoi qu'un seul exemple « d'équilibre
tempéré », c'est-à-dire stable, existe à ses yeux = le régime romain que nous
appelons République. Sa recommandation = conserver et protéger l'existant.
La monarchie, les régimes de pouvoir absolu = a terme
« funestes »... Quoi que sa position n'est pas si nette, puisqu'il
reconnait aux formes pures (la monarchie surtout) une certaine perfection sur
le court terme, tant que l'élément corrupteur n'intervient pas.
2) Compréhension, lecture du passé romain L'historicité du récit ?
éléments purement légendaires, partiellement ou totalement historiques.
association faite entre Romulus et Servius Tullius - Tarquin le Superbe et les
clichés de la littérature grecque sur le tyran - dualité entre femme supposée
étrusque et femme romaine idéale - concept de concordia ordinum.
3) Avertissement risques d'un pouvoir absolu, l'hypothèse que ce passé
peut se reproduire -> mit en parallèle avec son actualité parait évident.
Pas que théorique et historique mais aussi et surtout
politique Cicéron cherche à intervenir, à maintenir l'ordre oligarchique, idéal
pour lui.
... un des douze apôtres, martyr au premier siècle, honoré le 28 octobre . Saint Jude, surnommé Thaddée , mot qui, dans la langue syriaque, signifie louange , était frère de saint Jacques le Mineur ...
JUDE (Saint), Judas,
l'un des douze apôtres, martyr au premier siècle, honoré le 28 octobre.
Saint Jude, surnommé Thaddée, mot qui, dans la langue syriaque, signifie
louange, était frère de saint Jacques le Mineur. Après la descente du
Saint-Esprit, il alla prêcher l'Évangile dans l'Idumée, la Syrie et la
Mésopotamie. Il souffrit le martyre, en Perse ou en Arménie, vers l'an 80. Les
Arméniens l'honorent comme leur premier apôtre. On a de saint Jude une épître
adressée par le saint apôtre à toutes les Eglises d'Orient et particulièrement
aux juifs, dont la conversion avait été l'objet principal de ses travaux.
Selon la tradition, l'Arménie a été évangélisée par les apôtres Thaddée et Barthélemy. En 301, le roi Tiridate, après avoir été converti par saint Grégoire l'Illuminateur, proclame le christianisme religion d'État. Bien qu'une tradition orale de la Bible soit attestée dès les premiers siècles, la formation d'une liturgie originale n'apparaît qu'avec la création de l'alphabet arménien par saint Mesrop Machtots au début du Ve siècle. On attribue aussi à saint Mesrop et à saint Sahak Partèv, le catholicos de la même époque, la création des premiers charakan, chants d'un genre très développé dans la liturgie arménienne et qui ont remplacé une partie de la psalmodie.
La liturgie arménienne s'est enrichie au cours des siècles par la création et l'insertion dans les rituels de nombreux chants de divers genres et formes. Le chant liturgique arménien connaît un essor particulier pendant le royaume de Cilicie (XIe-XIVe siècles), notamment grâce aux initiatives et compositions du Catholicos saint Nersès le Gracieux (XIIe siècle). Au XVe siècle, l'aspect musical du calendrier liturgique se complète et les créations musicales postérieures à cette période restent soit facultatives, soit paracanoniques.
Pour la plupart des chants, il est difficile, voire impossible, de dater la création musicale. Le chant liturgique arménien a été transmis essentiellement par la tradition orale et par une notation neumatique accessible à ceux qui se trouvaient dans cette tradition. Les mélodies ont par conséquent subi des modifications qui ont opéré lentement, tout en gardant intact le système de l'oktoechos et des mélodies-types.