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Stanislas Ier |
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Stanislas
Leszczyński |
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Règne |
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Dynastie |
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Successeur |
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Autres fonctions |
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Duc de Lorraine et de Bar |
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Biographie |
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Nom de naissance |
Stanisław Leszczyński |
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Naissance |
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Décès |
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Père |
Rafał Leszczyński |
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Mère |
Anna Jabłonowska |
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Consort(s) |
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Descendance |
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Stanislas
Leszczyński (Stanisław Leszczyński en
polonais) est né à Lwów en Pologne, le 20 octobre 1677 et mort à Lunéville, le23 février 1766. Il fut roi de Pologne de 1704 à 1709 et
de 1733 à 1736 sous le nom de Stanislas Ier (Stanisław I). C'est en 1738qu'il devint duc de Lorraine et
de Bar et ce jusqu'à sa mort.
Issu d'une famille
aristocratique de Bohême-Moravie installée en Pologne au xe siècle, Stanislas Leszczyński, riche héritier du palatinat de Posnanie, reçoit une éducation extrêmement soignée : solidement formé dans la
littérature et les sciences, il parle et écrit, outre le polonais, l'allemand, l'italien, le français et
le latin et fait le tour des grandes capitales (Vienne, Rome, Paris...) pour compléter sa formation. À vingt et un ans, il épouse la fille
d'un magnat polonais, Catherine Opalińska.
Le couple aura deux filles :Anne Leszczynska (1701-1718) et Marie
Leszczyńska, qui épousera Louis XV en 1725, ouvrant la voie au destin extraordinaire de sa famille.
En 1697, la diète de Pologne élit
Frédéric-Auguste Ier prince
électeur de Saxe roi de Pologne sous le nom d'Auguste II.
La même année voit
l'avènement du jeune Charles XII de Suède. Le tsar Pierre Ier de Russie et
le roi Auguste II de
Pologne prenant les quinze ans du nouveau souverain pour une marque d'inexpérience
et de faiblesse déclarent immédiatement la guerre à la Suèdealors première puissance d'Europe du Nord. Mais le roi de Suède, Charles XII, réagit avec courage et montrant son génie militaire, repousse les Russes
et envahit la Pologne.
Il fait élire Stanislas le 12 juillet 1704.
Après la défaite de
Poltava, en 1709, contre les armées de Pierre Ier le Grand, tsar de Russie, Charles XII est
emprisonné enBessarabie, possession ottomane en Europe orientale, entre la Moldavie et
l'Ukraine, à Bender (aujourd'hui Tighina en Moldavie), et Stanislas, chassé du trône de Pologne, chevaleresquement l'y rejoint.
Charles XII lui
confère en 1714 la jouissance de sa principauté de Deux-Ponts (Zweibrücken),
à la frontière de la Lorraine. Stanislas peut y
cultiver la musique et les arts, la philosophie et les sciences dans le palais
baroque « aux allures orientales » qu’il fait construire et qu'il
baptise « Tschifflick » ("maison de plaisance" en turc), en
souvenir de son séjour à Bender. C'est lors de son séjour dans la principauté
qu'il perdra sa fille aînée Anne.
À la mort de Charles XII, en 1718, Stanislas et sa famille
trouvent refuge auprès du duc Léopold Ier de Lorraine,beau-frère
du régent, puis (mars 1719) après la médiation réussie
du baron Stanislas-Constantin de Meszek, à Wissembourg, en Alsace, sur les terres du
roi de France.
Il loge d'abord au château
Saint-Rémi puis dans un hôtel plus spacieux mis à sa disposition par le bailli de
Weber qui le tenait de son beau-père, le receveur de l'ordre teutonique Jaeger
(aujourd'hui maison de retraite). La famille vit de manière modeste, grâce à
une pension de 1 000 livres par semaine octroyée par le Régent. Stanislas s'y
ennuie ferme, entouré d'un cercle de courtisans de plus en plus réduit. Son
entourage domestique se partage honneurs et titres de cour, désormais vides, et
ne cesse pourtant de se chamailler pour des questions de préséances.
C'est par un hasard
étonnant que le mariage de Louis XV avec
sa fille chérie Marie
Leszczyńska sort la famille de son triste exil et
propulse l'ancien roi déchu Stanislas sur la scène européenne.
Pendant ce temps,en France, à la mort du Régent, Philippe d'Orléans,
le 2 décembre 1723, le duc de Bourbon (Monsieur
le Duc) obtint de Louis XV la
charge de Premier ministre. Le Régent avait prévu que Louis XV, qui allait sur ses treize ans, épouserait une infante d'Espagne, alors
âgée de six ans. Cette perspective lointaine inquiétait fort le duc de Bourbon
car, si Louis XV venait
à disparaître avant de s'être marié et d'avoir engendré un héritier mâle, la
couronne reviendrait au fils du Régent, le jeune duc d'Orléans.
Or il existait, entre les branches d'Orléans et de Condé de la maison de
Bourbon, une opposition apparemment irréductible. Monsieur le Duc,
devenu Premier ministre, eut donc une obsession : marier le Roi et lui
faire faire des enfants le plus vite possible. Un malaise dont fut pris le roi
en février 1725 le convainquit de précipiter le
mouvement : l'infante d'Espagne fut renvoyée à Madrid et
un Conseil, tenu le31 mars 1725, examina les différents
partis possibles pour la remplacer.
Statue
de Stanislas Leszczyński,Nancy
Après avoir éliminé les
princesses trop âgées ou trop jeunes ou celles qui étaient liées aux Orléans
(comme les filles de léopold Ier de Lorraine),
celles qui n'étaient pas catholiques ( orthodoxes comme
la fille du tsar, calvinistes ou luthériennes comme
nombre de princesses allemandes), il ne resta aucune candidate.
Le duc de Bourbon tenta
de proposer une de ses sœurs mais la manœuvre, trop grossière, ne fit pas long
feu.
On "repêcha"
alors la princesse Marie, fille de Stanislas, roi détrôné de Pologne, déjà âgée
de 22 ans dont le premier ministre et surtout sa maîtresse, la marquise de Prie, espéraient une reconnaissance éternelle qui leur assurerait la
conservation du pouvoir.
Monsieur le Duc,
qui était veuf depuis 1720 et sans postérité, avait envisagé d'épouser
lui-même la princesse polonaise et avait fait un certain nombre d'avances en ce
sens.
Lorsque lui fut dépêché, en
février 1725, le peintre Pierre Gobert pour
faire le portrait de la princesse Marie, Stanislas fut persuadé que ce projet
prenait forme. Aussi, quelle ne fut pas sa stupéfaction lorsque, le 2 avril, lundi de Pâques, un courrier lui apporta un pli, cacheté du sceau du duc de Bourbon,
qui lui demandait sa fille en mariage au nom de Louis XV !
Marie
Leszczyńska accepta immédiatement la proposition qui lui
était faite.
Le 27 mai, à son petit lever, Louis XV fit
l'annonce officielle du mariage.
Le 4 juillet, la famille vint s'installer à Strasbourg où,
le 15 août, le mariage fut célébré par procuration dans la cathédrale par le cardinal de Rohan,
grand aumônier de France et évêque du diocèse.
Stanislas et sa femme
quittèrent Strasbourg le 22 septembre et
arrivèrent le 16 octobre au
château de Bourron, près de Fontainebleau, où ils retrouvèrent leur fille.
Le lendemain, Louis XV vint
leur rendre visite pour la première fois.
Stanislas rendit cette
visite le 17 à Fontainebleau et,
le 19,
il partit pour Chambord où
il avait été décidé qu'il s'établirait, plutôt qu'à Saint-Germain-en-Laye. Il y résida jusqu'en 1733, venant incognito, chaque
automne rendre visite à sa fille. Il s'y adonne à la chasse tout en méditant
des projets de bibliothèque d'étude et d'académie qu'il mettra en application
une fois devenu duc de Lorraine.
Les relations de Stanislas
avec Louis XV furent
généralement assez froides. En la présence de son beau-père, Louis XV ressentait
probablement assez durement qu'il n'avait pas épousé la fille d'une des
premières familles d'Europe. Néanmoins, Stanislas était cultivé, spirituel, et
s'intéressait aux sciences et aux techniques, ce qui fournissait un sujet
d'intérêt commun.
Le 1er novembre 1749, le Roi de Pologne et Duc
de Lorraine et Madame Infante tiennent
sur les fonts baptismaux la fille du Comte de Bragelone. (Source: Gazette de
France publié par Théophraste Renaudot)
Article
détaillé : Guerre de Succession de Pologne.
La mort d'Auguste II, roi de Pologne, survenue le 1er février 1733, ouvrit une crise de succession. L'empereur romain germanique Charles VI et
la tsarine Anne se
prononcèrent en faveur de l'électeur de Saxe, Auguste III, fils du roi défunt, tandis qu'en France, mais aussi en Pologne, un
important parti militait pour la restauration de Stanislas. Le cardinal Fleury, qui n'avait guère
de sympathie pour cet hôte couteux qui ne rapportait rien au trésor, le laissa
partir secrètement pour la Pologne pendant qu'un sosie prenait ostensiblement
la mer àBrest sur un navire français. Le 8 septembre 1733, Stanislas arriva à Varsovie et
fut reconnu roi de Pologne et
grand-duc de Lituanie par
la diète dès
le 12 septembre.
Les adversaires de
Stanislas avaient déjà commencé à prendre les armes.
Dès son élection, la Russie
envoya des troupes et, dès le 22 septembre, Stanislas dut se réfugier dans Dantzig (Gdańsk) pour y attendre de l'aide, pendant que le 5 octobre, Auguste III était
proclamé roi à Varsovie sous
la protection des armées russes.
Le 10 octobre, Louis XV, ne pouvant s'en prendre à la Russie, difficile à atteindre, déclara la
guerre à son allié, l'Empereur Charles VI .
Ce fut le début de la Guerre de Succession de Pologne.
Pour éviter de s'aliéner
les puissances neutres, le cardinal de Fleury se
garda bien d'envoyer des renforts à Stanislas, qui était assiégé dans Dantzig par
les troupes russes à partir de février 1734 et soumis à un incessant pilonnage
d'artillerie. Pour sauver les apparences, il se borna à dépêcher quelques
bateaux portant environ 2 000 hommes qui se firent tailler en pièces au
large de Dantzig à
la fin mai. Stanislas, dont la tête avait été mise à prix, dut s'évader sous un
déguisement le 27 juin aidé
par un espion de Louis XV, le Chevalier de
Béla, et, après diverses aventures, trouva refuge,
le 3 juillet, en Prusse, où Frédéric-Guillaume Ier l'accueillit
au château de Königsberg. Il s'y lia d’amitié avec le prince héritier Frédéric, qui deviendra Frédéric II de
Prusse (1740), avec lequel il entretint
une abondante correspondance.
Charles VI se
trouvant dans une situation militaire délicate offrit à Louis XV de
négocier un traité de paix. Le cardinal de Fleury y
vit l'opportunité de mettre enfin la main sur les duchés de
Lorraine et de Bar qui,
quoique pris en tenaille par les possessions françaises (trois évêchés (Toul, Verdun , Metz, route d'Alsace), gênaient les communications entre Paris et
l'Alsace, le duc de Lorraine et
de Bar étant
ouvertement favorable à l'Empereur dont il devait épouser la fille aînée et
héritière, Marie-Thérèse d'Autriche.
Après des négociations
difficiles, le duc de Lorraine refusant
d'abandonner ses sujets et son patrimoine, il fut convenu le 3 octobre1735, dans un accord appelé
« les Préliminaires de Vienne », que Stanislas recevrait en viager
les duchés de
Lorraine et de Bar qui
reviendraient à la France à sa mort, le duc de Lorraine François III (futur
Empereur François Ier)
recevant à titre de compensation le grand-duché de Toscane au
décès du grand-duc régnant. François III, réticent mais contraint par
l'Empereur, signa le 24 septembre1736 l'acte de cession du duché de Bar mais
attendit jusqu'au 13 février 1737 pour renoncer au duché de
Lorraine.
Entre-temps, le 5 mai 1736, Stanislas avait quitté Königsberg pour
s'installer le 4 juin au château de Meudon.
Après avoir abdiqué
officiellement le trône de Pologne, le 30 septembre, il fut contraint par les ministres de Louis XV, de signer une déclaration secrète, appelée « déclaration de Meudon »,
par laquelle il déclarait ne pas vouloir se « charger
des embarras des arrangements qui regardent l'administration des finances et
revenus des duchés de Bar et de Lorraine » Stanislas s'en remettait au roi de
France, qui entrait en possession des duchés « dès
maintenant et pour toujours ».
En compensation, Stanislas
recevait une rente annuelle de 1 500 000 livres, qui serait portée à
2 millions au décès du grand-duc de Toscane. Stanislas s'engageait à nommer « un intendant de justice,
police et finances ... ou autre personne sous tel titre et dénomination qu'il
sera jugé à propos, lequel sera choisi de concert avec S.M. Très-Chrétienne.
Ledit intendant ou autre exercera en notre nom le même pouvoir et les mêmes
fonctions que les intendants de province exercent en France. » Stanislas agréa, avec le titre de
chancelier, le 18 janvier 1737, le beau-frère du contrôleur général Orry, Antoine-Martin Chaumont de La Galaizière, qui avait été proposé par le cardinal de Fleury.
Celui-ci prit possession au nom de Stanislas, le 8 février 1737 du duché de Bar et
le 21 mars de celui de
Lorraine.
Stanislas fut fraîchement
accueilli par la population lorraine, très attachée à la famille ducale, et que
son intendant Chaumont de la Galaizière fut unanimement haï et demeure un
personnage à l'image noire dans la mémoire des Lorrains.
Le 30 mars à Versailles, Stanislas et sa femme prirent congé de Louis XV, et le roi vint leur rendre visite le lendemain.
Le 1er avril, Stanislas partit pour la Lorraine et
arriva dès le 3 avril à Lunéville que
la duchesse douairière (sœur du défunt régent) et ses filles, (que le duc de Bourbon avait
dédaignées), venaient de quitter pour Commercy dont
elle recevait la souveraineté en viager.
Stanislas dut loger chez le
prince de Craon, puisque François III était
parti avec l'ameublement de ses châteaux et que Louis XV n'avait
pas pris soin de pourvoir son beau-père.
La reine Catherine le rejoignit
le 13.
Le 25 mai et
le 1er juin,
Stanislas promulgua les édits créant son Conseil d'État et son Conseil des
Finances et Commerce, sur des bases étroitement dérivées du système en vigueur
en France: il s'agissait, surtout, d'accoutumer les Lorrains à devenir français.
Stanislas n'avait donc
aucun réel pouvoir politique, mais néanmoins il n'est pas resté inactif en
Lorraine, en ce qui concerne notamment la fondation de la Bibliothèque Royale de Nancy, de la Société Royale
des Sciences et Belles-lettres ou
encore de la Mission royale,
monuments...
Chaque automne, Stanislas
et sa femme rendaient visite à leur fille à Versailles. Trianon était
mis à leur disposition pendant la durée de leur séjour, mais ils ne faisaient
qu'y dormir et passaient le plus clair de leur temps au château.
À Nancy, Stanislas n'avait guère de pouvoir, mais il jouissait de revenus
confortables. Il voulut chercher à marquer l'histoire en entretenant une cour
brillante et en protégeant artistes et gens de lettres. Il créa la Bibliothèque royale de Nancy, publique (1750),
et la Société Royale
des Sciences et Belles-lettres, qui prit bientôt
le nom d'Académie de
Nancy. Cette dernière devait à la fois diffuser
les connaissances, promouvoir
la langue française ainsi que
la tolérance religieuse et politique du siècle des Lumières.
Rappelons que la Lorraine
est un vrai état administratif bien avant le rattachement définitif à la
France. Le chancelier, représentant le souverain français, a pris la tête de
cette administration performante et y accomplit réformes et ajustements. La
langue de la haute justice et administration était le français, mais les
populations parlaient surtout une variété de dialectes lorrains1.
Favorable à la liberté et à
la séparation des pouvoirs, Stanislas, quoique profondément croyant, se tint à
l'écart des excès de tous les fanatismes, religieux ou athées comme le montre
son essai philosophique : L'Incrédulité
combattue par le simple bon sens (1760).
Dans "ses" États,
il mit en place des initiatives sociales en avance sur son temps : écoles,
hôpitaux, bibliothèques publiques, greniers collectifs, secours aux plus
démunis, etc. Il jeta même les bases d'une cité idéale inspirée de ses propres
réalisations dans l'Entretien d'un Européen avec un insulaire du royaume de
Dumocala (1752). Il signa « le Philosophe
bienfaisant » une série
d'essais philosophiques bien dans l'esprit des Lumières, comme Le combat de la
volonté et de la raison (1749).
Tombeau
de Stanislas en l'église Notre-Dame de Bonsecours deNancy
Il dota sa capitale, Nancy, du magnifique ensemble édifié autour de l'actuelle place Stanislas par
l'architecte Emmanuel Héré: une grande place oblongue, dite « place neuve de la Carrière »,
réunit la vieille ville à la ville neuve. Elle communiquait avec la place
Royale (aujourd'hui « place Stanislas »), créée en l'honneur de son gendre Louis XV. Inaugurée en novembre 1757, elle est entourée
d'immeubles magnifiques et close de grilles dorées, chefs d'œuvre de
ferronnerie de Jean Lamour. Le centre de la place est occupé depuis 1831 par une statue de Stanislas, qui a remplacé
celle de Louis XV, enlevée sous la Révolution. Stanislas fit également édifier l'église Notre-Dame de Bonsecours, l’hôtel des Missions Royales, les places d’Alliance et de la Carrière et
encore les portes Saint-Stanislas et Sainte-Catherine.
Stanislas installa
plusieurs résidences royales (Châteaux de Commercy, La Malgrange, Jolivet et Einville) et fit transformer
le château de
Lunéville surnommé le Versailles lorrain.
Le parc fut entièrement réaménagé par l’architecte Emmanuel Héré qui
orna les jardins de « folies » : Kiosque d’inspiration turque,
pavillon du Trèfle au toit en forme de « chapeau chinois »,
maisonnettes ("les Chartreuses"), théâtres de verdure, fontaines,
pavillon de la Cascade, pavillon de Chanteheux, et un Rocher qui mettait en mouvement
des automates dans un décor pastoral.
Stanislas, âgé de quatre
vingt neuf ans, mourut à Lunéville le 23 février 1766 au terme d'une longue agonie, après s'être
brûlé accidentellement devant la cheminée de sa chambre. Il est inhumé à
l'église Notre-Dame de Bonsecours, à Nancy. Ses entrailles sont déposées, selon son vœux, dans un Cénotaphe au sein
de l'église Saint-Jacques de Lunéville.
À l'humble soubrette qui
tâchait d'éteindre les flammes qui le consumaient, il aurait dit ce mot bien
digne d'un prince du xviiie siècle : « Qui eût
dit, madame, qu'un jour nous brûlerions des mêmes feux? »[réf. nécessaire]
Les titres de
Stanislas en 1763 :
« Stanislas, par la
grâce de Dieu, Roi de Pologne, Grand-Duc de Lituanie, Russie, Prusse, Mazovie:
Samogirle, Kiovie, Volhinie, Podlachie, Livonie, Smolensko, Sévérie, Czernichovie,
Duc de Lorraine et de Bar, Marquis de Pont-à-Mousson et de Nomeny, Comte de
Vaudemont, de Blamont, de Sarwerden, et de Salm. »
Son décès permettait
l'annexion de la Lorraine par le Royaume de France par la création du Grand-gouvernement de Lorraine-et-Barrois.
§
Correspondance de Stanislas
Leszczynski avec Frédéric-Guillaume Ier et Frédéric II, publiée par Pierre Boyé, Paris-Nancy,
1906.
§
Entretien d'un Européen
avec un insulaire du royaume de Dumocala,
texte établi et annoté par Laurent Versini, Université de Nancy II, 1981.
§
Œuvres du Philosophe
bienfaisant, trois tomes, 1764.
§
Les Opuscules inédits de
Stanislas, présentés par Louis Lacroix, Nancy, 1866.
§
Stanislas Leszczynski,
inédits, introduction de René Taveneaux, texte établi par Laurent Versini, Presses Universitaires de Nancy, 1984.
1. ↑ en
grande partie roman, c'est-à-dire de l'ancien-français, mais aussi germanique
de différentes origines comme le platt (francique) ou l'alsacien du nord (alémanique
rhénan). La solidarité lorraine a dès l'origine du duché dépassé ces
différences traditionnelles. Les familles du pays de Gaume en Belgique et de la
Sarre allemande qui connaissent l'histoire locale n'ignorent pas cet
attachement séculaire. Les clivages linguistiques ont été stigmatisées plus
tardivement par les acteurs nationalistes, de part et d'autre des frontières.
Wikimedia
Commons propose des documents multimédia libres surStanislas
Leszczyński. |
§
André Rossinot, Stanislas : Le roi
philosophe. - La Flèche : Michel Lafon, 1999. - 302 p., 23,5 cm.
- (ISBN 2-84098-486-5)
§
Anne Muratori-Philip, Stanislas Leszczynski :
Aventurier, philosophe et mécène des Lumières. - Paris : Robert Laffont, 2005. - 1018 p., 20 cm.
- (ISBN 2-221-10091-3).
§
Frédéric Maguin et Robert
Florentin, Sur les pas de
Stanislas Leszczynski. – Nancy : Éditions
Koidneuf, 2005. – 62 p., 26 cm. – (ISBN 2-9515687-5-4). (Ouvrage plutôt centré, dans son sujet, sur
« Stanislas Leszczynski comme protecteur des beaux-arts en
Lorraine »)
§
Une mine d'informations sur Stanislas Leszczynski et la
vie au xviiie siècle
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Père |
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Mère |
Anna Jabłonowska |
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Descendance |
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Stanislas
Leszczyński (Stanisław Leszczyński en
polonais) est né à Lwów en Pologne, le 20 octobre 1677 et
mort à Lunéville, le23 février 1766. Il fut roi de Pologne de 1704 à 1709 et
de 1733 à 1736 sous le nom de Stanislas Ier (Stanisław I). C'est en 1738qu'il devint duc de Lorraine et
de Bar et ce jusqu'à sa mort.
Issu
d'une famille aristocratique de Bohême-Moravie installée en Pologne au xe siècle, Stanislas Leszczyński, riche héritier du palatinat de Posnanie, reçoit une éducation
extrêmement soignée : solidement formé dans la littérature et les
sciences, il parle et écrit, outre le polonais, l'allemand, l'italien,
le français et
le latin et
fait le tour des grandes capitales (Vienne, Rome, Paris...) pour compléter sa formation. À
vingt et un ans, il épouse la fille d'un magnat polonais, Catherine Opalińska.
Le couple aura deux filles :Anne Leszczynska (1701-1718) et Marie Leszczyńska, qui épousera Louis XV en 1725, ouvrant la voie au
destin extraordinaire de sa famille.
En 1697, la diète de Pologne élit
Frédéric-Auguste Ier prince
électeur de Saxe roi de Pologne sous le nom d'Auguste II.
La
même année voit l'avènement du jeune Charles XII de Suède. Le tsar Pierre Ier de Russie et le roi Auguste II de Pologne prenant les quinze ans du nouveau souverain
pour une marque d'inexpérience et de faiblesse déclarent immédiatement la
guerre à la Suèdealors
première puissance d'Europe du Nord. Mais le roi de Suède, Charles XII, réagit avec courage et
montrant son génie militaire, repousse les Russes et envahit la Pologne.
Il
fait élire Stanislas le 12 juillet 1704.
Après
la défaite de Poltava, en 1709, contre les armées
de Pierre Ier le Grand, tsar de Russie, Charles XII est emprisonné enBessarabie, possession ottomane en Europe orientale, entre la Moldavie et l'Ukraine, à Bender (aujourd'hui Tighina en Moldavie), et Stanislas, chassé du
trône de Pologne, chevaleresquement l'y rejoint.
Charles XII lui confère en 1714 la jouissance de sa principauté de Deux-Ponts (Zweibrücken),
à la frontière de la Lorraine.
Stanislas peut y cultiver la musique et les arts, la philosophie et les
sciences dans le palais baroque « aux allures orientales » qu’il fait
construire et qu'il baptise « Tschifflick » ("maison de
plaisance" en turc), en souvenir de son séjour à Bender. C'est lors de son
séjour dans la principauté qu'il perdra sa fille aînée Anne.
À
la mort de Charles XII, en 1718, Stanislas et sa famille trouvent
refuge auprès du duc Léopold Ier de Lorraine,beau-frère
du régent, puis (mars 1719) après la médiation
réussie du baron Stanislas-Constantin de Meszek, à Wissembourg, en Alsace,
sur les terres du roi de France.
Il
loge d'abord au château Saint-Rémi puis dans un hôtel plus spacieux mis à sa
disposition par le bailli de Weber qui le tenait de son beau-père, le receveur
de l'ordre teutonique Jaeger (aujourd'hui maison de retraite). La famille vit
de manière modeste, grâce à une pension de 1 000 livres par semaine
octroyée par le Régent. Stanislas s'y
ennuie ferme, entouré d'un cercle de courtisans de plus en plus réduit. Son
entourage domestique se partage honneurs et titres de cour, désormais vides, et
ne cesse pourtant de se chamailler pour des questions de préséances.
C'est
par un hasard étonnant que le mariage de Louis XV avec sa fille chérie Marie Leszczyńska sort
la famille de son triste exil et propulse l'ancien roi déchu Stanislas sur la
scène européenne.
Pendant
ce temps,en France, à
la mort du Régent, Philippe d'Orléans,
le 2 décembre 1723, le duc de Bourbon (Monsieur
le Duc) obtint de Louis XV la charge de Premier ministre. Le Régent
avait prévu que Louis XV, qui allait sur ses treize
ans, épouserait une infante d'Espagne, alors âgée de six ans. Cette perspective
lointaine inquiétait fort le duc de Bourbon car, si Louis XV venait à disparaître avant de s'être marié et
d'avoir engendré un héritier mâle, la couronne reviendrait au fils du Régent,
le jeune duc d'Orléans.
Or il existait, entre les branches d'Orléans et de Condé de la maison de
Bourbon, une opposition apparemment irréductible. Monsieur le Duc,
devenu Premier ministre, eut donc une obsession : marier le Roi et lui
faire faire des enfants le plus vite possible. Un malaise dont fut pris le roi
en février 1725 le
convainquit de précipiter le mouvement : l'infante d'Espagne fut renvoyée
à Madrid et
un Conseil, tenu le31 mars 1725, examina les
différents partis possibles pour la remplacer.
Statue de Stanislas Leszczyński,Nancy
Après
avoir éliminé les princesses trop âgées ou trop jeunes ou celles qui étaient
liées aux Orléans (comme les filles de léopold Ier de Lorraine),
celles qui n'étaient pas catholiques ( orthodoxes comme la fille du tsar, calvinistes ou luthériennes comme
nombre de princesses allemandes), il ne resta aucune candidate.
Le duc de Bourbon tenta
de proposer une de ses sœurs mais la manœuvre, trop grossière, ne fit pas long
feu.
On
"repêcha" alors la princesse Marie, fille de Stanislas, roi détrôné
de Pologne, déjà âgée de 22 ans dont le premier ministre et surtout sa
maîtresse, la marquise de Prie, espéraient une reconnaissance éternelle qui leur assurerait la
conservation du pouvoir.
Monsieur le Duc,
qui était veuf depuis 1720 et
sans postérité, avait envisagé d'épouser lui-même la princesse polonaise et
avait fait un certain nombre d'avances en ce sens.
Lorsque
lui fut dépêché, en février 1725, le peintre Pierre Gobert pour
faire le portrait de la princesse Marie, Stanislas fut persuadé que ce projet
prenait forme. Aussi, quelle ne fut pas sa stupéfaction lorsque, le 2 avril, lundi de Pâques, un
courrier lui apporta un pli, cacheté du sceau du duc de Bourbon,
qui lui demandait sa fille en mariage au nom de Louis XV !
Marie Leszczyńska accepta
immédiatement la proposition qui lui était faite.
Le 27 mai, à son petit lever, Louis XV fit l'annonce officielle du mariage.
Le 4 juillet, la famille vint
s'installer à Strasbourg où,
le 15 août, le mariage fut célébré par procuration dans la cathédrale par le cardinal de Rohan,
grand aumônier de France et
évêque du diocèse.
Stanislas
et sa femme quittèrent Strasbourg le 22 septembre et
arrivèrent le 16 octobre au
château de Bourron, près de Fontainebleau, où ils retrouvèrent leur fille.
Le
lendemain, Louis XV vint leur rendre visite pour la première fois.
Stanislas
rendit cette visite le 17 à Fontainebleau et,
le 19,
il partit pour Chambord où il avait été décidé qu'il s'établirait,
plutôt qu'à Saint-Germain-en-Laye. Il y résida
jusqu'en 1733, venant incognito,
chaque automne rendre visite à sa fille. Il s'y adonne à la chasse tout en
méditant des projets de bibliothèque d'étude et d'académie qu'il mettra en
application une fois devenu duc de Lorraine.
Les
relations de Stanislas avec Louis XV furent généralement assez froides. En la
présence de son beau-père, Louis XV ressentait probablement assez durement qu'il
n'avait pas épousé la fille d'une des premières familles d'Europe. Néanmoins,
Stanislas était cultivé, spirituel, et s'intéressait aux sciences et aux
techniques, ce qui fournissait un sujet d'intérêt commun.
Le 1er novembre 1749, le Roi de Pologne
et Duc de Lorraine et Madame Infante tiennent
sur les fonts baptismaux la fille du Comte de Bragelone. (Source: Gazette de
France publié par Théophraste Renaudot)
Article détaillé : Guerre de Succession de Pologne.
La
mort d'Auguste II, roi de Pologne, survenue
le 1er février 1733, ouvrit une crise de succession. L'empereur romain germanique Charles VI et
la tsarine Anne se prononcèrent en faveur de l'électeur de Saxe, Auguste III, fils du roi défunt,
tandis qu'en France, mais aussi en Pologne, un important parti militait pour la
restauration de Stanislas. Le cardinal Fleury, qui n'avait guère
de sympathie pour cet hôte couteux qui ne rapportait rien au trésor, le laissa
partir secrètement pour la Pologne pendant qu'un sosie prenait ostensiblement
la mer àBrest sur
un navire français. Le 8 septembre 1733, Stanislas arriva à Varsovie et fut reconnu roi de Pologne et
grand-duc de Lituanie par
la diète dès le 12 septembre.
Les
adversaires de Stanislas avaient déjà commencé à prendre les armes.
Dès
son élection, la Russie envoya des troupes et, dès le 22 septembre, Stanislas dut se réfugier dans Dantzig (Gdańsk) pour y attendre de l'aide, pendant que le 5 octobre, Auguste III était proclamé roi à Varsovie sous la protection des armées russes.
Le 10 octobre, Louis XV, ne pouvant s'en prendre à
la Russie, difficile à atteindre, déclara la guerre à son allié, l'Empereur Charles VI .
Ce fut le début de la Guerre de Succession de Pologne.
Pour
éviter de s'aliéner les puissances neutres, le cardinal de Fleury se
garda bien d'envoyer des renforts à Stanislas, qui était assiégé dans Dantzig par
les troupes russes à partir de février 1734 et
soumis à un incessant pilonnage d'artillerie. Pour sauver les apparences, il se
borna à dépêcher quelques bateaux portant environ 2 000 hommes qui se
firent tailler en pièces au large de Dantzig à
la fin mai. Stanislas, dont la tête avait été mise à prix, dut s'évader sous un
déguisement le 27 juin aidé
par un espion de Louis XV, le Chevalier de Béla, et, après diverses
aventures, trouva refuge, le 3 juillet, en Prusse,
où Frédéric-Guillaume Ier l'accueillit
au château de Königsberg. Il s'y lia d’amitié avec le prince héritier Frédéric, qui deviendra Frédéric II de Prusse (1740), avec lequel il entretint une
abondante correspondance.
Charles VI se
trouvant dans une situation militaire délicate offrit à Louis XV de négocier un traité de paix. Le cardinal de Fleury y
vit l'opportunité de mettre enfin la main sur les duchés de Lorraine et de Bar qui,
quoique pris en tenaille par les possessions françaises (trois évêchés (Toul, Verdun , Metz, route d'Alsace), gênaient les
communications entre Paris et
l'Alsace,
le duc de Lorraine et
de Bar étant ouvertement favorable à l'Empereur dont il devait épouser la fille
aînée et héritière, Marie-Thérèse d'Autriche.
Après
des négociations difficiles, le duc de Lorraine refusant
d'abandonner ses sujets et son patrimoine, il fut convenu le 3 octobre1735, dans un accord appelé « les
Préliminaires de Vienne », que Stanislas recevrait en viager les duchés de Lorraine et de Bar qui
reviendraient à la France à sa mort, le duc de Lorraine François III (futur
Empereur François Ier)
recevant à titre de compensation le grand-duché de Toscane au décès du grand-duc régnant. François III, réticent mais contraint par
l'Empereur, signa le 24 septembre1736 l'acte
de cession du duché de Bar mais
attendit jusqu'au 13 février 1737 pour
renoncer au duché de Lorraine.
Entre-temps,
le 5 mai 1736, Stanislas avait
quitté Königsberg pour
s'installer le 4 juin au
château de Meudon.
Après
avoir abdiqué officiellement le trône de Pologne, le 30 septembre, il fut contraint par les ministres de Louis XV, de signer une déclaration
secrète, appelée « déclaration
de Meudon », par laquelle il déclarait ne pas vouloir se « charger des embarras des
arrangements qui regardent l'administration des finances et revenus des duchés
de Bar et de Lorraine » Stanislas
s'en remettait au roi de France, qui entrait en possession des duchés « dès maintenant et pour
toujours ».
En
compensation, Stanislas recevait une rente annuelle de 1 500 000
livres, qui serait portée à 2 millions au décès du grand-duc de Toscane.
Stanislas s'engageait à nommer « un
intendant de justice, police et finances ... ou autre personne sous tel titre et
dénomination qu'il sera jugé à propos, lequel sera choisi de concert avec S.M.
Très-Chrétienne. Ledit intendant ou autre exercera en notre nom le même pouvoir
et les mêmes fonctions que les intendants de province exercent en
France. » Stanislas
agréa, avec le titre de chancelier, le 18 janvier 1737, le beau-frère du contrôleur général Orry, Antoine-Martin Chaumont de La Galaizière, qui avait été proposé par le cardinal de Fleury.
Celui-ci prit possession au nom de Stanislas, le 8 février 1737 du duché de Bar et
le 21 mars de celui de Lorraine.
Stanislas
fut fraîchement accueilli par la population lorraine, très attachée à la
famille ducale, et que son intendant Chaumont de la Galaizière fut unanimement
haï et demeure un personnage à l'image noire dans la mémoire des Lorrains.
Le 30 mars à Versailles, Stanislas et sa femme prirent congé de Louis XV, et le roi vint leur
rendre visite le lendemain.
Le 1er avril,
Stanislas partit pour la Lorraine et
arriva dès le 3 avril à Lunéville que
la duchesse douairière (sœur du défunt régent) et ses filles, (que le duc de Bourbon avait
dédaignées), venaient de quitter pour Commercy dont
elle recevait la souveraineté en viager.
Stanislas
dut loger chez le prince de Craon, puisque François III était
parti avec l'ameublement de ses châteaux et que Louis XV n'avait pas pris soin de pourvoir son
beau-père.
La
reine Catherine le rejoignit le 13.
Le 25 mai et le 1er juin,
Stanislas promulgua les édits créant son Conseil d'État et son Conseil des
Finances et Commerce, sur des bases étroitement dérivées du système en vigueur
en France: il s'agissait, surtout, d'accoutumer les Lorrains à devenir français.
Stanislas
n'avait donc aucun réel pouvoir politique, mais néanmoins il n'est pas resté
inactif en Lorraine, en ce qui concerne notamment la fondation de la Bibliothèque Royale de Nancy, de la Société Royale des Sciences et Belles-lettres ou
encore de la Mission royale,
monuments...
Chaque
automne, Stanislas et sa femme rendaient visite à leur fille à Versailles. Trianon était
mis à leur disposition pendant la durée de leur séjour, mais ils ne faisaient
qu'y dormir et passaient le plus clair de leur temps au château.
À Nancy, Stanislas n'avait guère de pouvoir, mais
il jouissait de revenus confortables. Il voulut chercher à marquer l'histoire
en entretenant une cour brillante et en protégeant artistes et gens de lettres.
Il créa la Bibliothèque royale de Nancy, publique (1750), et la Société Royale des Sciences et Belles-lettres, qui prit bientôt le nom d'Académie de Nancy. Cette dernière devait à
la fois diffuser les connaissances, promouvoir
la langue française ainsi que
la tolérance religieuse et politique du siècle des Lumières.
Rappelons
que la Lorraine est un vrai état administratif bien avant le rattachement
définitif à la France. Le chancelier, représentant le souverain français, a
pris la tête de cette administration performante et y accomplit réformes et
ajustements. La langue de la haute justice et administration était le français,
mais les populations parlaient surtout une variété de dialectes lorrains1.
Favorable
à la liberté et à la séparation des pouvoirs, Stanislas, quoique profondément
croyant, se tint à l'écart des excès de tous les fanatismes, religieux ou
athées comme le montre son essai philosophique : L'Incrédulité combattue par le
simple bon sens (1760).
Dans
"ses" États, il mit en place des initiatives sociales en avance sur
son temps : écoles, hôpitaux, bibliothèques publiques, greniers
collectifs, secours aux plus démunis, etc. Il jeta même les bases d'une cité
idéale inspirée de ses propres réalisations dans l'Entretien d'un Européen
avec un insulaire du royaume de Dumocala (1752). Il signa « le Philosophe
bienfaisant » une série
d'essais philosophiques bien dans l'esprit des Lumières, comme Le combat de la volonté et de la
raison (1749).
Tombeau de Stanislas en l'église Notre-Dame de Bonsecours deNancy
Il
dota sa capitale, Nancy,
du magnifique ensemble édifié autour de l'actuelle place Stanislas par
l'architecte Emmanuel Héré: une grande place
oblongue, dite « place neuve de la Carrière », réunit la vieille
ville à la ville neuve. Elle communiquait avec la place Royale (aujourd'hui « place Stanislas »), créée en l'honneur de son gendre Louis XV. Inaugurée en novembre 1757, elle est entourée d'immeubles
magnifiques et close de grilles dorées, chefs d'œuvre de ferronnerie de Jean Lamour. Le centre de la place est occupé depuis 1831 par
une statue de Stanislas, qui a remplacé celle de Louis XV, enlevée sous la Révolution. Stanislas fit également
édifier l'église Notre-Dame de Bonsecours, l’hôtel des Missions Royales, les places d’Alliance et de la Carrière et
encore les portes Saint-Stanislas et Sainte-Catherine.
Stanislas
installa plusieurs résidences royales (Châteaux de Commercy, La Malgrange, Jolivet et Einville) et fit transformer
le château de Lunéville surnommé le Versailles lorrain.
Le parc fut entièrement réaménagé par l’architecte Emmanuel Héré qui orna les jardins de
« folies » : Kiosque d’inspiration turque, pavillon du Trèfle au
toit en forme de « chapeau chinois », maisonnettes ("les
Chartreuses"), théâtres de verdure, fontaines, pavillon de la Cascade,
pavillon de Chanteheux, et un Rocher qui mettait en mouvement des automates
dans un décor pastoral.
Stanislas,
âgé de quatre vingt neuf ans, mourut à Lunéville le 23 février 1766 au
terme d'une longue agonie, après s'être brûlé accidentellement devant la
cheminée de sa chambre. Il est inhumé à l'église Notre-Dame de Bonsecours, à Nancy.
Ses entrailles sont déposées, selon son vœux, dans un Cénotaphe au sein de l'église Saint-Jacques de Lunéville.
À
l'humble soubrette qui tâchait d'éteindre les flammes qui le consumaient, il
aurait dit ce mot bien digne d'un prince du xviiie siècle : « Qui eût
dit, madame, qu'un jour nous brûlerions des mêmes feux? »[réf. nécessaire]
Les
titres de Stanislas en 1763 :
« Stanislas,
par la grâce de Dieu, Roi de Pologne, Grand-Duc de Lituanie, Russie, Prusse,
Mazovie: Samogirle, Kiovie, Volhinie, Podlachie, Livonie, Smolensko, Sévérie,
Czernichovie, Duc de Lorraine et de Bar, Marquis de Pont-à-Mousson et de
Nomeny, Comte de Vaudemont, de Blamont, de Sarwerden, et de Salm. »
Son
décès permettait l'annexion de la Lorraine par le Royaume de France par la
création du Grand-gouvernement de Lorraine-et-Barrois.
§ Correspondance
de Stanislas Leszczynski avec Frédéric-Guillaume Ier et Frédéric II, publiée par Pierre Boyé, Paris-Nancy,
1906.
§ Entretien
d'un Européen avec un insulaire du royaume de Dumocala,
texte établi et annoté par Laurent Versini, Université de Nancy II, 1981.
§ Œuvres
du Philosophe bienfaisant, trois tomes, 1764.
§ Les
Opuscules inédits de Stanislas, présentés par Louis
Lacroix, Nancy, 1866.
§ Stanislas
Leszczynski, inédits, introduction de René Taveneaux, texte établi par Laurent Versini, Presses Universitaires de Nancy, 1984.
1. ↑ en
grande partie roman, c'est-à-dire de l'ancien-français, mais aussi germanique
de différentes origines comme le platt (francique) ou l'alsacien du nord
(alémanique rhénan). La solidarité lorraine a dès l'origine du duché dépassé
ces différences traditionnelles. Les familles du pays de Gaume en Belgique et
de la Sarre allemande qui connaissent l'histoire locale n'ignorent pas cet
attachement séculaire. Les clivages linguistiques ont été stigmatisées plus
tardivement par les acteurs nationalistes, de part et d'autre des frontières.
Wikimedia
Commons propose des documents multimédia libres surStanislas Leszczyński. |
§ André Rossinot, Stanislas : Le roi
philosophe. - La Flèche : Michel Lafon, 1999. - 302 p., 23,5 cm.
- (ISBN 2-84098-486-5)
§ Anne
Muratori-Philip, Stanislas
Leszczynski : Aventurier, philosophe et mécène des Lumières. - Paris : Robert Laffont, 2005. - 1018
p., 20 cm. - (ISBN 2-221-10091-3).
§ Frédéric Maguin et
Robert Florentin, Sur les pas
de Stanislas Leszczynski. – Nancy :
Éditions Koidneuf, 2005. – 62 p., 26 cm. – (ISBN 2-9515687-5-4). (Ouvrage plutôt centré, dans son sujet, sur
« Stanislas Leszczynski comme protecteur des beaux-arts en Lorraine »)