Sámo, un Franc, fut roi de Bohême des
environs de 623 à 658.
Le règne de Sámo est un moment identifié comme
fondateur dans l'Histoire de la Bohème et dans l'Histoire de la Slovaquie. Il reste toutefois
difficile de séparer le réel de la légende.
Selon le pseudo Frédégaire, Sámo est un Franc né
dans le Pagus Senonacus (région de Sens) qui commerçait
avec les tribus slaves. C'est un chef d'escorte militaire des caravanes de
marchands. Chaque année depuis la fin du Ve siècle, les Avars venaient
dans le pays des Slaves pour les piller. Ils y séjournaient tout l'hiver,
réduisant les Slaves en esclavage et prenaient leur épouses et leurs filles
comme concubines. Les Tchèques organisent en 620 leur défense,
prennent Sámo pour leur chef de guerre. Lorsque les Avars reviennent l'année
suivante, ils sont complètement vaincus.
Sámo décide de rester, devient païen comme ses compagnons de
combat. Avec eux il mène une vie de chef militaire au service des tribus
slaves, chargé d'organiser leur défense. Les tribus qui le reconnaissent pour prince sont en Moravie et
en Bohême, ayant peut-être comme extension
géographique la Slovaquie, la Basse-Autriche et la Carinthie. Les limites
territoriales de l'Empire de Sámo sont en réalité peu connues mais dépassaient
sans doute les frontières actuelles de la République Tchèque.
Sans doute les tribus versent au prince et à ses compagnies des
contributions, mais l'essentiel des ressources provient des pillages des pays
environnants.
Refusant de dédommager les marchands francs qu'il avait
dépouillés, Sámo est attaqué dans sa forteresse de Vogastisburg (la
localisation exacte de cette fortification n'est pas connue). C'est finalement
le roi Dagobert Ier qui est vaincu par Sámo en 631. Sámo aurait ainsi été à la tête d'une
union des troupes des tribus pendant 35 ans, protégeant avec succès ces peuples
des invasions étrangères.
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Deux personnages de la
chronique du pseudo-Frédégaire (viiie siècle).
Paris, Bibliothèque Nationale de France.
C'est une note marginale tardive du manuscrit 706 de la
Bibliothèque Municipale de Saint-Omer qui
donne le nom de Frédégaire,
utilisé dès lexvie siècle1, pour désigner
une compilation narrative relatant les événements allant de l'origine du monde
à l'année 660. L'édition de 1568, à Bâle, l'aurait
également nommée Frédégaire2. Le débat des
érudits continue pour déterminer le nombre des auteurs, leur origine
géographique, la structure originale de l'œuvre. Les dernières hypothèses
feraient de Frédégaire (dit aussi Pseudo-Frédégaire en raison de ces
incertitudes) un auteur unique d'origine bourguignonne mais qui aurait écrit en Austrasie vers 658-660. La Chronique de Frédégaire représente
l’un des rares documents écrits à l’époque des Mérovingiens.
Si le récit est centré sur les royaumes francs, il
fournit également des informations précieuses sur l'histoire de l'Italie (Lombards
et Ostrogoths, vraisemblablement), de l'Hispanie avec
le royaume wisigoth et même sur le monde byzantin.
Sommaire
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Le découpage qui suit, n’est en rien absolu car il n’existe aucune
certitude sur les auteurs, leurs sources et les périodes qu’ils ont couverts.
Cependant ce texte sert de référence, car son contenu est totalement corroboré
par d’autres documents, histoire byzantine, Liber pontificalis... Ce qui paraît
certain pour tous les historiens, c’est que Childebrand et son fils Nibelung en aient bien rédigé les dernières
parties.
On associe à cette chronique trois continuations successivement
ajoutées en 736, en 751 et
en 768.
La première reprend une version austrasienne du Liber Historiae Francorum prolongée jusqu'en 736.
La deuxième couvre la période allant de 736 à 751.
La troisième raconte les faits durant le règne de Pépin le Bref jusqu'à l'avènement de ses fils Carloman et Charlemagne en 768.
La chronique écrite vers 660, se compose de trente-trois paragraphes
(soit quatre livres). Les trois premiers livres, s'étendant jusqu'à l'année
561, ne sont que des listes chronologiques plus ou moins justes, inspirées par
le Liber Generationis d'Hippolyte de Rome (écrivain de la première moitié du IIIe siècle) auquel succèdent des
Chroniques d'Isidore de
Séville (560?-636), de Jérôme de
Stridon (347 ?-420)
et d'Hydatius.
Ces textes servent ici de référence, comme pour bon nombre d'autres ouvrages du Moyen Âge. Vient
ensuite, dans le quatrième livre2, un résumé des
livres I à IV de Dix livres
d'histoire de Grégoire de
Tours.
Puis débute enfin le travail du pseudo-Frédégaire (pseudo, car nul
n’est certain qu’il ait existé). Le cinquième livre est original, couvrant la
période de 584 à 6412.
La rédaction a été entamée par un ou deux auteurs, burgonde(s)
semble-t-il. Le premier a rédigé la période allant de 604 à 613. Le second a
ajouté des notes sur les années 614 à 624. De 625 à 642, la rédaction est plus
élaborée et se déroule en Austrasie (ce
qui pourrait faire penser à deux auteurs, un burgonde et le second austrasien,
ou à un seul ayant changé de résidence). Pour cette période, on sent que
l’auteur évoluait certainement à la Cour, obtenant des informations directes.
Le premier continuateur, est connu sous le nom de « Moine de
Laon », il vit très certainement en Austrasie et couvre les années allant
de 642 à 736. Il y intègre le Liber Historiae Francorum, chronique
rédigée à Saint-Denis ou à Rouen, en le modifiant. L’œuvre a
certainement été interrompue par le décès de son auteur. C'est dans cette
partie, concernant l'année 685, que l'on trouve la seule allusion
historique à Alpaïde mère de Charles Martel (685-741)
et de Childebrand (690-751).
Le texte (IV-172) nous dit exactement ceci : "(Pépin II) prit une
autre uxor nobilis et elegans (épouse noble et élégante), de qui il
eut un fils". Il n'existe aucun autre texte de cette époque, qui parle de
la naissance de Charles ou de sa mère. Ce n'est que bien plus tard,
qu'apparaîtront des textes évoquant les origines de la "seconde"
épouse.
Le second continuateur, est un grand personnage parfaitement
connu, le comte austrasien Childebrand, frère de Charles Martel. Pour
les années 736 à 751 qu’il
rédige ou dirige, le texte devient plus politique, exaltant les hauts faits des
membres de la famille qui détient le pouvoir et aspire au titre suprême.
Le troisième et dernier continuateur, n’est autre que Nibelung le
fils de Childebrand, qui poursuit l’œuvre de 751 à 768.
Une page de la chronique
du pseudo-Frédégaire. Paris, BNF.
Nous possédons de cette Chronique trente-quatre manuscrits, que
Krusch et Wallace-Hadrill groupent en cinq familles. L'original est perdu, mais
il en existe une copie en onciale faite vers la fin du même siècle par un moine
bourguignon du nom de Lucerius. Toutefois, la plupart des manuscrits sont des
copies austrasiennes faites vers la fin du huitième et vers le début du
neuvième siècle. Wallace-Hadrill a fondé sa traduction sur le texte du MS Paris
10910.
L' editio princeps fut publiée à Bâle en 1568 par Flacius Illyrius, qui
prit pour texte celui du MS Lat. 864 de la Bibliothèque Palatine de
l'Université de Heidelberg. La seconde édition publiée fut Antiquae Lectiones de Canisius à Ingolstadt en 1602. Freherus fut
le premier à appeler l'auteur "Frédégaire" dans son édition publiée à Hanovre en 16133.
1.
↑ Anonyme et non datée la note marginale du manuscrit de
Saint-Omer semble dater de la seconde moitié du XVIe siècle. La première
mention imprimée du nom de Frédégaire semble se trouver dans Claude Fauchet, Recueil des antiquitez gauloises et
françaises, imprimé chez Jacques du Puy, Paris, 1579. Léon Levillain,
« Compte-rendu de B. Krusch, Fredegarius
Scholasticus-Oudarius ? », Bibliothèque
de l'école des chartes, 89, 1928, p. 89-95 Lire
en ligne [archive]
2.
Ivan Gobry, Les premiers rois de France :
la dynastie des mérovingiens, collection « Documents
d'Histoire », éditions Tallandier , 1998, page 377.
3.
↑ Cette section sur la tradition manuscrite et les éditions
imprimées est traduite de la Wikipedia anglaise.