533
Libération de Carthage (Tunis) de la
domination des Barbares Vandales par Bélisaire, général de Byzance.
Les Vandales, comme les Goths, étaient issus
de Scandinavie, sans doute de la province danoise de Vendsyssel, au nord du Jutland
|
|
Vendsyssel |
|
; mais, dès le Ier siècle de notre ère,
ils étaient établis sur la côte méridionale de la Baltique, entre Oder et
Vistule. Peu après, ils se scindèrent en deux groupes : les Silings, qui
gagnèrent la Silésie (elle leur doit son nom) et les Hasdings, qui s’établirent
un peu plus au sud-est. Ils restèrent un peu plus d’un siècle dans ces nouveaux
habitats.
Puis, au milieu du IIIe siècle, on les
retrouve beaucoup plus à l’ouest : les Hasdings en Pannonie et les Silings
en Franconie. Vers 400, l’intrusion des Huns força les premiers à se rabattre
vers le Rhin moyen. Les deux groupes le franchirent de conserve en 406, puis
errèrent en Gaule durant trois ans. En 409, ils se ruèrent sur l’Espagne,
accompagnés des Suèves et d’une partie des Alains. Une fois les Pyrénées
franchies, ils se répartirent le pillage et l’exploitation de la péninsule.
Les Hasdings reçurent un lot en Galice, les
Silings en Bétique (Andalousie). Ils n’en jouirent pas longtemps : dès
418, l’Empire envoya les Visigots de Wallia à leurs trousses, les Silings
furent anéantis. Restaient les Hasdings : ils passèrent à leur tour en
Bétique (419), puis commencèrent à sonder l’Afrique romaine, au-delà de
Gibraltar.
En effet, par une mutation difficile à
expliquer, ce peuple terrien se découvrit alors une vocation maritime qui dura
plus d’un siècle. Le roi Genséric (ou Geiseric) décida en 429 de transférer son
peuple et les débris des Alains en Afrique. Après avoir débarqué à Tanger,
l’armée s’achemina lentement, par voie de terre, en direction de Carthage.
Pendant un an, elle fit le siège d’Hippone,
au cours duquel mourut saint Augustin (cfr Chroniques du 29 Août).
En 435, Genséric traita avec les autorités
romaines : on lui abandonnerait l’ouest de l’Afrique utile. Il ne s’en
accommoda pas longtemps : le 19 octobre 439, il enlevait Carthage par
surprise. La ville devait rester jusqu’en 533 la capitale d’un royaume vandale
qui comprit, avec la Tunisie et le Constantinois, toutes les villes côtières
entre la Grande Syrte et Oran.
Le pillage de l’Afrique intacte, loin de
rassasier Genséric, le mit à même de poursuivre ses entreprises. Improvisant ou
capturant une flotte, on ne sait, il utilisa Carthage comme base de raids
auxquels nul ne s’opposa, vers la Sicile (440), la Corse, la Sardaigne et les
Baléares (vers 455), enfin Rome, qui fut mise à sac en 455.
La plupart des îles méditerranéennes
passèrent sous la dénomination vandale. Le profit fut énorme et l’insécurité
qu’il put faire peser sur le trafic maritime, notamment sur le ravitaillement
des capitales, fut pour Genséric un moyen efficace de chantage politique
jusqu’à sa mort (477).
Dans son foyer même, en Afrique proconsulaire
(Tunisie du Nord), l’organisation de l’État vandale fut tournée vers le pillage
plus que vers une administration régulière.
La classe dirigeante romaine fut expropriée
ou exilée, l’épiscopat catholique subit des persécutions violentes en sa
qualité de complice naturel des Romains. Périodiquement, on le déportait au
Sahara ou en Sardaigne ; des tentatives furent même faites pour imposer l’arianisme
aux Africains.
Tout ce qui n’était pas rentable, par exemple
la défense de l’Ouest face aux résurgences du nomadisme berbère, fut abandonné
sans scrupules. Sur ces ruines, rien de solide ne fut bâti : l’apport des
Vandales apparaît surtout négatif. La masse de la population continua cependant
à vivre dans le cadre des lois romaines, comme en témoignent les remarquables
" tablettes Albertini ", ces actes privés du Ve siècle
retrouvés près de l’actuelle frontière algéro-tunisienne. Ce qu’il restait d’intellectuels
nourrit contre les Vandales une haine profonde : d’où leur très mauvaise
réputation dans l’historiographie.
En 533, Justinien décida de reconquérir
l’Afrique. Bélisaire débarqua le 30 août et entra à Carthage dès le
15 septembre. En moins d’un an, tous les Vandales furent capturés et
déportés en Orient. Ce qui restait de l’Afrique réintégra pour plus d’un siècle
l’Empire romain.
L’Afrique n’a gardé à peu près aucune trace
de la domination vandale, qui ne fut qu’un épisode transitoire.
Après leur passage, elle se retrouva
profondément diminuée, amputée de presque toutes ses régions les plus
occidentales et reléguée en marge du mouvement général de la civilisation
méditerranéenne, auquel elle avait tant contribué du IIIe au Ve siècle, et cela
sans aucune compensation, car l’apport intellectuel, juridique, artistique ou
économique des Vandales fut à peu près nul.
L’allemand
est une langue indo-européenne de la famille des langues germaniques. Ce qu'on
est convenu d'appeler le germanique oriental est un terme générique qui désigne
les dialectes des tribus germaniques du nord qui quittèrent leur patrie
scandinave et colonisèrent la région qui forme aujourd'hui l'Allemagne de l'est
et la Pologne. La migration eut lieu au cours des 400 ans connus sous le nom
d'« époque germanique commune ». Une de ces tribus vandales fut celle des Lugii
[Lygians] qui arrivèrent en Silésie environ 100 av. J.-C. et chassèrent les
Celtes locaux. La tribu vandale des Silings serait à l’origine du nom de la
Silésie. En 800, sous le règne de Charlemagne, le mot « allemand » apparut
comme dénomination, et une aire linguistique d'un seul tenant se constitua . Au
13ème siècle, la Silésie devint une partie du Royaume de Bohême et donc de
l'aire linguistique allemande. À partir du 18ème siècle, après les guerres
silésiennes, la Silésie ne fit plus partie de cette région.
Au cours des
siècles, le contact linguistique entre l’allemand et le polonais a causé des
interférences et des transferts. Pendant les époques du vieux-haut- allemand et
du moyen-haut-allemand, la langue polonaise empruntait déjà des mots de
l’allemand. Pourtant, la plupart des emprunts en polonais datent du
nouveau-haut-allemand précoce et du nouveau-haut-allemand, et appartiennent aux
domaines du commerce, de l’artisanat, de la construction, ainsi qu'au domaine
militaire et à la vie marine. Grâce au bilinguisme très répandu parmi les
colons allemands, le polonais a aussi influencé les langues vernaculaires
allemandes : notamment en Prusse orientale et en Silésie. Dans la langue
vernaculaire silésienne, le polonais influence de la même manière le
vocabulaire, la phonétique et la grammaire. L'influence polonaise est par
exemple évidente en ce qui concerne l’ordre des mots : Hab ihm gestern gesagt
[“lui ai dit hier” au lieu de « je lui ai dit hier »]. Une autre
caractéristique typique de l'allemand de Silésie est l'usage commun des verbes
réflechis: sich spielen, sich gehen [se jouer, s’ aller] Même avant la Deuxième
Guerre mondiale, les locuteurs du polonais de Haute Silésie furent souvent
exposés à des influences allemandes à travers le système éducatif (par Ex. la
langue vernaculaire connue sous le nom de « polonais de l’eau »
[Wasserpolnisch] présente des caractéristiques qu'on ne rencontre ni dans la
langue polonaise standard ni dans d’autre langues vernaculaires polonaises.
Après la Deuxième Guerre mondiale l’influence du polonais sur la langue
allemande en Pologne a augmenté. Pour beaucoup de jeunes, l’allemand est devenu
une langue étrangère, ce qui a facilité le trilinguisme: langue vernaculaire
locale, variation régionale de l’allemand et polonais.
1.2 Histoire, géographie et
démographie
A l’origine,
la Silésie était habitée par les tribus germaniques des Silings et des Lugii.
Pendant les Grandes Migrations , les Germains de l'est se sont déplacés vers le
sud et les Slaves se sont installés en Silésie dans la deuxième partie du 5ème
siècle. En 1138, l’Empire des Piastes fut divisé ; une ligne silésienne
indépendante apparut. Les Piastes silésiens se sont liés à certaine parties
intérieures de l’Allemagne de l’ouest par des mariages avec des filles des
souverains allemands, par ex. le mariage de Henry I (1202-38) avec Hedwig von
Andechs, qui fut canonisée en 1267, et qui est encore venérée en tant que
sainte patronne du pays. L’installation des paysans allemands, des artisans,
des commerçants et des mineurs, la plupart d’entre eux venant de la région de
Thuringe-Haute Saxe, fut favorisée de plus en plus par les seigneurs
territoriaux. Sur le modèle des grandes villes de Magdeburg et de Halle, la loi
allemande s'appliqua dans 120 villes jusqu'au milieu du 14ème siècle. En 1458,
le roi hongrois Corvinus prit la couronne de Bohême, et donc également de la
Silésie divisée. Comme ses successeurs demeurèrent sans héritier masculin, il
conclut un accord de mariage avec l’Empereur Maximilien I pour le petit fils de
ce dernier, Ferdinand. Ainsi, à partir de 1526, la Silésie appartint aux
Habsbourgs pendant 200 ans. En 1740, le Roi Frédérique II de Prusse envahit
avec son armée la Silésie, qui était peu protégée. Lors de la Paix de Breslau
(1742), Marie Thérèse dut céder la Silésie, et après le Congrès de Vienne en
1815 la province fut étendue pour englober des parties de la Haute Lusace
saxonne [Oberlausitz] avec les villes de Lauban, Görlitz et Hoyerswerda. Au
19ème siècle la Silésie connut une fort essor économique. Outre les initiatives
de l’état, - on construisit à Malapane la première usine de machines de Prusse,
connue sous le nom de Königliche Hütte [Haut fourneau Royal]- des entrepreneurs
privés créèrent la base d'un district d'exploitation minière du charbon
prospère. Nombre de locuteurs du « Polonais de l’eau » des zones rurales
introduisirent ce dialecte, qui était différent du polonais standard, au moment
où ils s'installèrent dans les grandes villes, qui s'agrandissaient rapidement.
Ce dialecte contenait un certain nombre d'emprunts à l'allemand, alors que les
paysans et mineurs allemands utilisaient beaucoup d'expressions polonaises.
Cette coexistence ne commença à disparaître que dans la deuxième moitié du
19ème siècle à cause de différences nationales, qui furent aussi renforcées par
la politique de « germanisation » de l’Empire allemand. Une simplification se
fit en assimilant « Polonais » à « catholique » ainsi que « Allemand » ou
«Prusse» à « protestant ». Avec le Traité de Versailles, la Haute Silésie
entière fut cédée à la Pologne après la Première Guerre mondiale. À partir de
1939, la Silésie servit de lieu de concentration pour les armées offensives
d'Hitler. En 1945, les troupes soviétiques conquirent la Silésie. Lors de la
conférence de Yalta (février 1945) les territoires silésiens jusqu’aux fleuves
de Oder et Neisse furent placés sous administration polonaise. Le 21 juin 1990,
le parlement allemand ainsi que la Chambre du peuple (le parlement de la RDA)
consentirent, dans le cadre du Traité d’unification de l'Allemagne, de
maintenir la frontière de 1945 comme frontière polonaise occidentale.
Selon le
recensement de 2002, il y avait 152.897 personnes de nationalité allemande et
173.153 personnes de nationalité silésienne. Dans le même recensement, 204.573
personnes ont déclaré qu’elles parlaient l'allemand à domicile, et 56.643 ont
déclaré qu’elles y parlaient le silésien. Des estimations de sources diverses
indiquent un total de 300.000 à 400.000 locuteurs de l'allemand (Association
for Civic Media 2003; Handbook on Contact Linguistics 1996) [Association pour
les Média Civiques 2003; Manuel sur la Linguistique de Contact 1996].
1.3 Statut juridique et
politiques officielles
Jusqu’en
1990, la Pologne était le seul pays de l’Europe centrale qui ne reconnaissait
pas officiellement la minorité allemande. À cette époque, la minorité
allemande, à quelques exceptions près, ne pouvait pas participer à des
activités liées à sa culture folklorique. Bien que l’article 35 de la Constitution
polonaise octroie aux citoyens polonais des minorités nationales ou minorités
ethniques la liberté de sauvegarder et de développer leurs traditions et leur
culture, ce règlement ne s'applique pas aux Silésiens de la minorité
germanophone ; ils ne sont pas inclus par les autorités polonaises dans les
trois catégories des minorités nationales ou régionales. Le gouvernement
polonais et la Cour Suprême ont refusé de reconnaître aux Silésiens le statut
de minorité nationale ou ethnique ; c.-à-d. qu’ils ne reconnurent pas le
Verband der Bevölkerung Schlesischer Nationalität [L’Union du peuple de
Nationalité Silésienne] fondé en 1887. La Cour Européenne des Droits de l’Homme
a confirmé cette décision nationale dans son jugement du 17 février 2004
(application no. 44158/98).
En dépit de
ce statut légal assez faible, il y a aussi eu des développements positifs pour
le statut de la minorité allemande, suite à la visite d’état du Chancelier
allemand Kohl en 1989. Outre l’établissement de plusieurs représentations pour
leur groupe national, les membres de la minorité germanophone ont remporté un
succès aux élections locales et régionales, et à un moindre degré aux élections
nationales. Actuellement la minorité est représentée par deux membres du
parlement polonais.
On notera
également que le Conseil des Ministres Polonais, qui, d’après le projet de loi
relatif aux minorités, est tenu de trouver un arrangement concernant les noms
officiels des villes en Silésie, ne pourrait pas mener à bien cette tâche à
cause de l'utilisation peu constante des langues. De plus, il serait
complètement impossible de rétablir des dénominations qui furent abolies il y a
70 ans, et qui sont à peine connue ou utilisée par le peuple. Il semble que la
seule solution serait de traiter ces problèmes au cas par cas en consultant par
référendum les communautés concernées.
2. Présence et usage de la langue
dans divers domaines
Au cours de
l’année scolaire 2002/2003 il y avait 261 écoles primaires ainsi que 63 lycées
et une école secondaire ayant l’allemand comme langue d’enseignement (Source :
Section du Ministère de l’Intérieur pour les Minorités Nationales 2004).
Pourtant, il faut tenir compte du fait qu'on ne peut pas faire de distinction
entre les cours d'allemand langue étrangère et les cours d'allemand langue
minoritaire. La plupart des écoles ont tendance à enseigner l'allemand langue
étrangère, puisque de nombreux enseignants sont formés dans ce but (par ex. le
Goethe-Institut). Il n'existe pratiquement pas d'initiatives en vue
d'introduire les dialectes allemands ou polonais dans les écoles.
Seulement 20%
des enseignants des districts d'Opole et de Silésie parlent couramment
l’allemand. Par conséquent, depuis 2002 des cours de langue ont été proposés
pour renforcer la langue allemande. Au niveau primaire et secondaire, la
compétence linguistique allemande des enseignants est beaucoup plus élevée ;
80% d’entre eux parlent couramment l'allemand. Le matériel pédagogique est
généralement disponible pour les cours d'allemand, d’histoire et de géographie.
Certaines écoles secondaires proposent aussi des classes bilingues.
Puisque
le polonais est la seule langue officielle, les personnes ne parlant pas le
polonais peuvent faire appel à un interprète allemand (voir le rapport
général sur le pays).
2.3 Les autorités et les services publiques
Puisque le
polonais est la langue officielle, l'allemand ne joue pas de rôle important
dans les contacts avec les autorités publiques, même pas en général au niveau
local. La langue ne sert que pour les contacts non-officiels (voir le rapport
général sur le pays).
2.4 Les Mass media et la
technologie de l’information
Il n’y a pas
de journaux quotidiens en allemand. Les périodiques hebdomadaires publiés
exclusivement en allemand sont : Schlesien Heute [Silésie Aujourd’hui] et Der
Oberschlesier [Le Haut Silésien] avec un tirage de 2.500 exemplaires chacun.
Les périodiques bilingues ,ou en partie en allemand, sont : l’hebdomadaire
Schlesisches Wochenblatt [Hebdomadaire silésien], les publications mensuelles
telles que Hoffnung [L’espoir], Masurische Storchenpost [Poste de la Cigogne
Masurienne ] ou Mitteilungsblatt [Bulletin]. Das Informations- und
Kulturbulletin [Le bulletin pour l’information et la culture] est publié avec
une périodicité bimensuelle, et le Kulturelles Bildungsnotebook [Cahier de
l’éducation culturelle] avec une périodicité trimestrielle.
uell
[Silésie actualité] est une émission de radio pour la minorité allemande dans
la région d'Opole diffusée du lundi au jeudi entre 17h30 et 17h55 sur la
station de radio publique Radio
Opole, fréquence 103.2FM, qui est la station la plus écoutée dans la région
d’Opole. Schlesien Aktuell a été retransmis pour la première fois le 15 avril
1998, et l'équipe éditoriale est composée de jeunes. Leur but est de produire
une émission d’information moderne, et d'informer à propos des activités de la
minorité allemande et des sujets germano-polonais. L'émission se compose
d’actualités, de rapports, d’interviews, d’informations sur les événements et
la musique allemande, et rencontre beaucoup de succès auprès des auditeurs.
Ceci est confirmé non seulement par les nombreux appels et un grand nombre de
lettres, mais aussi par des chiffres concrets, l’indice d’écoute de Schlesien
Aktuell est égal à l’émission polonaise diffusée à la même heure. Parmi les
autres stations de radio, on peut citer Radio Plus, Radio Vanessa et Radio
Park, qui n'émettent qu'en allemand.
La chaîne de
télévision locale à Opole diffuse une émission de 10 à 15 minutes pour la
minorité allemande sous le titre Schlesien-Journal [Journal silésien], et qui
est produite par une équipe indépendante. L’émission Schlesische Wochenschau
[Actualités silésiennes] est retransmise par la télévision polonaise toutes les
deux semaines.
Actuellement
il n’y a pas d’initiatives en vue de soutenir la minorité allemande dans le
domaine des nouveaux média. Pourtant, il y a un site Web pour la minorité
allemande mis en place par le Verband
der deutschen Sozial-Kulturellen Gesellschaften in Polen [Association des
Sociétés Culturelles et Sociales en Pologne] en allemand et en polonais.
La plupart
des activités culturelles en allemand se déroulent en Silésie. Par exemple,
l’initiative culturelle gérant le réseau de bibliothèques Caritas dans la
région d' Opole a été lancée en 1992 par le représentant de l'Église Catholique
pour la minorité allemande. Depuis lors, deux « bus bibliothèque » visitent
environ 150 villages. 34 bibliothèques supplémentaires fixes ont été créées, et
grâce à l’aide de la fondation germano-polonaise, la bibliothèque centrale
Joseph von Eichendorff a ouvert ses portes à Opole. La bibliothèque de la
voïvodie, qui essaye depuis plusieurs années maintenant de sauvegarder les
livres de l’époque allemande, s'efforce aussi à réunir de la littérature
allemande. De plus, elle dirige une autre antenne avec des livres allemands :
la bibliothèque autrichienne à Opole.
Des
symposiums annuels germano-polonais sur la Silésie se déroulent dans le Château
de Kamień Śląski [Schloss Groß Stein]. Les professeurs et les
personnes actives dans le secteur culturel qui viennent de l’est et de l’ouest
et se sentent liées à la Haute Silésie (en général ils y ont leurs origines), y
participent en tant qu'orateurs. Les différents exposés sont généralement à
l’attention des prêtres, des enseignants, des bibliothécaires et des
journalistes.
La Haus der
Deutsch-Polnischen Zusammenarbeit [La Maison pour la Coopération
allemand-polonais] a été fondée en 1998. Elle est issue de la première
association enregistrée et elle compte aussi bien des allemands que des
polonais parmi ses membres.
Selon les
experts, 12 livres en allemand ont été publiés en 2003; selon les autorités
publiques, il n’y en avaient aucun. La majorité des publications sont des
manuels, de la poésie et des livres religieux. Pourtant, les œuvres littéraires
allemandes qui donneraient à la minorité allemande le sentiment d'appartenir
plus fortement à leur patrie sont en grande partie ignorées par les
autochtones. Très peu de ces ouvrages locaux sont traduits. On peut par exemple
citer l'oeuvre bilingue Der goldene Schlüssel [La clé d’or] de Hans Niekrawietz
ainsi que plusieurs textes d'Eichendorff. Horst Bieneks a publié des romans sur
Gliwice. D’autres auteurs sont généralement inconnus: par ex. Hans Lipinsky-Gottersdorf,
Heinz Piontek et surtout August Scholtis.
Dans le
domaine de la culture une grande variété de musique traditionnelle folklorique
est produite et des festivals culturels sont organisés, par ex. Regionales
Erntedankfest der Diözese [L’action de grâce régionale du diocèse] sur la
colline de Ste. Anne, Künstlersommer der nationalen Minderheiten [Été des
artistes des Minorités Nationales] à Olsztyn, Chortreffen [Rencontre des
Chœurs] à Walce, Treffen der Folkgruppen und Orchester [Rencontre des groupes
folkloriques et des orchestres] de la minorité allemande à Leśnica,
Ausstellung Schlesischer Artistikkreationen [Exposition de Créations
Artistiques Silésiennes] à Dobrodzień et Dobrzeń ainsi que les
Masurischen Gespräche [Exposés Masuriens] à Mrągowo. La sauvegarde de la
culture comprend souvent l’entretien de biens matériels culturels que l'on ne
rencontre pas souvent en Silésie.
Par suite de
l’article 27 de la Constitution, l’allemand ne joue pas de rôle important dans
le monde des affaires en tant que langue officielle. Ainsi, les règlements en
vue de la protection des consommateurs en Silésie, par exemple, stipulent que
les indications doivent êtres publiés non seulement en Allemand mais aussi en
polonais (voir le rapport général sur le pays). Pourtant, le statut peu
favorable de l'allemand n’implique pas que la langue n’ait pas d’importance
dans le monde des affaires au niveau local et régional. Ainsi, l’allemand peut
s'avérer nécessaire pour des emplois dans des entreprises commerciales ou des
écoles. L’économie de la Silésie est caractérisée par l’exploitation minière
qui est en crise depuis plusieurs années. Ainsi environ 60.000 emplois dans les
exploitations minières et le commerce de cette région ont été supprimés.
2.7 La famille et l'usage social
de la langue
Lors du
recensement de 2002, 196.841 citoyens polonais déclaraient utiliser l’allemand
chez eux au sein de la famille. Dans le même recensement, 56.426 citoyens
polonais indiquaient le silésien comme langue de famille. Pourtant, seulement
147.094 Polonais se sont déclarés de nationalité allemande alors que 172.682
personnes étaient de nationalité silésienne. Malheureusement, le recensement
n’a pas fourni d’information sur l'homogénéité des différents groupes ou sur
les raisons de ces changements.
Dans le
district d'Opole, l’allemand est actuellement utilisé par une minorité
culturelle motivée, et on peut noter que depuis 1990, l'émigration de beaucoup
de personnes vers l’Allemagne a eu une influence négative sur la reproduction
de la langue. Néanmoins, dans beaucoup de régions, on considère que les
germanophones ont un niveau de vie plus élevé ou qu’ils sont plus avancés.
La minorité
allemande est en grande partie Catholique romaine, et va régulièrement à
l’église. Ce n’est qu'en Silésie, près de Cieszyn, qu’il y a une majorité
d'Allemands Protestants dont les cultes se font généralement en allemand.
Pourtant, le clergé catholique ne maîtrise pas bien l'allemand, par conséquent
beaucoup de messes ne sont pas célébrées en allemand (50% selon les
statistiques officielles et 80% selon les organisations minoritaires).
Avec
l’installation de la démocratie, le degré d’organisation à l’intérieur de la
minorité allemande a changé radicalement depuis 1989/1990. Jusqu’à la fin des
années 80, la seule organisation officielle était la Deutsche Sozio-kulturelle Gesellschaft
[Société socioculturelle allemande] à Walbrzych. Avec la démocratisation
croissante de la Pologne, le degré d’organisation de la minorité allemande a
aussi augmenté. Actuellement, il y a 40 organisations de ce genre, dont
plusieurs qui sont organisées à l'intérieur de la Verband der deutschen
Sozial-Kulturellen Gesellschaften in Polen [l’Association des sociétés
culturelles et sociales en Pologne]. L’association a plus de 200.000 membres
ainsi que dix organisations membres permanents et huit organisations membres
associés.
L’influence
européenne est considérée comme très importante : puisque la Pologne a signé la
Charte Européenne pour les Langues Régionales ou Minoritaires, on attend
généralement que le pays ratifie aussi la Charte, ce qui aurait une influence
positive sur la politique linguistique.
La situation
actuelle de la minorité allemande, tout comme celle des autres minorités, est
marquée par une faible position après la Deuxième Guerre mondiale et une
renaissance grâce à la démocratisation de la Pologne. Pourtant, tout comme la
minorité ukrainienne (voir le rapport générale sur la langue de l’Ukraine) la
minorité allemande a connu des répressions particulières dans la Pologne
socialiste. Un problème actuel est, qu’après le changement politique de
1989/1990, beaucoup de germanophones ont quitté la Pologne, ce qui a
déstabilisé la base démographique de la minorité. Surtout maintenant que la
Pologne est devenue membre de l’UE, les relations entre la Pologne et
l'Allemagne doivent être traitées avec sensibilité, à cause de l'histoire
commune des deux pays.
Le souvenir
du rôle des germanophones pendant la Deuxième Guerre mondiale est toujours très
présent dans la façon dont la minorité se perçoit elle-même, et dans la façon
dont les autres la perçoivent. Ceci conduit à des déclarations ambiguës sur la
nationalité et l’usage de la langue dans la famille, par exemple lors du
recensement de 2002.